La prison pour les banquiers?
28 janvier 2013
Léo-Paul Lauzon
Cette recommandation pragmatique et pleine de gros bon sens nous permettait une fois pour toutes de faire le grand ménage et de nous extirper de notre immobilisme notoire provoqué par la peur du changement et du chantage. Cette solution ne vient pas de moi, mais des centaines de milliers de personnes qui sont descendues récemment dans la rue en Europe. Ces millions de personnes, comme ici en Amérique du Nord, doivent faire les frais des politiques d’austérité, découlant de la crise financière, même si elles n’en sont pas responsables. En outre, « Nous avons la solution : les banquiers en prison » (Le Devoir, 15 novembre 2012).
Certains voudraient la prison à vie pour les banquiers et d’autres gens d’affaires ainsi que leurs élus inféodés. Vous le savez fort bien, je suis un modéré. J’ai horreur des radicaux et des extrémistes. Comme je suis un bomme de compromis, de consensus et de concertation (il y a les PPP, moi dans mon cas ce sont les CCC), je les enverrais en prison pour un séjour (qu’ils auraient à défrayer, évidemment, en appliquant le principe de l’utilisateur-payeur) variant entre trois et dix ans. Faut leur donner une chance de se réhabiliter et faut faire preuve de tolérance et de miséricorde.
Brièvement, je vais vous expliquer pourquoi la place des banquiers serait en prison. Pas question qu’ils servent leur peine dans la communauté. Même si je suis un gars plein de retenue là-dessus, je suis intraitable. La prison et vite en plus de ça.
Profits records continuels des banques même en temps de crise
Le Journal de Montréal du 7 décembre 2007 titrait : « Crise ou pas, encore des profits records pour les banques… 19,5 milliards $ ». Même à ça, elles ont poussé le mépris jusqu’à dire : « L’explosion des profits n’annonce pas la fin de la crise » (Le Devoir, 4 septembre 2010). Crise pour qui au juste?
Puis, les profits ont continué à exploser jusqu’à : « Des profits records de 30 milliards $. 2012 a été bonne pour les banques canadiennes » (Le Devoir, 8 décembre 2012). Une bonne année 2012 pour les banques et leurs dirigeants, mais moins bonne pour les travailleurs ordinaires. Durant la crise financière qui a coûté des millions d’emplois et occasionné des milliards de pertes pour les caisses de retraite, les gouvernements ont voté des politiques restrictives et ont, au même moment : « Crise financière. Les banques canadiennes ont reçu des milliards en aide des gouvernements » (La Presse, 1er mai 2012)… pendant que la population subissait des hausses d’impôts et de taxes qui servaient à financer les banques.
Attention : les banques canadiennes réalisent des profits records pas parce qu’elles excellent, mais tout simplement parce qu’elles vous arnaquent du fait qu’elles forment un « oligopole confortable » selon la revue internationale The Economist (Les Affaires, 22 mai 2010).
Banquiers et actionnaires se paient la traite
40 milliards $ de profits nets en 2012 et : « 10 milliards $ en bonis salariaux » aux bonzes des banques (La Presse, 11 décembre 2012). Et puis, il y a eu plein d’articles nous annonçant des nouvelles réjouissantes pour les actionnaires comme celle-ci : « Banques. De meilleurs dividendes en vue » (27 août 2012) et « Trois autres banques haussent leur dividende » (31 août 2012). Pendant ce temps, à cause de la crise financière, la lumineuse présidente de la Banque Desjardins, madame Monique Leroux a dit : « Des gens devront revoir leur projet de retraite » (Journal de Montréal, 3 octobre 2008). Des gens ordinaires s’entend. Mettons cette remarquer sur le compte de l’innocence, tout comme ces propos insultants des dirigeants de la Banque Toronto-Dominion pendant qu’eux se la coulaient douce : « Les Québécois devront faire des sacrifices » (La Presse, 2 septembre 2009).
Puis il y a eu cette remarque tellement insignifiante : « les banques confiantes face à l’avenir » (La Presse, 17 septembre 2009). Comment pourrait-il en être autrement?
