Comment les banques continuent à se goinfrer…
19 Janvier 2013
Laurent Neumann, Marianne
C’est la crise! Paraît-il… La crise et son cortège de plans sociaux. La crise et ses usines qui ferment. La crise et son chômage de masse. La crise et les impôts des classes moyennes qui augmentent, pour désendetter les États. La crise et les dépenses publiques qui baissent, pour éponger les erreurs du passé. La crise, oui, mais visiblement pas pour tout le monde!
Il est une catégorie d’acteurs économiques qui gagnent quand tout le monde gagne, et qui gagnent encore quand tout le monde perd : les banques. Les plus grands établissements financiers américains – ceux dont il ne fait plus aucun doute qu’ils sont à l’origine de la Grande Crise qui secoue les économies occidentales depuis 2007 – viennent de publier leurs comptes pour l’année 2012. Ils laissent pantois.
Accrochez-vous : Goldman Sachs, la banque symbole de toutes les dérives du capitalisme financier, celle qui a maquillé les comptes de la Grèce et inventé les produits financiers les plus dingues, a plus que doublé ses résultats : 7,3 milliards de dollars de profits nets! JP Morgan a fait encore mieux : 21,3 milliards de dollars de bénéfices! Le PDG de cette dernière, Jamie Dimon, s’est même octroyé un bonus personnel de 10 millions de dollars. À ce tarif-là, ce n’est plus un cadeau Bonux, c’est le jackpot du loto. Et un gros lot qui, en l’occurrence, tombe chaque année, crise ou pas crise.
Le plus incroyable, c’est que ces banques sont désormais censées évoluer dans un cadre réglementaire beaucoup plus strict (les fameuses lois Volcker et Dodd-Franck). Des contraintes dont elles n’ont d’ailleurs cessé de se plaindre. Il faut croire, à l’évidence, qu’elles ont l’effet du mercurochrome sur une jambe de bois.
Dans ce contexte, on attend avec impatience les résultats de nos grands établissements français*. Mais au moment où Bercy planche sur les nouvelles règles du jeu bancaire et semble hésiter à encadrer pour de bon leurs agissements, ces résultats himalayens des banques américaines devraient donner à réfléchir. Sans doute fallait-il sauver les banques en 2008. Mais à l’heure où les États sont surendettés et où l’on demande aux peuples toujours plus de sacrifices pour nous sortir de ce mauvais pas, le moment n’est-il pas venu d’imposer au monde de la finance des règles drastiques? Pour éviter que quelques-uns continuent à se goinfrer en toute impunité. Pour éviter surtout que les mêmes causes produisent à l’avenir les mêmes effets dévastateurs.
* P.-S. Même impatience au Québec et au Canada. Louis Vachon, président de la Banque nationale, s’est tartiné une rémunération de 8,5 millions en 2011, soit augmentation de 47 % sur son misérable salaire de l’année précédente de 5,7 millions. L’action de la Banque nationale s’est appréciée de 11,3 % de 2009 à 2012, une moyenne de 3,7 % par année. Selon l’ineffable André Caillé, membre du conseil d’administration, une rémunération adéquate (sic) des dirigeants 47 %, et 3,7 % pour les actionnaires est une garantie de performance pour les actionnaires!!!
* Commentaire de Yves Michaud, fondateur du MÉDAC
La Nationale profite de l’endettement du Québec
Première publication 8 janvier 2013 à 17h54
Jean-François Cloutier, Argent
Profitant de l’appétit du gouvernement du Québec pour l’endettement, la Banque Nationale est la championne de la vente de titres de dette obligataire publique au pays, une activité qui s’avère très payante, selon un expert.
D’après ce que rapporte l’agence Bloomberg, la Banque Nationale, sixième en taille au pays, a vendu en 2012 pour 25,5 G $ de dette en provenance des provinces, des villes et des agences gouvernementales.
Le fédéral vend lui-même sa dette en procédant à des enchères auprès de gros investisseurs.
