Le mardi 15 mai 2012

Douche d’argent public à la Conférence de Montréal

15 mai 2012
Jean-François Cloutier, Argent

À l’heure où Québec peine à équilibrer ses comptes, au moins six organismes publics, une Ville et quatre ministères provinciaux et fédéraux ont mis l’épaule à la roue pour financer la Conférence de Montréal, un événement soutenu par Power Corporation qui réunit le gratin financier planétaire.

Une recension effectuée par Argent montre que le tiers des partenaires de l’événement, qui dure quatre jours, sont des organismes recevant des subsides de l’État ou des ministères. Le quart du budget total de la Conférence est financé par de l’argent public.

À Québec, les partenaires sont le ministère du Développement économique (66 000 $), le ministère des Affaires municipales (66 000 $) et le ministère des Relations internationales (66 000 $).

Au moment d’aller en ligne, Industrie Canada n’avait pas rappelé Argent pour chiffrer la contribution d’Ottawa à la Conférence et établir le nombre de ministères impliqués.

L’Autorité des marchés financiers (125 000 $), la Caisse de dépôt et placement du Québec (75 000 $), Investissement Québec (50 000 $), Exportation et Développement Canada (50 000 $), la Banque de développement du Canada (données non divulguées), Hydro-Québec (75 000 $), la Ville de Montréal (25 000 $) et Montréal International (10 000 $) ont aussi envoyé un chèque.

Tourisme Montréal, un organisme privé qui reçoit une aide financière des trois paliers gouvernementaux, n’a pas voulu divulguer le montant qu’il a octroyé. L’établissement d’enseignement HEC Montréal a aussi accordé une commandite de 10 000 $ à l’événement, dont des volets se déroulent aussi à Palm Beach, en Floride, et à Toronto.

L’édition 2012 de la Conférence de Montréal compte parmi ses conférenciers Alan Greenspan, président de la Fed de 1987 à 2006.

Gérard Mestrallet, le PDG du géant de l’énergie GDF-Suez, est aussi au nombre des conférenciers vedettes, tout comme l’économiste en chef de la firme de notation Moody’s, Mark Zandi.

Piratage de fonds publics

La générosité des organismes publics à l’endroit de la Conférence fait bondir le fondateur du MÉDAC, Yves Michaud. « C’est carrément du parasitage de fonds publics », a-t-il dénoncé.

M. Michaud soutient que ce genre d’événement ne génère que très peu de retombées concrètes au Québec, hormis pour ses organisateurs. « Si Power veut organiser un événement, qu’il le fasse avec son argent et qu’il évite de s’abreuver aux mamelles de l’État », a-t-il dit.

Le fondateur du MÉDAC souligne que l’appui de l’AMF à l’événement de quatre jours est cinq fois plus élevé que la subvention qu’il accorde au MÉDAC, qui intervient sur une foule de dossiers pendant toute l’année.

Le porte-parole de l’AMF, Sylvain Théberge, parle cependant d’une commandite qui fera « rayonner l’AMF ». « C’est notre apport pour soutenir un événement très prestigieux », a-t-il commenté.

En entrevue, le PDG de la Conférence, Nicholas Rémillard, fils de l’ex-ministre libéral Gil Rémillard, a défendu l’événement en soutenant que ses retombées pour le Québec étaient réelles, bien que difficiles à quantifier. Il a aussi mis de l’avant la pertinence des invités, dans un contexte de turbulences financières mondiales.

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