Les banques dans les paradis fiscaux
De 2004 à 2009, les six grandes banques canadiennes ont détourné dans leurs filiales logées dans des paradis fiscaux pour 10 milliards $ d’impôts. Pas 10 milliards $ de revenus, mais 10 milliards $ d’impôts qu’elles auraient dû verser ici au pays. Ça explique en partie leurs profits titanesques. Et cette évasion fiscale pratiquée par les banques elles-mêmes exclut les milliards qu’elles ont fait transiter à leurs clients dans les paradis fiscaux. Elles ne peuvent contester ces chiffres, nous les avons recueillis dans leur propre rapport annuel. Voir à cette notre étude publiée en mai 2010 et intitulée : « Les banques canadiennes en temps de crise ». Pendant ce temps, les politiciens taxent et coupent les revenus publics de la population.
Le Canada un paradis fiscal pour les banques, mais elles demandent d’autres baisses d’impôts
Voici quelques titres d’articles révélateurs sur la fiscalité des entreprises canadiennes : « Des taux d’imposition parmi les plus bas au monde » (5 mars 2010). « Le Canada, paradis fiscal des entreprises » (29 juillet 2008). « Compétitivité fiscale. Le Canada est devancé par l’Inde seulement » (26 septembre 2012). Mais les banques en redemandent : « Les banques canadiennes veulent un assouplissement du régime fiscal » (16 août 2011).
Même si elles paient peu d’impôts au Québec et au Canada, peu c’est trop pour elles. Ce qui serait mieux pour elles, c’est zéro impôt, un point c’est tout.
Jacques Ménard de la Banque de Montréal, un philanthrope?
Jean-Philippe Décarie chroniqueur à La Presse, toujours égal à lui-même, a pondu une autre chronique incroyablement incroyable le 1er septembre 2012 intitulée : « Jacques Ménard. Philanthrope et engagé convaincu » avec en prime une belle grosse photo de la prima dona. Ben oui, tout le monde sait, ou devrait savoir, que de nos jours, sont philanthropes et engagés convaincus ceux qui sont des abonnés à l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux; ceux qui se font payer leur grosse rémunération en stock options pour esquiver l’impôt; ceux qui chargent des taux d’intérêt shylockiens sur leurs cartes de crédit; ceux qui favorisent les pensions de retraite privatisées aux institutions financières; ceux qui militent pour plus d’abris fiscaux pour les riches; ceux qui sont favorables à la santé privée, aux hausses des frais de scolarité à l’université et à la sous-traitance et ceux qui s’en prennent aux syndicats, comme dans : « Jacques Ménard enjoint aux syndicats (pas les banques) de réformer l’État. Les droits acquis ralentissent et bloquent tout changement » (Le Devoir, 1er mars 2011). Vraiment pathétique.
Comment les banques continuent à se goinfrer…
19 Janvier 2013
Laurent Neumann, Marianne
C’est la crise! Paraît-il… La crise et son cortège de plans sociaux. La crise et ses usines qui ferment. La crise et son chômage de masse. La crise et les impôts des classes moyennes qui augmentent, pour désendetter les États. La crise et les dépenses publiques qui baissent, pour éponger les erreurs du passé. La crise, oui, mais visiblement pas pour tout le monde!
Il est une catégorie d’acteurs économiques qui gagnent quand tout le monde gagne, et qui gagnent encore quand tout le monde perd : les banques. Les plus grands établissements financiers américains – ceux dont il ne fait plus aucun doute qu’ils sont à l’origine de la Grande Crise qui secoue les économies occidentales depuis 2007 – viennent de publier leurs comptes pour l’année 2012. Ils laissent pantois.
Accrochez-vous : Goldman Sachs, la banque symbole de toutes les dérives du capitalisme financier, celle qui a maquillé les comptes de la Grèce et inventé les produits financiers les plus dingues, a plus que doublé ses résultats : 7,3 milliards de dollars de profits nets! JP Morgan a fait encore mieux : 21,3 milliards de dollars de bénéfices! Le PDG de cette dernière, Jamie Dimon, s’est même octroyé un bonus personnel de 10 millions de dollars. À ce tarif-là, ce n’est plus un cadeau Bonux, c’est le jackpot du loto. Et un gros lot qui, en l’occurrence, tombe chaque année, crise ou pas crise.