Cela confère à la Banque Nationale 25,5 % du marché, comparativement à 25,1 % en 2011, et permet à la banque de devancer toutes les grandes banques, même la Banque Royale et la Banque TD, quand vient le temps de vendre des titres de dette gouvernementale.
Monopole
Un expert qui n’a pas voulu être nommé a expliqué que la Banque Nationale jouissait d’un quasi-monopole sur l’émission de titres de dette québécois, la province privilégiant des institutions « purement québécoises » pour ce genre de transactions.
L’information a été confirmée par Ronald Monet, porte-parole de la Banque de Montréal. Selon M. Monet, la décision de confier la quasi-totalité des émissions de dette québécoise à la Banque Nationale date d’une vingtaine d’années, à l’époque d’un gouvernement péquiste.
« Ça fait partie des choses que nous tentons de faire changer », a-t-il dit.
La porte-parole du Mouvement Desjardins, Nathalie Genest, a expliqué que le mouvement coopératif était absent de ce marché. « Nous ne vendons que des obligations d’épargne du Québec au détail », a-t-elle dit.
En 2012, le gouvernement du Québec a procédé à 24 émissions de dette obligataire avec la Nationale. La Nationale a aussi vendu de la dette pour le compte de Société canadienne d’hypothèque et logement et a participé à des émissions pour d’autres provinces comme l’Ontario et le Manitoba.
Joint en fin de journée, le directeur général pour les revenus fixes à la Nationale, Jason Stewart, a catégoriquement nié que la banque profitait d’un traitement de faveur du gouvernement, et a souligné que le Québec avait choisi la Nationale sur la base de critères commerciaux. « Le marché est très concurrentiel », a-t-il dit.
Lucratif
Malgré une situation financière difficile, la dette du Québec est jugée très attrayante auprès des investisseurs institutionnels, selon l’expert avec qui Argent s’est entretenu.
Le taux d’intérêt offert est plus élevé que celui de la plupart des autres obligations provinciales, et le risque est jugé moindre qu’avec plusieurs pays d’Europe.
« C’est pas comme la dette du Zimbabwe, où le banquier qui doit faire la vente doit faire beaucoup d’appels téléphoniques pour trouver un acheteur », a-t-il imagé.
Source ›››Un ménage s’impose dans les titres des conseillers financiers
9 janvier 2013
La Presse canadienne, Le Devoir
L’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) veut faire le ménage dans les titres utilisés par les conseillers financiers, qui sont souvent trompeurs pour les investisseurs.
Devant ce qu’il appelle lui-même la « prolifération » des titres d’emploi et des titres professionnels utilisés par les représentants en placement, l’OCRCVM a sondé ses membres et a consulté des investisseurs dans le cadre de groupes de discussion. L’organisme a appris qu’à peine 41 % des courtiers membres ont établi des procédures écrites concernant l’utilisation des titres. C’est ainsi que des conseillers peuvent porter le titre de « vice-président principal » même s’ils ne font aucunement partie de l’équipe de direction de leur cabinet!
Conseiller financier, conseiller en placement, consultant en finances personnelles, planificateur financier, conseiller en gestion de patrimoine, associé en gestion privée, spécialiste de la retraite, consultant pour les aînés : les titres utilisés sont nombreux et ne donnent souvent pas, à eux seuls, « une description satisfaisante du type de services et de produits de placement » qu’un représentant peut offrir à ses clients, constate l’OCRCVM dans une note publiée mardi.
De plus, il est difficile pour l’épargnant moyen — voire impossible — de savoir quelle est la formation requise pour qu’un conseiller soit autorisé à porter un titre plutôt qu’un autre. Dans certains cas, il s’agit de simples séminaires d’une fin de semaine ou de cours en ligne.
Pour remédier à la situation, l’OCRCVM propose à ses courtiers membres de mettre en place des politiques prévoyant des restrictions, des interdictions et des procédures d’approbation relativement à l’utilisation des titres. Pour « assurer une certaine cohérence », l’application de ces politiques devrait être centralisée, juge l’organisme. Reconnaissant que les divers titres utilisés « peuvent prêter à confusion », l’OCRCVM recommande également à ses membres d’assortir les titres d’emploi de leurs conseillers d’une « explication en langage simple » quant aux compétences réelles de ceux-ci.
