Bombardier sur le point d’obtenir son certificat de francisation

2012-05-11
Martin Jolicoeur, Les Affaires

Pierre Beaudoin, président et chef de la direction de Bombardier, a déclaré hier que le français au travail constituait pour lui une priorité.

Maintes fois pointée du doigt ces derniers mois sur la question de la langue de travail, Bombardier serait sur le point d’obtenir son certificat de francisation.

C’est ce que le président de Bombardier, Pierre Beaudoin, a annoncé hier au cours de son assemblée annuelle des actionnaires, au centre-ville de Montréal.

« Je peux vous assurer que le français est une priorité pour nous. On a mis beaucoup de temps à progresser. Mais nous avons redoublé d’efforts (…) [À tel point] qu’on a bonne confiance d’obtenir notre certificat prochainement. »

Cette déclaration du président aura été spontanément accueillie par le déclenchement inhabituel d’applaudissements d’une salle emplie d’actionnaires, jusque-là fort tranquilles.

L’ex-secrétaire général et président de la FTQ, Fernand Daoust, s’était exprimé plus tôt au nom du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), rappelant que 35 ans après l’adoption de la loi 101, Bombardier ne détenait toujours pas son certificat de francisation de l’Office québécois de la langue française (OQLF).

« C’est étrange qu’au Québec, la plupart des entreprises du domaine de l’aéronautique ne détiennent pas de certificat de francisation. Si une entreprise comme la vôtre décidait d’assumer un leadership [en la matière], ce serait extraordinaire. »

« De grâce, faites un petit pas et allez à l’Office québécois de la langue française », a-t-il supplié la direction, avant d’ajouter rêver de pouvoir dire un jour que Bombardier, qui excelle dans tous les domaines, est aussi sur la question du français un modèle à suivre.

Pierre Beaudoin a répondu que Bombardier avait déjà franchi huit des neuf étapes requises pour obtenir son certificat de francisation. Et qu’à ce rythme, l’obtention de ce certificat ne saurait tarder, sans pour autant pouvoir préciser une date.

Le petit-fils du fondateur J.Armand Bombardier a tenu à préciser que l’avionneur s’était récemment doté d’une politique en vertu de laquelle on favorise, à compétences égales, les employés bilingues pour des promotions. On offre aussi des cours de français aux employés qui ne maîtrisent pas la langue officielle du Québec.

Les éléments à améliorer requièrent à la fois des investissements et de la sensibilisation auprès des employés », avait écrit en décembre Hélène V. Gagnon, vice-présidente Bombardier Aéronautique, dans une lettre au quotidien La Presse.

Plus tôt, en décembre, La Presse révélait que 71 entreprises du Québec, dont Bombardier, bénéficiaient d’un statut particulier accordé par l’OQLF lorsque le contexte ne permet pas de généraliser l’utilisation du français sur les lieux du travail.

En 2006, Bombardier avait obtenu une exemption pour 2 454 employés de Bombardier Aéronautique. L’entreprise cherche aujourd’hui à ajouter 1 568 employés à cette exemption, ce qui porterait le nombre de postes exemptés chez Bombardier Aéronautique à plus de 4 000.

Joint par LesAffaires.com, le porte-parole de l’OQLF, Martin Bergeron, a expliqué pouvoir difficilement commenter les prétentions de Bombardier dans la mesure où l’obtention du certificat est fonction des efforts que l’entreprise déploiera pour se conformer aux exigences de la Charte de la langue française.

« Cela dit, a-t-il enchaîné, nous sentons à l’Office qu’il y a une volonté chez Bombardier de faire avancer ce dossier-là et nous avons une très, très bonne collaboration de l’entreprise. Ainsi, si l’entreprise met tout en oeuvre pour se conformer, elle sera sans doute capable d’obtenir son certificat. »

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