Le plus incroyable, c’est que ces banques sont désormais censées évoluer dans un cadre réglementaire beaucoup plus strict (les fameuses lois Volcker et Dodd-Franck). Des contraintes dont elles n’ont d’ailleurs cessé de se plaindre. Il faut croire, à l’évidence, qu’elles ont l’effet du mercurochrome sur une jambe de bois.
Dans ce contexte, on attend avec impatience les résultats de nos grands établissements français*. Mais au moment où Bercy planche sur les nouvelles règles du jeu bancaire et semble hésiter à encadrer pour de bon leurs agissements, ces résultats himalayens des banques américaines devraient donner à réfléchir. Sans doute fallait-il sauver les banques en 2008. Mais à l’heure où les États sont surendettés et où l’on demande aux peuples toujours plus de sacrifices pour nous sortir de ce mauvais pas, le moment n’est-il pas venu d’imposer au monde de la finance des règles drastiques? Pour éviter que quelques-uns continuent à se goinfrer en toute impunité. Pour éviter surtout que les mêmes causes produisent à l’avenir les mêmes effets dévastateurs.
* P.-S. Même impatience au Québec et au Canada. Louis Vachon, président de la Banque nationale, s’est tartiné une rémunération de 8,5 millions en 2011, soit augmentation de 47 % sur son misérable salaire de l’année précédente de 5,7 millions. L’action de la Banque nationale s’est appréciée de 11,3 % de 2009 à 2012, une moyenne de 3,7 % par année. Selon l’ineffable André Caillé, membre du conseil d’administration, une rémunération adéquate (sic) des dirigeants 47 %, et 3,7 % pour les actionnaires est une garantie de performance pour les actionnaires!!!
* Commentaire de Yves Michaud, fondateur du MÉDAC
La Nationale profite de l’endettement du Québec
Première publication 8 janvier 2013 à 17h54
Jean-François Cloutier, Argent
Profitant de l’appétit du gouvernement du Québec pour l’endettement, la Banque Nationale est la championne de la vente de titres de dette obligataire publique au pays, une activité qui s’avère très payante, selon un expert.
D’après ce que rapporte l’agence Bloomberg, la Banque Nationale, sixième en taille au pays, a vendu en 2012 pour 25,5 G $ de dette en provenance des provinces, des villes et des agences gouvernementales.
Le fédéral vend lui-même sa dette en procédant à des enchères auprès de gros investisseurs.
Cela confère à la Banque Nationale 25,5 % du marché, comparativement à 25,1 % en 2011, et permet à la banque de devancer toutes les grandes banques, même la Banque Royale et la Banque TD, quand vient le temps de vendre des titres de dette gouvernementale.
Monopole
Un expert qui n’a pas voulu être nommé a expliqué que la Banque Nationale jouissait d’un quasi-monopole sur l’émission de titres de dette québécois, la province privilégiant des institutions « purement québécoises » pour ce genre de transactions.
L’information a été confirmée par Ronald Monet, porte-parole de la Banque de Montréal. Selon M. Monet, la décision de confier la quasi-totalité des émissions de dette québécoise à la Banque Nationale date d’une vingtaine d’années, à l’époque d’un gouvernement péquiste.
« Ça fait partie des choses que nous tentons de faire changer », a-t-il dit.
La porte-parole du Mouvement Desjardins, Nathalie Genest, a expliqué que le mouvement coopératif était absent de ce marché. « Nous ne vendons que des obligations d’épargne du Québec au détail », a-t-elle dit.
En 2012, le gouvernement du Québec a procédé à 24 émissions de dette obligataire avec la Nationale. La Nationale a aussi vendu de la dette pour le compte de Société canadienne d’hypothèque et logement et a participé à des émissions pour d’autres provinces comme l’Ontario et le Manitoba.