Ces souhaits de l’OCRCVM, contenus dans une « note d’orientation », sont non contraignants pour les courtiers. L’organisme promet toutefois de surveiller de plus près la question des titres lors de ses examens de conformité périodiques. Il compte aussi publier un glossaire sur son site Web pour aider les investisseurs à y voir plus clair.
Source ›››Nationaliser des banques, pourquoi pas?
24 Décembre 2012
Jacques Julliard, Marianne
Dans une France qui prend conscience de son effondrement économique et diplomatique, il n’est plus temps de s’enfermer dans les querelles politiques. La seule priorité : agir pour le redressement industriel, social et moral du pays.
Et un homme à la mer, un! Accoudés au bastingage, leurs bouées de sauvetage à la main, les sauveteurs discutent avec passion : quel est donc cet homme? Est-il jeune ou vieux? Noir ou blanc? Rouge ou brun? Vert, peut-être? Pendant ce temps, le malheureux continue de se débattre. Mais les sauveteurs, absorbés par leur débat préalable, n’en ont cure et reprennent la question à la base : avant de sauver cet homme, il importe de savoir qui nous allons sauver. Et de quelle manière? Il serait contraire à toutes les traditions de la marine à voile de le sauver n’importe comment. Cependant, le naufragé continue de boire la tasse.
Ce naufragé, c’est la France. Depuis le printemps dernier, un fait politique domine tous les autres. Le changement à la tête de l’Etat? Vous n’y êtes pas. Le fait politique majeur, c’est que tous ou presque, dans ce pays, admettent désormais qu’il y a quelqu’un à la mer; c’est la prise de conscience brutale d’une tendance en cours depuis trente ans : l’effondrement économique et diplomatique de la France. Il y a peu encore, le discours « décliniste », façon Nicolas Baverez (La France qui tombe, 2003), suscitait le scepticisme, voire la moquerie. Aujourd’hui, ce pessimisme sur l’avenir du pays est le fond de sauce qui accompagne tous les plats que l’on nous sert. Il est vrai que les faits sont trop nombreux, trop flagrants, pour être niés en bloc.
En une vingtaine d’années, l’emploi industriel a diminué d’un tiers. Il ne représente plus désormais que de 12 à 13 % de l’ensemble des salariés. Voilà une donnée proprement effrayante, que l’on a longtemps cherché à escamoter derrière des bavardages sans contenu réel sur la « société postindustrielle » qui était censée être désormais la nôtre. Trente ans pendant lesquels tous les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, tous les présidents, qu’ils se nomment Mitterrand, Chirac ou Sarkozy, ont fait preuve de la même désinvolture, de la même insouciance. Sans y prendre garde, la France est devenue l’Angleterre, un pays qui a laissé filer son industrie, mais sans la City, c’est-à-dire un cache-misère bancaire à la désindustrialisation. Et lorsqu’un palmarès des personnages les plus puissants du monde, comme les Américains en raffolent en fin d’année, met Angela Merkel au deuxième rang derrière Barack Obama et rejette François Hollande à la 14e place, nous avons là l’expression symbolique de ce déclassement de la France, de cette perte du rang, de ce deuil de la grandeur, de ce naufrage de l’influence. Voilà pourquoi les Français n’ont plus tout à fait tort d’être encore plus pessimistes qu’ils ne le sont d’ordinaire, à un niveau qui n’a pas d’équivalent dans les pays industriels et qui ravale la France au niveau de l’Afghanistan.
