L’assemblée annuelle 2012 des actionnaires de Bombardier
Bombardier : Fernand Daoust invite à une réflexion sur le salaire des dirigeants
10 mai 2012
Martin Jolicoeur, Les Affaires
L’ex-syndicaliste, Fernand Daoust, a profité de l’assemblée annuelle de Bombardier ce matin, pour lancer un appel senti à une réflexion sur la question controversée de la rémunération des dirigeants d’entreprise.
« Je voudrais qu’ensemble, nous réfléchissions à l’égard de la rémunération exorbitante qu’on retrouve dans bien des secteurs économiques, ici comme ailleurs (…) et à l’égard de ces salaires honteusement élevés », a-t-il d’abord lancé d’un ton posé lors de la période réservée aux propositions d’actionnaires.
S’exprimant au nom du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), fondé par Yves Michaud, l’ex-directeur général, puis président de la FTQ jusqu’en 1993, a demandé aux actionnaires de se montrer sensible à la « tension sociale », à « l’incompréhension croissante de la société civile » devant les rémunérations toujours plus importantes de dirigeants d’entreprise.
Citant en exemple la rémunération annuelle totale de Pierre Beaudoin, le président et chef de la direction de Bombardier (8,2 M $ en 2011), M. Daoust a exposé qu’une telle somme revenait à un salaire de 20 000 $ par jour, à raison de six jours de travail par semaine. En comparaison, a-t-il poursuivi, un travailleur au salaire minimum mettra une année pour gagner sensiblement la même somme que le président de Bombardier fera en une seule journée.
« Ces rémunérations exorbitantes qu’on voit un peu partout commencent à provoquer un phénomène de désapprobation au sein de notre société. Il faut écouter ses bruits qui pourraient se manifester avec plus de force éventuellement et causer des tremblements que personne ne souhaite. »
Les commentaires de M. Daoust ont été suivis d’un vote à propos de trois propositions du MÉDAC, liées à la rémunération des dirigeants.
Une première proposait que les options d’achats d’actions puissent être exercées qu’après l’atteinte d’objectifs. Une deuxième suggérait que la rémunération des dirigeants soit modulée en fonction de la performance de l’entreprise. Et une troisième demandait plus d’informations sur les honoraires des conseillers en rémunération. Au terme d’un scrutin électronique, les trois propositions du MÉDAC a été rejetées en bloc par les actionnaires, dans une proportion respectivement de 97,8 %, 95,8 % et 98,4 %.
Lors d’un point de presse, offert après l’assemblée, le président Pierre Beaudoin a expliqué comprendre que les actionnaires souhaiteraient un meilleur rendement sur leurs investissements en Bourse et qu’il garde confiance que les investissements actuels se traduisent par des profits qui aideront le cours de l’action.
Quant à la rémunération des dirigeants, ce dernier a ajouté qu’une saine politique de rémunération permettait à l’entreprise de s’adjoindre les meilleurs éléments et, ainsi résister aux attaques de concurrents qui envieraient la position de tête de Bombardier.
L’assemblée annuelle 2012 des actionnaires de Bombardier
La rémunération des dirigeants de Bombardier critiquée
11 mai 2012
Marie Tison, La Presse
(Montréal) La rémunération « honteusement élevée » que reçoivent de hauts dirigeants, comme ceux de Bombardier (T.BBD.B), contribue au climat de tension qui règne dans la société depuis quelque temps.
C’est ce qu’a affirmé l’ancien syndicaliste Fernand Daoust, maintenant président du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), dans une intervention au cours de l’assemblée annuelle de Bombardier hier.
Il a fait remarquer qu’un haut dirigeant d’une société comme Bombardier pouvait gagner entre 20 000 $ et 25 000 $ par jour. Or, une personne au salaire minimum doit travailler un an pour gagner cette même somme.
« Ces rémunérations exorbitantes provoquent au sein de la population un phénomène de désapprobation, a déclaré M. Daoust. Il faut écouter les bruits de cette désapprobation, qui peuvent se manifester avec force et qui peuvent causer des tremblements que personne ne souhaite. »
En 2011, les hauts dirigeants de Bombardier ont touché une rémunération de 22 millions de dollars, dont 8,1 millions pour le président et chef de la direction Pierre Beaudoin. Au cours des trois dernières années, cette rémunération totale a augmenté de 90 %, alors que le bénéfice par action a diminué de 16 %.
Le MÉDAC a justement présenté une résolution qui permettrait de lier davantage la rémunération des hauts dirigeants à la performance financière de l’entreprise. Cette proposition n’a cependant reçu l’appui que de 4,2 % des votes exprimés hier.