Joint en fin de journée, le directeur général pour les revenus fixes à la Nationale, Jason Stewart, a catégoriquement nié que la banque profitait d’un traitement de faveur du gouvernement, et a souligné que le Québec avait choisi la Nationale sur la base de critères commerciaux. « Le marché est très concurrentiel », a-t-il dit.
Lucratif
Malgré une situation financière difficile, la dette du Québec est jugée très attrayante auprès des investisseurs institutionnels, selon l’expert avec qui Argent s’est entretenu.
Le taux d’intérêt offert est plus élevé que celui de la plupart des autres obligations provinciales, et le risque est jugé moindre qu’avec plusieurs pays d’Europe.
« C’est pas comme la dette du Zimbabwe, où le banquier qui doit faire la vente doit faire beaucoup d’appels téléphoniques pour trouver un acheteur », a-t-il imagé.
Source ›››Un ménage s’impose dans les titres des conseillers financiers
9 janvier 2013
La Presse canadienne, Le Devoir
L’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) veut faire le ménage dans les titres utilisés par les conseillers financiers, qui sont souvent trompeurs pour les investisseurs.
Devant ce qu’il appelle lui-même la « prolifération » des titres d’emploi et des titres professionnels utilisés par les représentants en placement, l’OCRCVM a sondé ses membres et a consulté des investisseurs dans le cadre de groupes de discussion. L’organisme a appris qu’à peine 41 % des courtiers membres ont établi des procédures écrites concernant l’utilisation des titres. C’est ainsi que des conseillers peuvent porter le titre de « vice-président principal » même s’ils ne font aucunement partie de l’équipe de direction de leur cabinet!
Conseiller financier, conseiller en placement, consultant en finances personnelles, planificateur financier, conseiller en gestion de patrimoine, associé en gestion privée, spécialiste de la retraite, consultant pour les aînés : les titres utilisés sont nombreux et ne donnent souvent pas, à eux seuls, « une description satisfaisante du type de services et de produits de placement » qu’un représentant peut offrir à ses clients, constate l’OCRCVM dans une note publiée mardi.
De plus, il est difficile pour l’épargnant moyen — voire impossible — de savoir quelle est la formation requise pour qu’un conseiller soit autorisé à porter un titre plutôt qu’un autre. Dans certains cas, il s’agit de simples séminaires d’une fin de semaine ou de cours en ligne.
Pour remédier à la situation, l’OCRCVM propose à ses courtiers membres de mettre en place des politiques prévoyant des restrictions, des interdictions et des procédures d’approbation relativement à l’utilisation des titres. Pour « assurer une certaine cohérence », l’application de ces politiques devrait être centralisée, juge l’organisme. Reconnaissant que les divers titres utilisés « peuvent prêter à confusion », l’OCRCVM recommande également à ses membres d’assortir les titres d’emploi de leurs conseillers d’une « explication en langage simple » quant aux compétences réelles de ceux-ci.
Ces souhaits de l’OCRCVM, contenus dans une « note d’orientation », sont non contraignants pour les courtiers. L’organisme promet toutefois de surveiller de plus près la question des titres lors de ses examens de conformité périodiques. Il compte aussi publier un glossaire sur son site Web pour aider les investisseurs à y voir plus clair.
Source ›››Nationaliser des banques, pourquoi pas?
24 Décembre 2012
Jacques Julliard, Marianne
Dans une France qui prend conscience de son effondrement économique et diplomatique, il n’est plus temps de s’enfermer dans les querelles politiques. La seule priorité : agir pour le redressement industriel, social et moral du pays.
Et un homme à la mer, un! Accoudés au bastingage, leurs bouées de sauvetage à la main, les sauveteurs discutent avec passion : quel est donc cet homme? Est-il jeune ou vieux? Noir ou blanc? Rouge ou brun? Vert, peut-être? Pendant ce temps, le malheureux continue de se débattre. Mais les sauveteurs, absorbés par leur débat préalable, n’en ont cure et reprennent la question à la base : avant de sauver cet homme, il importe de savoir qui nous allons sauver. Et de quelle manière? Il serait contraire à toutes les traditions de la marine à voile de le sauver n’importe comment. Cependant, le naufragé continue de boire la tasse.