A l’aune des licenciements et des fermetures d’entreprises qui tendent aujourd’hui à se multiplier, les Français réalisent que leur pays est en train de connaître un juin 40 étalé dans le temps, c’est-à-dire la débâcle de ce qui fut jadis une grande puissance industrielle. Et lorsqu’ils voient un Bernard Arnault et un Gérard Depardieu, le plus puissant de leurs hommes d’affaires et le plus célèbre de leurs comédiens, quitter le navire, ils comprennent qu’il ne s’agit pas seulement d’une « optimisation fiscale » : c’est l’exode s’ajoutant à la débâcle. Nous sommes entrés dans la France annoncée par Michel Houellebecq, celle d’un gigantesque parc d’attractions, vivotant de son tourisme et des oripeaux défraîchis de sa grandeur passée.
Pourquoi ces considérations? Parce qu’on ne peut les formuler sans en tirer les conséquences. Pour moi, les choses sont claires. A la question : êtes-vous socialiste dur, social-démocrate ou social-libéral?, je réponds que ce n’est pas aujourd’hui le problème; je suis pour le redressement français, qui n’est pas qu’industriel, mais aussi social et moral. A la question : êtes-vous pour ou contre François Hollande?, je réponds que je suis pour le redressement français. A la question : est-ce la faute à la gauche ou à la droite?, je réponds que cela m’est bien égal : je suis pour le redressement français. A la question : êtes-vous pour l’écologie ou pour l’expansion?, je réponds que je suis d’abord pour le redressement industriel. Or, je constate que si, dans leur grande majorité, mes compatriotes raisonnent comme moi, il n’en va pas de même de la classe politique tout entière, étendue aux journalistes et aux intellectuels, qui continuent de se livrer à leur sport favori : ils jouent à Fillon et Copé. Ou, si l’on préfère, à ce n’est pas moi, c’est lui.
Voyez ce qui s’est passé à propos d’ArcelorMittal. Face aux diverses issues possibles à cette crise, sauvegarde de l’emploi ou nationalisation temporaire, les intervenants ne se prononçaient jamais sur le coût et l’efficacité des solutions envisagées, mais toujours sur le positionnement idéologique de chacune d’entre elles. Pour s’affirmer de gauche, on se prononçait pour la nationalisation; pour soutenir le gouvernement, on se « contentait » de la sauvegarde de l’emploi; pour s’opposer à lui, on affirmait qu’en tout état de cause, c’était la faute de François Hollande. Le plus souvent, les arguments échangés ont atteint un niveau d’irresponsabilité et de puérilité qui fait douter de la capacité de la classe politique tout entière à mener à bien le redressement français. Nous sommes des nommeurs : nous estimons que nous avons assez contribué au débat national quand nous avons collé des étiquettes sur les différentes personnes et sur les différentes solutions. Ainsi, avoir choisi le seul maintien de l’emploi était pour beaucoup de citoyens de gauche la preuve irréfutable du caractère « social-libéral » du gouvernement Ayrault. CQFD.
Devant toute mesure économique, la question que posent les « augures » n’est pas de savoir si elle est efficace ou non, souhaitable ou non, la seule question qui vaille, en France, est de savoir si elle relève ou non de la « rigueur ». Devant un site touristique, les gens ne se demanderont plus bientôt s’il est beau ou non, mais s’il est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Depuis Louis XIV, l’étiquette désigne à la fois une appellation, un rituel et une préférence. Il est vain d’espérer que la France renoncera un jour à sa passion nationale : l’étiquetage. Qu’importe l’ivresse pourvu qu’on ait le flacon! Et quel beau débat national, comme on les aime, que celui qui continuera d’opposer les tenants du social-libéralisme, de la social-démocratie et du social-socialisme quand il n’y aura plus d’industrie, plus d’usines et plus d’ouvriers en France!
Lorsque, il y a trois ans, le 18 janvier 2010, je publiai dans Libération « 20 thèses pour repartir du pied gauche » qu’avait alors refusées le Nouvel Observateur, la question de la nationalisation se trouva au centre du débat que je soulevai. Elle suscita l’indignation ou l’ironie de la quasi-totalité de mes interlocuteurs de gauche, qui me taxèrent d’« archaïsme ». Je me permets de me citer, ne serait-ce que pour mesurer le chemin parcouru.