Les actionnaires ont approuvé la politique de rémunération des dirigeants de Bombardier à hauteur de 98 %, dans le cadre d’un « vote consultatif » proposé par l’entreprise.
« C’est important d’avoir une politique de rémunération qui nous permette de mettre les meilleures personnes dans les postes, pour faire concurrence aux entreprises qui veulent être dans la position de Bombardier », a commenté M. Beaudoin à l’issue de l’assemblée.
Il a ajouté qu’il comprenait les actionnaires qui étaient déçus de la progression de l’action de Bombardier.
« Ce que nous devons faire, c’est de bien planifier la croissance à long terme et d’assurer l’augmentation de la productivité, a-t-il déclaré. Lorsque nous aurons le fruit de nos investissements, avec la livraison de nos nouveaux appareils et de nos nouveaux trains, les revenus vont augmenter, la rentabilité va suivre et, j’espère, la valeur de l’action. »
Hausse de 7,32 % de l’action
Le marché a semblé l’entendre : l’action de catégorie B de Bombardier a grimpé de 7,32 % pour clôturer à 3,96 $ à la Bourse de Toronto hier.
Le premier trimestre a pourtant été difficile pour Bombardier : les revenus ont chuté de 25,5 % pour se situer à 3,5 milliards US alors que le bénéfice net a subi une diminution de 13,6 % pour se fixer à 190 millions US, soit 10 cents US par action.
M. Beaudoin a affirmé que cette baisse de revenus était prévue. L’entreprise a temporairement ralenti les livraisons des luxueux avions d’affaires Global 5000 et 6000 parce qu’elle a fait la transition entre une version ancienne et une nouvelle version, dotée d’un nouveau poste de pilotage plus sophistiqué.
Bombardier a également ralenti la livraison d’avions commerciaux en raison d’une diminution de cadence, elle-même attribuable à une baisse des commandes. En outre, un client qui devait prendre livraison d’appareils a demandé un délai en raison d’un problème de financement. Le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, a affirmé que le client avait réglé le problème et que les livraisons devraient avoir lieu au deuxième trimestre.
La division aéronautique a fait valoir que le carnet de commandes avait augmenté de 5,9 % au cours du premier trimestre grâce à de nouvelles commandes en aviation d’affaires et en aviation commerciale.
Les revenus ont également baissé du côté de Bombardier Transport parce que certains contrats en Asie-Pacifique et en Europe sont venus à échéance et parce que de nouveaux contrats sont toujours en phase de démarrage.
M. Beaudoin s’est toutefois dit optimiste et confiant en ce qui concerne l’avenir.
« Les perspectives à plus long terme sont excellentes pour nos deux groupes car la mondialisation et l’urbanisation font aujourd’hui de la mobilité durable un enjeu prioritaire », a-t-il affirmé.
L’assemblée annuelle 2012 des actionnaires de Bombardier
Dénoncer les salaires — avec la langue
Commission unique des valeurs mobilières: la Nationale s’oppose
4 avril 2012
Martin Vallières, La Presse
(Montréal) Malgré son rejet en Cour suprême, le projet fédéral d’une commission unique de valeurs mobilières continue d’intéresser les hautes sphères du secteur bancaire au Canada, qui tentent de le relancer.
Mais après un long silence, la principale banque sous contrôle québécois, la Banque Nationale, a décidé de déclarer son opposition à ce projet et aux discussions de relance menées par l’Association des banquiers canadiens (ABC).
[…]
La Nationale s’oppose à la création d’une commission unique (Stéphane Rolland, lesaffaires.com) ›››
Les actionnaires de Citigroup refusent de voter la rémunération de leurs dirigeants
2012-04-18
Le Monde.fr avec AFP
Citigroup a annoncé lundi un bénéfice net meilleur qu’attendu, à 2,9 milliards de dollars, mais en baisse de 2 % sur un an pour le premier trimestre.
C’est un changement de paradigme qui semble prendre forme, petit à petit, dans le monde feutré des puissantes banques de Wall Street. Les actionnaires de la banque Citigroup ont en effet créé la surprise mardi 17 avril en refusant de valider le plan de rémunération des dirigeants lors de l’assemblée générale des actionnaires, qui se tenait à Dallas.
« Le conseil d’administration de Citi prend au sérieux le vote des actionnaires et, aux côtés des hauts responsables du groupe, va tenir des consultations avec les représentants des actionnaires pour comprendre leurs préoccupations », a commenté la banque dans un communiqué reçu par courriel.