Ce naufragé, c’est la France. Depuis le printemps dernier, un fait politique domine tous les autres. Le changement à la tête de l’Etat? Vous n’y êtes pas. Le fait politique majeur, c’est que tous ou presque, dans ce pays, admettent désormais qu’il y a quelqu’un à la mer; c’est la prise de conscience brutale d’une tendance en cours depuis trente ans : l’effondrement économique et diplomatique de la France. Il y a peu encore, le discours « décliniste », façon Nicolas Baverez (La France qui tombe, 2003), suscitait le scepticisme, voire la moquerie. Aujourd’hui, ce pessimisme sur l’avenir du pays est le fond de sauce qui accompagne tous les plats que l’on nous sert. Il est vrai que les faits sont trop nombreux, trop flagrants, pour être niés en bloc.
En une vingtaine d’années, l’emploi industriel a diminué d’un tiers. Il ne représente plus désormais que de 12 à 13 % de l’ensemble des salariés. Voilà une donnée proprement effrayante, que l’on a longtemps cherché à escamoter derrière des bavardages sans contenu réel sur la « société postindustrielle » qui était censée être désormais la nôtre. Trente ans pendant lesquels tous les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, tous les présidents, qu’ils se nomment Mitterrand, Chirac ou Sarkozy, ont fait preuve de la même désinvolture, de la même insouciance. Sans y prendre garde, la France est devenue l’Angleterre, un pays qui a laissé filer son industrie, mais sans la City, c’est-à-dire un cache-misère bancaire à la désindustrialisation. Et lorsqu’un palmarès des personnages les plus puissants du monde, comme les Américains en raffolent en fin d’année, met Angela Merkel au deuxième rang derrière Barack Obama et rejette François Hollande à la 14e place, nous avons là l’expression symbolique de ce déclassement de la France, de cette perte du rang, de ce deuil de la grandeur, de ce naufrage de l’influence. Voilà pourquoi les Français n’ont plus tout à fait tort d’être encore plus pessimistes qu’ils ne le sont d’ordinaire, à un niveau qui n’a pas d’équivalent dans les pays industriels et qui ravale la France au niveau de l’Afghanistan.
A l’aune des licenciements et des fermetures d’entreprises qui tendent aujourd’hui à se multiplier, les Français réalisent que leur pays est en train de connaître un juin 40 étalé dans le temps, c’est-à-dire la débâcle de ce qui fut jadis une grande puissance industrielle. Et lorsqu’ils voient un Bernard Arnault et un Gérard Depardieu, le plus puissant de leurs hommes d’affaires et le plus célèbre de leurs comédiens, quitter le navire, ils comprennent qu’il ne s’agit pas seulement d’une « optimisation fiscale » : c’est l’exode s’ajoutant à la débâcle. Nous sommes entrés dans la France annoncée par Michel Houellebecq, celle d’un gigantesque parc d’attractions, vivotant de son tourisme et des oripeaux défraîchis de sa grandeur passée.
Pourquoi ces considérations? Parce qu’on ne peut les formuler sans en tirer les conséquences. Pour moi, les choses sont claires. A la question : êtes-vous socialiste dur, social-démocrate ou social-libéral?, je réponds que ce n’est pas aujourd’hui le problème; je suis pour le redressement français, qui n’est pas qu’industriel, mais aussi social et moral. A la question : êtes-vous pour ou contre François Hollande?, je réponds que je suis pour le redressement français. A la question : est-ce la faute à la gauche ou à la droite?, je réponds que cela m’est bien égal : je suis pour le redressement français. A la question : êtes-vous pour l’écologie ou pour l’expansion?, je réponds que je suis d’abord pour le redressement industriel. Or, je constate que si, dans leur grande majorité, mes compatriotes raisonnent comme moi, il n’en va pas de même de la classe politique tout entière, étendue aux journalistes et aux intellectuels, qui continuent de se livrer à leur sport favori : ils jouent à Fillon et Copé. Ou, si l’on préfère, à ce n’est pas moi, c’est lui.