« 19. Le premier objectif du rassemblement populaire doit être la maîtrise du crédit, au moyen de la nationalisation, au moins partielle, du système bancaire, qui est à la source de la crise actuelle. Telles qu’elles fonctionnent actuellement, la plupart des banques ont déserté leur mission essentielle, à savoir la collecte des capitaux au service de l’expansion économique, au profit d’activités purement spéculatives et nuisibles. Le but de la nationalisation est de ramener le système bancaire à sa fonction productive. »
Cette position, qui est plus que jamais la mienne, me permet de répondre aux deux questions qui se sont posées en cette fin d’automne.
1. J’étais personnellement hostile à la nationalisation provisoire d’ArcelorMittal parce que la sidérurgie ne fait plus partie du secteur stratégique sur lequel l’Etat se doit de conserver un contrôle. Aurait-il fallu nationaliser la marine à voile au moment de l’apparition de la vapeur? La nationalisation des secteurs archaïques est la négation même de la mission qui incombe aujourd’hui à l’Etat : réorienter et redynamiser le secteur industriel. La nationalisation d’ArcelorMittal risquait d’entraîner le gouvernement dans le cercle infernal de la reprise des entreprises en faillite et des secteurs en perte de vitesse. En dépit d’une invraisemblable cacophonie, des stratégies personnelles et des promesses de bonimenteur, il a eu raison de s’en tenir à la défense des emplois. Mais il doit s’y tenir!
2. Pour la même raison, je désapprouve formellement la timidité, que dis-je, la capitulation de ce même gouvernement à l’égard du secteur bancaire. Il est non seulement en grave recul par rapport à ses promesses, mais, en renonçant à s’en donner les moyens financiers, il paraît renoncer à tout rôle stratégique à venir. On ne saurait oublier que la prospérité de la période gaullienne (les années 60) est due au lancement de grands programmes industriels : l’espace, les télécoms, le TGV, le nucléaire, l’aéronautique, le Plan calcul *. Seul ce dernier a échoué.
On peut comprendre la volonté de François Hollande de subordonner la relance sociale à la relance économique. Mais de relance économique, pour le moment, on n’en voit guère. Et de contrôle public du crédit, on n’en voit pas non plus. C’est là pourtant, François Hollande, que nous vous attendons. Sans surenchère, mais sans faiblesse. Car c’est là que se joue notre avenir — et le vôtre.
* La femme qui résiste, d’Anne Lauvergeon, Plon, 237 p., 20,50 €; et le commentaire de Bertrand Renouvin, dans Royaliste du 10 décembre 2012.
Près de 4 M $ pour trois dirigeants de la Banque Nationale
21 décembre 2012
Hugo Legris-Tremblay, Argent
La semaine dernière, trois hauts dirigeants de la Banque Nationale se sont partagé un magot de près de 4 M $ en exerçant des options d’achat d’actions.
Louis Vachon, président et chef de la direction de l’institution financière, a exercé le 10 décembre dernier près de 37 000 options d’achat d’action et les a revendues aussitôt. Il a ainsi encaissé un profit de 1,7 M $ lors de cette transaction. Le prix payé pour les options a été de 30,95 $ chacune alors qu’il les a revendues immédiatement sur le marché à un prix moyen de 76,85 $.
Luc Paiement, Coprésident et cochef de la direction, Financière Banque Nationale, s’est prévalu de son droit d’exercer 53 500 options lors de la journée du 12 décembre dernier. Le prix des options variant entre 34,87 $ et 53,85 $ alors que le cours boursier était d’environ 77 $, il a pu recevoir près de 1,4 M $.
C’est une transaction semblable qu’a effectuée John B. Cieslak, premier vice-président à la direction Technologie de l’information, entre le 10 et le 14 décembre dernier. En exerçant près de 33 000 options à des prix variant de 34,87 et 68,67, il a garni son compte bancaire de 800 000 $.
Au total, ce sont sept dirigeants de l’institution financière qui ont exercé des options d’achat lors de la semaine du 10 décembre dernier.