Selon Bloomberg, 55 % des actionnaires ont voté contre le plan de rémunération ou se sont abstenus, sur les recommandations des cabinets de conseil ISS Proxy Advisory Services et Glass Lewis & Co.
ÉPINGLÉE LORS DES STRESS TESTS
Le conseil d’administration avait recommandé aux actionnaires de voter leur proposition d’une rémunération de 15 millions de dollars au total cette année pour Vikram Pandit, contre 1 dollar en 2010 et 128 751 dollars en 2009. John Gerspach, directeur financier, aurait dû pour sa part recevoir 7,2 millions de dollars au titre de l’année 2011 contre 4,7 millions en 2010 et 5 millions en 2009, tandis que les trois autres principaux dirigeants, le codirecteur du groupe de clients institutionnels John Havens, le directeur du risque Brian Leach et le directeur de la banque de détail Manuel Medina-Mora devaient toucher pour 2011 entre 11 et 13 millions de dollars chacun.
Citigroup a annoncé lundi un bénéfice net meilleur qu’attendu, à 2,9 milliards de dollars, mais en baisse de 2 % sur un an pour le premier trimestre. En cause, une charge de dépréciation de portefeuille de marché, avec un chiffre d’affaires inférieur aux prévisions des analystes. En mars, Citi avait été épinglée lors des derniers tests de résistance de la banque centrale américaine, qui lui avait interdit d’augmenter son dividende.
Lire « Citigroup, autrefois première banque du monde, n’a toujours pas digéré la crise »
Lors de l’assemblée générale mardi, les actionnaires ont par ailleurs validé la nomination du nouveau président du conseil d’administration, Michael O’Neill, 65 ans, ex-dirigeant de Barclays et de Bank of Hawaï, qui siégeait au CA depuis 2009. Il remplace Dick Parsons, dont le départ avait été annoncé début mars.
Source ›››, Canadian Business ›››, MSNBC ›››, Bloomberg ›››, New York Times ›››, Reuters ›››
Vive Yves Michaud!
Pour une critique raisonnable du capitalisme
5 avril 2012
Mathieu Bock-Côté, Le blogue de… (Journal de Montréal)
Yves Michaud est un homme indispensable. Pour sa croisade en faveur de la langue française, bien évidemment. Mais aussi pour la qualité du procès qu’il mène contre les dérives du capitalisme contemporain. Michaud nous rappelle régulièrement une chose : pour bien réguler le capitalisme, il faut d’abord le remoraliser. Le critiquer à la lumière d’une décence élémentaire qu’il ne semble plus respecter. Car avant d’être injuste, comme le disent les gens de gauche, il faut rappeler que le capitalisme mondialisé est devenu tout simplement indécent. Il heurte notre sens moral le plus élémentaire. C’est probablement pour cela que tant de gens se sont reconnus, d’une certaine manière, dans la révolte des Indignés, même s’ils se sentaient étrangers au folklore gauchiste qu’ils mettaient de l’avant.
Aujourd’hui, Yves Michaud est allé perturber, comme on dit, l’assemblée de la Banque nationale qui vient d’octroyer un salaire de 8,5 millions à son grand patron, Louis Vachon. L’augmentation est significative : l’année précédente, Vachon ne gagnait que 5,7 millions! Pauvre homme! Il fallait corriger cela! De toute urgence! Et significativement! On trouve ici un compte rendu de la journée. Mais comment justifier cette « correction » de la rémunération de ce monsieur? En référant à la mondialisation, bien évidemment. La Banque nationale veut jouer dans les grandes ligues du capitalisme et veut payer ses dirigeants en conséquence! Je cite la BN : « Les membres du Conseil ont jugé qu’il ne serait pas dans l’intérêt à long terme de la Banque, eu égard notamment à sa capacité d’attirer les meilleurs candidats, de maintenir la rémunération de son plus haut dirigeant au bas de l’échelle de son groupe de référence ».
Je traduis pour le commun des mortels : la nation n’est plus un espace de référence légitime. Ce n’est plus un espace qui fait sens, économiquement parlant. Jouer dans les grandes ligues mondialisées, cela veut dire ne plus se sentir exagérément bridé par la société québécoise. Michaud compare le salaire de Vachon à celui de Michael Sabia, qui dirige la Caisse de dépôt et à celui de Jean Charest, premier ministre du Québec. Et se demande comment expliquer la disproportion considérable entre le salaire du premier et celui des deux autres. Je retiens une chose : le capitalisme mondialisé fait perdre à ses acteurs le sens des proportions. C’est sa démesure qui l’amène à perdre le sens du long terme et à dissoudre la réalité dans la seule logique du profit qui trouve son pendant dans le consumérisme.