Voyez ce qui s’est passé à propos d’ArcelorMittal. Face aux diverses issues possibles à cette crise, sauvegarde de l’emploi ou nationalisation temporaire, les intervenants ne se prononçaient jamais sur le coût et l’efficacité des solutions envisagées, mais toujours sur le positionnement idéologique de chacune d’entre elles. Pour s’affirmer de gauche, on se prononçait pour la nationalisation; pour soutenir le gouvernement, on se « contentait » de la sauvegarde de l’emploi; pour s’opposer à lui, on affirmait qu’en tout état de cause, c’était la faute de François Hollande. Le plus souvent, les arguments échangés ont atteint un niveau d’irresponsabilité et de puérilité qui fait douter de la capacité de la classe politique tout entière à mener à bien le redressement français. Nous sommes des nommeurs : nous estimons que nous avons assez contribué au débat national quand nous avons collé des étiquettes sur les différentes personnes et sur les différentes solutions. Ainsi, avoir choisi le seul maintien de l’emploi était pour beaucoup de citoyens de gauche la preuve irréfutable du caractère « social-libéral » du gouvernement Ayrault. CQFD.
Devant toute mesure économique, la question que posent les « augures » n’est pas de savoir si elle est efficace ou non, souhaitable ou non, la seule question qui vaille, en France, est de savoir si elle relève ou non de la « rigueur ». Devant un site touristique, les gens ne se demanderont plus bientôt s’il est beau ou non, mais s’il est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Depuis Louis XIV, l’étiquette désigne à la fois une appellation, un rituel et une préférence. Il est vain d’espérer que la France renoncera un jour à sa passion nationale : l’étiquetage. Qu’importe l’ivresse pourvu qu’on ait le flacon! Et quel beau débat national, comme on les aime, que celui qui continuera d’opposer les tenants du social-libéralisme, de la social-démocratie et du social-socialisme quand il n’y aura plus d’industrie, plus d’usines et plus d’ouvriers en France!
Lorsque, il y a trois ans, le 18 janvier 2010, je publiai dans Libération « 20 thèses pour repartir du pied gauche » qu’avait alors refusées le Nouvel Observateur, la question de la nationalisation se trouva au centre du débat que je soulevai. Elle suscita l’indignation ou l’ironie de la quasi-totalité de mes interlocuteurs de gauche, qui me taxèrent d’« archaïsme ». Je me permets de me citer, ne serait-ce que pour mesurer le chemin parcouru.
« 19. Le premier objectif du rassemblement populaire doit être la maîtrise du crédit, au moyen de la nationalisation, au moins partielle, du système bancaire, qui est à la source de la crise actuelle. Telles qu’elles fonctionnent actuellement, la plupart des banques ont déserté leur mission essentielle, à savoir la collecte des capitaux au service de l’expansion économique, au profit d’activités purement spéculatives et nuisibles. Le but de la nationalisation est de ramener le système bancaire à sa fonction productive. »
Cette position, qui est plus que jamais la mienne, me permet de répondre aux deux questions qui se sont posées en cette fin d’automne.
1. J’étais personnellement hostile à la nationalisation provisoire d’ArcelorMittal parce que la sidérurgie ne fait plus partie du secteur stratégique sur lequel l’Etat se doit de conserver un contrôle. Aurait-il fallu nationaliser la marine à voile au moment de l’apparition de la vapeur? La nationalisation des secteurs archaïques est la négation même de la mission qui incombe aujourd’hui à l’Etat : réorienter et redynamiser le secteur industriel. La nationalisation d’ArcelorMittal risquait d’entraîner le gouvernement dans le cercle infernal de la reprise des entreprises en faillite et des secteurs en perte de vitesse. En dépit d’une invraisemblable cacophonie, des stratégies personnelles et des promesses de bonimenteur, il a eu raison de s’en tenir à la défense des emplois. Mais il doit s’y tenir!
2. Pour la même raison, je désapprouve formellement la timidité, que dis-je, la capitulation de ce même gouvernement à l’égard du secteur bancaire. Il est non seulement en grave recul par rapport à ses promesses, mais, en renonçant à s’en donner les moyens financiers, il paraît renoncer à tout rôle stratégique à venir. On ne saurait oublier que la prospérité de la période gaullienne (les années 60) est due au lancement de grands programmes industriels : l’espace, les télécoms, le TGV, le nucléaire, l’aéronautique, le Plan calcul *. Seul ce dernier a échoué.