Bill Gates
Bill Gates poursuit son investissement dans les Chemins de fer nationaux du Canada (CNR.TO) en acquérant près de 615 500 actions de la compagnie ferroviaire par l’entremise du fonds d’investissement Cascades Investment LLC.
Il a ainsi déboursé un total de 55 M $ entre le 7 décembre et le 11 décembre dernier pour augmenter sa participation dans l’entreprise. Suite à cette transaction, Bill Gates détient par l’entremise de divers fonds d’investissement près de 12 % de la compagnie canadienne.
Le titre se transigeait vendredi tout près des 91 $ à la bourse de Toronto, soit en légère hausse par rapport au cours boursier de la veille.
Caisse
La Caisse de dépôt et placement du Québec s’est départie le 13 décembre dernier de près de 32 800 actions de catégorie B de l’entreprise Teck Resources (TCK.B), un important joueur du secteur minier canadien.
Après cette transaction d’une valeur de 1,16 M $, la participation de la Caisse dans l’entreprise est maintenant de 8 192 187 actions, soit 1,42 % du capital action total.
Amer café
21 décembre 2012
Christian Rioux, Le Devoir
Sur le site Internet des cafés Starbuck, on peut lire une longue profession de foi écologiste. La multinationale s’y engage à économiser l’énergie et à encourager le recyclage. On y apprend que la société finance des programmes d’alphabétisation aux États-Unis et au Canada. Elle aide aussi à éduquer les petits Chinois et les pays du tiers-monde à avoir accès à l’eau potable. Bref, tout le portrait de l’entreprise modèle. Dans cette floraison de bonnes intentions, il y a cependant un grand absent. La société créée à Seattle en 1971 a peut-être inventé le café à saveur « éthique », mais nulle part elle ne s’engage à… payer ses impôts.
Un rapport de la Commission des finances publiques de la Chambre des communes britannique s’est récemment chargé de rappeler cet « oubli » malencontreux aux bonnes âmes de la multinationale. Depuis 1998, sur un chiffre d’affaires de 4,8 milliards de dollars, la filiale britannique de Starbuck n’a payé que 13 millions de dollars d’impôts. Selon son directeur financier, la pauvre n’aurait pratiquement jamais fait de profits! Les communiqués de la compagnie destinés aux actionnaires n’ont pourtant cessé de vanter le succès des 725 cafés Starbuck de la Grande-Bretagne. Alors qu’en 2008 la filiale britannique affichait une perte de 41 millions de dollars, la multinationale offrait une promotion à son directeur afin qu’il fasse bénéficier la maison mère américaine de son extraordinaire « savoir-faire ».
Ces jours-ci, les Britanniques découvrent avec stupeur qu’une habile architecture financière permet depuis des années à l’entreprise de ne pas payer d’impôts. Il lui suffit, par exemple, de déduire les droits d’utilisation de la marque qu’elle paie à une vague filiale des Pays-Bas (technique autrement appelée Dutch sandwich). Ou d’acheter au prix fort son café en Suisse, pays réputé comme chacun sait pour ses luxuriantes plantations. Avec pour résultat que les profits se retrouvent dans l’un ou l’autre des paradis fiscaux où la multinationale du café a pignon sur rue.
L’amorce d’un mouvement de boycottage a poussé Starbuck à offrir de verser « volontairement » au fisc britannique 32 millions de dollars dans les deux prochaines années. Cette générosité soudaine ne parvient pourtant pas à faire oublier que les mêmes subterfuges, pourtant connus de tous, profitent à un grand nombre de multinationales.
Les stars du numérique semblent tout particulièrement faire preuve d’une créativité sans borne en la matière. La France réclame en effet 252 millions de dollars en arriérés d’impôts à Amazon, soupçonnée de déclarer ses profits au Luxembourg. Le fisc français a aussi perquisitionné le siège parisien de Facebook, qui ferait la même chose via l’Irlande. L’agence Bloomberg a calculé que d’habiles transferts de fonds, notamment aux Bermudes, avaient récemment permis à Google de réduire ses impôts de 2 milliards de dollars. En comparaison, l’exil fiscal de Gérard Depardieu en Belgique est une broutille.