La crise de la mondialisation, actuellement, révèle justement les limites du capitalisme sans-frontières, nomadisé, oligarchique, qui neutralise les souverainetés nationales, marchandise les identités, liquéfie les tabous, déculture les élites et ravage la culture populaire à l’aide du marketing publicitaire. Lorsque le capitalisme ne se reconnaît plus de limites et marchandise l’intégralité de l’existence humaine, il déshumanise l’existence. J’ajouterais que le capitalisme mondialisé est bien infidèle à ses premiers théoriciens. Adam Smith ne se reconnaîtrait pas dans le monde contemporain, lui qui rappelait que l’économie de marché n’avait de sens qu’à l’intérieur d’une société ayant intériorisé de profondes règles morales irriguant ensuite la culture et les comportements individuels.
Cela ne veut pas dire qu’il faut sortir du capitalisme. Bien sûr que non. Nous ne connaissons pas de meilleur système pour créer de la richesse, pour favoriser l’innovation technologique et économique. Pour une raison simple : l’économie de marché contribue à la maximisation de la créativité individuelle en reconnaissant à chacun la maîtrise de son propre destin. Le capitalisme est un véritable libérateur des énergies collectives. Et nous savons depuis le 20e siècle où nous mènent les utopies collectivistes d’inspiration marxistes.
Mais cela veut dire que le capitalisme doit se réinscrire dans un univers de sens à échelle humaine. Un univers de sens qui respecte les peuples, qui respecte le politique, qui ne transgresse pas le sens commun, qui ne relativise pas exagérément la morale et qui ne constitue pas une oligarchie planétaire de dirigeants sans patrie ni culture, seulement obsédés par leur propre enrichissement. De ce point de vue, le capitalisme devra tôt ou tard s’affranchir de l’hypermondialisation et redécouvrir les exigences de ce qu’on appelle le nationalisme économique. C’est probablement en ce sens que plusieurs, aujourd’hui, ouvrent une réflexion sur la « démondialisation ». Pour utiliser un vocabulaire qui n’est plus celui de notre époque, je dirais qu’un bon capitaliste n’est pas d’abord un capitaliste, mais un citoyen enraciné.
Je pourrais résumer le tout bien simplement : c’est bien mal servir le capitalisme que de le défendre sans nuances. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas critiquer les dérives bureaucratiques de l’État-providence. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas être sévère envers les corporatismes technocratiques et syndicaux. Mais cela veut dire que cette critique doit être équilibrée, pour ne pas oublier que les dérives du marché planétaire ne valent guère mieux que les dérives de la social-démocratie tentaculaire. Ceux qui croient à l’économie de marché, et j’en suis, devraient être les premiers à dénoncer ses dérives.
L’Office d’investissement du régime de pension du Canada (OIRPC) @cppinvestments abandonne son objectif d’atteinte de la carboneutralité en 2050 (net zero), après seulement 3 ans, en l’annonçant dans la section FAQ de son site web. https://t.co/lxMT6ssnF1 https://t.co/1B2LZyT93y pic.twitter.com/ctU3MAF2rW
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 30, 2025
Des investisseurs institutionnels d’importance (950 milliard$ sous gestion) demandent que Musk travaille 40 h/sem. pour Tesla. Ils détiennent 0,25 % des actions de Tesla. https://t.co/ag87Tgkp7I
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
BlackRock parie sur l’intérêt des investisseurs pour le secteur de la défense (en Europe…) en constituant un FNB indiciel. https://t.co/QNey6GoRs2
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
« retirer des sommes de ses comptes de courtage imposables vers des [CELI] en générant ainsi artificiellement des pertes dans les premiers et des gains dans les seconds » — @lautorite https://t.co/gpPQdhi39s
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
« Le remplacement de Bruce Guerriero et de Daniel Rabinowicz est réclamé […] La suppression de la structure à deux catégories d’actions est aussi revendiquée » https://t.co/2C4FI4U2RX
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 23, 2025
Le nombre de propositions d’actionnaire concernant la gouvernance a diminué moins vite que les propositions d’actionnaire sur l’environnement, de 2018 à 2025, aux É.-U.-d’A., selon ISS. Dans l’ensemble, c’est un creux sur 8 ans. https://t.co/dAucnupAPw
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 23, 2025