On peut comprendre la volonté de François Hollande de subordonner la relance sociale à la relance économique. Mais de relance économique, pour le moment, on n’en voit guère. Et de contrôle public du crédit, on n’en voit pas non plus. C’est là pourtant, François Hollande, que nous vous attendons. Sans surenchère, mais sans faiblesse. Car c’est là que se joue notre avenir — et le vôtre.
* La femme qui résiste, d’Anne Lauvergeon, Plon, 237 p., 20,50 €; et le commentaire de Bertrand Renouvin, dans Royaliste du 10 décembre 2012.
Près de 4 M $ pour trois dirigeants de la Banque Nationale
21 décembre 2012
Hugo Legris-Tremblay, Argent
La semaine dernière, trois hauts dirigeants de la Banque Nationale se sont partagé un magot de près de 4 M $ en exerçant des options d’achat d’actions.
Louis Vachon, président et chef de la direction de l’institution financière, a exercé le 10 décembre dernier près de 37 000 options d’achat d’action et les a revendues aussitôt. Il a ainsi encaissé un profit de 1,7 M $ lors de cette transaction. Le prix payé pour les options a été de 30,95 $ chacune alors qu’il les a revendues immédiatement sur le marché à un prix moyen de 76,85 $.
Luc Paiement, Coprésident et cochef de la direction, Financière Banque Nationale, s’est prévalu de son droit d’exercer 53 500 options lors de la journée du 12 décembre dernier. Le prix des options variant entre 34,87 $ et 53,85 $ alors que le cours boursier était d’environ 77 $, il a pu recevoir près de 1,4 M $.
C’est une transaction semblable qu’a effectuée John B. Cieslak, premier vice-président à la direction Technologie de l’information, entre le 10 et le 14 décembre dernier. En exerçant près de 33 000 options à des prix variant de 34,87 et 68,67, il a garni son compte bancaire de 800 000 $.
Au total, ce sont sept dirigeants de l’institution financière qui ont exercé des options d’achat lors de la semaine du 10 décembre dernier.
Bill Gates
Bill Gates poursuit son investissement dans les Chemins de fer nationaux du Canada (CNR.TO) en acquérant près de 615 500 actions de la compagnie ferroviaire par l’entremise du fonds d’investissement Cascades Investment LLC.
Il a ainsi déboursé un total de 55 M $ entre le 7 décembre et le 11 décembre dernier pour augmenter sa participation dans l’entreprise. Suite à cette transaction, Bill Gates détient par l’entremise de divers fonds d’investissement près de 12 % de la compagnie canadienne.
Le titre se transigeait vendredi tout près des 91 $ à la bourse de Toronto, soit en légère hausse par rapport au cours boursier de la veille.
Caisse
La Caisse de dépôt et placement du Québec s’est départie le 13 décembre dernier de près de 32 800 actions de catégorie B de l’entreprise Teck Resources (TCK.B), un important joueur du secteur minier canadien.
Après cette transaction d’une valeur de 1,16 M $, la participation de la Caisse dans l’entreprise est maintenant de 8 192 187 actions, soit 1,42 % du capital action total.
« Les données bancaires de Mark Carney compromises par un […] un employé corrompu de la Banque Royale du Canada » @RBC @RBCfr https://t.co/EUUBiE0pYL pic.twitter.com/rhn8zP9lCd
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) September 25, 2025
Quelle est la responsabilité des compagnies quant aux déclarations publiques de leurs employés faisant la promotion de la violence? “many […] who cheered the firing of participants in the Jan. 6 […] riots are appalled by dismissals of Kirk’s critics now” https://t.co/BUP56bdRd2
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) September 22, 2025
Paul-Antoine Jetté, chroniqueur à Sauve qui peut!, animée par @PYMcsween, dresse un portefeuille « équilibré » de FNB indiciels :
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) September 10, 2025
• 30 % 🇨🇦 : XUS ou VFV
• 30 % 🇺🇸 : XIC ou VCN
• 30 % international avec XEF (ou VIU?)