En 2010, alors qu’il présidait le G8, Nicolas Sarkozy n’avait-il pas proclamé sur France 2 la fin des paradis fiscaux? De la poudre aux yeux, estiment aujourd’hui les experts. En France seulement, cette évasion concernerait près de 600 milliards d’euros et coûterait des milliards chaque année au fisc, selon le journaliste du quotidien La Croix Antoine Peillon (« Ces 600 milliards qui manquent à la France », Seuil).
Brigandage moderne
Malgré les hauts cris lancés de temps en temps, la plupart des États semblent avoir baissé les bras devant ce fléau. Seuls les États-Unis avaient mis le poing sur la table lors du scandale qui les opposa en 2009 à la banque suisse UBS.
Les pays les plus touchés par ce brigandage moderne sont évidemment ceux qui ont un impôt élevé et une protection sociale étendue. Les chantres du néolibéralisme s’en tirent à moindre coût et peuvent plus facilement se passer de frontières. Ce qui permet, par exemple, aux banques suisses et luxembourgeoises de vivre en parasites et de faire du maraudage auprès des grandes fortunes françaises.
L’abolition des frontières est une idée à la mode qu’on ose à peine critiquer par les temps qui courent. Aussi vertueuse soit-elle pour le commerce, cette idée depuis longtemps devenue un dogme ne peut que contribuer à la destruction de l’État et à l’effritement de la démocratie. En effet, il n’y a pas de démocratie sans un État capable de faire respecter ses lois partout sur son territoire. À moins que l’on dénie au peuple le droit de choisir lui-même son modèle social. Présenté comme la panacée universelle, l’État minimum n’est pourtant pas le seul garant de la croissance. L’exemple éloquent des pays du nord de l’Europe l’illustre amplement. Pour que ce choix demeure possible, il faut que les frontières soient respectées.
Une fois les États (et la démocratie) émasculés, les délinquants fiscaux auront beau jeu de mettre en scène leur altruisme en créant des œuvres de charité privées qui confondent allègrement générosité et publicité. À l’approche de Noël, la leçon est peut-être à retenir. La charité des entreprises sera toujours la bienvenue pour autant que celles-ci commencent par payer leurs impôts rubis sur l’ongle.
***
Avec la permission de l’auteur.
L’Office d’investissement du régime de pension du Canada (OIRPC) @cppinvestments abandonne son objectif d’atteinte de la carboneutralité en 2050 (net zero), après seulement 3 ans, en l’annonçant dans la section FAQ de son site web. https://t.co/lxMT6ssnF1 https://t.co/1B2LZyT93y pic.twitter.com/ctU3MAF2rW
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 30, 2025
Des investisseurs institutionnels d’importance (950 milliard$ sous gestion) demandent que Musk travaille 40 h/sem. pour Tesla. Ils détiennent 0,25 % des actions de Tesla. https://t.co/ag87Tgkp7I
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
BlackRock parie sur l’intérêt des investisseurs pour le secteur de la défense (en Europe…) en constituant un FNB indiciel. https://t.co/QNey6GoRs2
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
« retirer des sommes de ses comptes de courtage imposables vers des [CELI] en générant ainsi artificiellement des pertes dans les premiers et des gains dans les seconds » — @lautorite https://t.co/gpPQdhi39s
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
« Le remplacement de Bruce Guerriero et de Daniel Rabinowicz est réclamé […] La suppression de la structure à deux catégories d’actions est aussi revendiquée » https://t.co/2C4FI4U2RX
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 23, 2025
Le nombre de propositions d’actionnaire concernant la gouvernance a diminué moins vite que les propositions d’actionnaire sur l’environnement, de 2018 à 2025, aux É.-U.-d’A., selon ISS. Dans l’ensemble, c’est un creux sur 8 ans. https://t.co/dAucnupAPw
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 23, 2025