• 10 % d’obligations 🇨🇦 : XBB ou VABhttps://t.co/8Y6QILL51f
Si tant avait été qu’il eût fallu une métaphore de plus pour illustrer le sentiment des actionnaires éplorés de @LionElectrique. 🔥😢 https://t.co/b9kU2XsqPY pic.twitter.com/rjAPrZk0eb
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) September 9, 2025
Qui sont les actionnaires de @CoucheTardQc détenant les 111 489 508 actions (14,44 %) votées en faveur d’un vote consultatif annuel sur ses politiques environnementales et les 279 531 760 actions (36,20 %) pour le retour des assemblées en personne? https://t.co/GnWM9R9flG pic.twitter.com/rQFAGRInen
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) September 8, 2025
A-t-on vraiment besoin de ça, dans une perspective d’investissement (individuel) à long terme, pour la retraite, par exemple? N’est-ce pas plutôt un instrument pour les organisations? https://t.co/kkM86fBkY6
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) August 26, 2025
La @SECGov publie, dans une (nouvelle) page web, les graphiques des principaux indicateurs statistiques concernant les marchés de capitaux. L’annonce : https://t.co/lqShDaBLWv La page : https://t.co/N28qy1wtVg Un exemple de graphique : pic.twitter.com/8Omu7xjPNb
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) August 14, 2025
🇺🇸Une étude de la @FINRAFoundation pour l’éducation de l’org. d’autorèglementation du courtage en valeurs mobilières @FINRA dit : les « jeunes investisseurs, en particulier les hommes, sont ouverts à l’idée de recevoir leurs conseils financiers de » l’IA. https://t.co/AQetgKgcrA
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) July 28, 2025
🇺🇸 Un jugement récent empêchera la @SECGov d’exiger plus de transparence d’@issgovernance et de @GlassLewis. https://t.co/HqShUuxIxL Aussi, retour aux questions de bonne gouverne (gouvernance) et de rémunération traditionnelles. https://t.co/JitpTLcQNe
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) July 28, 2025
La Governance for Growth Investor Campaign (GGIC), soutenue par @ShareAction, qui regroupe des fonds de pension qui gèrent 150G£ d’actif, réclame de toutes les entreprises du FTSE 100 de tenir des assemblées en personne plutôt que seulement virtuelles. https://t.co/4Rq6COgTnS
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) July 28, 2025
L’Office d’investissement du régime de pension du Canada (OIRPC) @cppinvestments abandonne son objectif d’atteinte de la carboneutralité en 2050 (net zero), après seulement 3 ans, en l’annonçant dans la section FAQ de son site web. https://t.co/lxMT6ssnF1 https://t.co/1B2LZyT93y pic.twitter.com/ctU3MAF2rW
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 30, 2025
Des investisseurs institutionnels d’importance (950 milliard$ sous gestion) demandent que Musk travaille 40 h/sem. pour Tesla. Ils détiennent 0,25 % des actions de Tesla. https://t.co/ag87Tgkp7I
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
BlackRock parie sur l’intérêt des investisseurs pour le secteur de la défense (en Europe…) en constituant un FNB indiciel. https://t.co/QNey6GoRs2
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
« retirer des sommes de ses comptes de courtage imposables vers des [CELI] en générant ainsi artificiellement des pertes dans les premiers et des gains dans les seconds » — @lautorite https://t.co/gpPQdhi39s
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
« Le remplacement de Bruce Guerriero et de Daniel Rabinowicz est réclamé […] La suppression de la structure à deux catégories d’actions est aussi revendiquée » https://t.co/2C4FI4U2RX
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 23, 2025
Le nombre de propositions d’actionnaire concernant la gouvernance a diminué moins vite que les propositions d’actionnaire sur l’environnement, de 2018 à 2025, aux É.-U.-d’A., selon ISS. Dans l’ensemble, c’est un creux sur 8 ans. https://t.co/dAucnupAPw
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 23, 2025