Yves Michaud, un militant dans l’âme
18 février 2014
Jean-François Venne, Conseiller.ca
Il y a près de 20 ans déjà qu’Yves Michaud milite pour les droits des petits actionnaires. L’aventure lui a valu le surnom de « Robin des banques », et l’inimitié de bien des dirigeants d’entreprises cotées en Bourse. Conseiller.ca en a discuté avec lui, à l’occasion du lancement d’un livre sur sa vie.
« Point n’est nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Il a beau être militant souverainiste de longue date, Yves Michaud admet s’inspirer largement de cette maxime attribuée à Guillaume d’Orange, ancien roi d’Angleterre, qui avait conquis son trône aux dépens de Jacques Stuart, un roi catholique soutenu par la France. C’est qu’elle convient bien à cet « irréductible », comme le qualifie Jacques Lanctôt, auteur du livre Yves Michaud, Un diable d’homme! publié récemment chez VLB éditeur.
Habitué d’entreprendre les combats qui lui semblent justes, sans égard à ses chances de succès, Yves Michaud est un militant dans l’âme. On l’a surtout retrouvé du côté de la défense de la langue française et de la souveraineté du Québec. Diplômé de journalisme, il a été député du Parti libéral du Québec (qu’il quittera au début des années 1970 pour rejoindre le Parti Québécois) et a dirigé le défunt quotidien La Patrie et le très souverainiste journal Le Jour, en plus d’occuper de nombreux postes dans la diplomatie québécoise.
Avec un tel profil, comment donc s’est-il retrouvé mêlé à un furieux combat contre les dirigeants des grandes institutions financières?
Les origines de la colère
Yves Michaud se souvient très bien de l’événement qui l’a lancé dans cette campagne pour la défense des petits actionnaires. C’était en 1993. « Un matin, en regardant le relevé mensuel de ce qui était alors la firme Lévesque Beaubien, je vois que le montant de 60 000 $ que leur avait confié ma femme, en leur précisant bien qu’elle voulait des placements peu risqués, n’est pas disponible. » De fil en aiguille, il apprend que la somme a été investie dans Trustco général du Canada, dont l’Industrielle Alliance était propriétaire, et qui était dirigé par l’ancien ministre des Finances du Québec, Raymond Garneau. Ébranlée par la chute des prix de l’immobilier, la société est alors incapable d’honorer ses débentures. En d’autres termes, les 60 000 $ ont disparu.
Pourtant, la compagnie claironnait, à peine trois mois plus tôt, son retour à la rentabilité. Une fois les actifs liquidés, l’Industrielle Alliance et Lévesque Beaubien se font rembourser en priorité. Les petits actionnaires, eux, sont abandonnés. Scandalisé, Yves Michaud réclame une enquête, alléguant plusieurs irrégularités. Il se porte aussi acquéreur des débentures de sa femme. Cela l’autorise à faire part de ses doléances directement aux dirigeants sur le parquet de l’assemblée des actionnaires. Mais il constate bien vite que ceux-ci n’ont que faire de l’opinion des petits épargnants.
Pas question pour lui d’en rester là. « Comme journaliste, on aime bien aller au fond des choses, dit-il. Mais quand on va au fond des choses, souvent, on y reste! » Il y restera, en fondant en 1995 l’Association de protection des épargnants et investisseurs du Québec, laquelle deviendra en 2005 le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC).
Des actionnaires timides
Yves Michaud soutient avoir découvert, en explorant l’univers de la finance, un monde « en partie pestilentiel », où les dirigeants se consacrent à leur propre enrichissement en se négociant des salaires et des bonis faramineux, et jouent allègrement avec l’argent des petits épargnants. « C’est toujours comme ça aujourd’hui, déplore-t-il. Je n’ai fait que déchirer légèrement le voile. »
Mais pourquoi les petits actionnaires ne se rebellent-ils pas? Après tout, ce sont eux les propriétaires, tandis que les dirigeants sont censés veiller à leurs intérêts. Tout au long de son combat, Yves Michaud a constaté à quel point il était difficile aux petits investisseurs de comprendre qu’ils avaient des droits et qu’ils pouvaient les exercer. Selon lui, ils manquent souvent de connaissances quant au fonctionnement de l’économie de marché, ce qui en fait des proies faciles pour les pros de la finance. Mais ils sont aussi intimidés. « Vous lever pour vous plaindre dans une assemblée regroupant 500 actionnaires, et où les dirigeants vous toisent avec mépris, ce n’est pas facile pour les petits épargnants. Les dirigeants le savent bien et en profitent. »
Jacques Lanctôt rappelle d’ailleurs la réception glaciale à laquelle Yves Michaud a eu droit lorsqu’il s’est pointé, en 1998, à une assemblée de la CIBC, à Toronto, pour réclamer (en français svp!), plus de démocratie, un meilleur contrôle sur les salaires des dirigeants et la création d’un protecteur de la clientèle indépendant.
La « démocratie actionnariale »
On touche là au cœur même du combat d’Yves Michaud : l’avènement d’une réelle « démocratie actionnariale ». Celui que le journaliste judiciaire de La Presse, Yves Boisvert, a surnommé le « Robin des banques » (un surnom qui lui est resté), s’est battu pour que les actionnaires puissent faire des propositions lors des assemblées générales, et que celles-ci soient réellement prises en compte par les dirigeants et présentées à l’avance à tous les actionnaires.
Cela peut sembler naturel. Pourtant, il se retrouve vite devant une batterie d’avocats lorsqu’il tente le coup comme actionnaire de la Banque Royale, de la Banque Nationale et de la Banque Scotia. Le message est clair, et les barricades sont dressées.
Malgré tout, le militant solitaire aura gain de cause. En 1997, la juge Pierrette Rayle tranche en sa faveur en Cour supérieure. Elle ordonne à la Banque Royale et à la Banque Nationale « d’inclure les propositions et les notes explicatives du requérant (…) dans la circulaire de direction accompagnant l’avis de convocation des prochaines assemblées générales ». Les banques interjettent appel, mais sont déboutées. Une victoire qui fait date dans la très courte histoire de la démocratie actionnariale.
Il reste bien du chemin à parcourir, mais Yves Michaud rappelle que certaines des propositions du MÉDAC, appelant à plus de transparence et de démocratie, reçoivent régulièrement de 20 à 25 % d’appui dans les assemblées générales. Le mouvement est amorcé. Reste aux petits actionnaires à se prendre en main et à imposer leurs vues.
Lanctôt, Jacques. 2013. Yves Michaud, Un diable d’homme! Montréal : VLB éditeur, 285 pages
Liens utiles : Biographie et interventions à l’Assemblée nationale
Le 25 février 2014
Carl Renaud,Argent
Le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) va entamer sa tournée annuelle des assemblés d’actionnaires des grandes banques du pays, mercredi en s’arrêtant à Toronto pour participer à l’assemblée de la Banque royale du Canada.
Cette année, le MÉDAC va soumettre cinq propositions aux actionnaires des banques canadiennes. La première concerne l’abandon progressif des options d’achat d’actions comme forme de rémunération des dirigeants.
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La Banque Nationale lance son Espace pour investisseur autonome à Montréal
2014-02-10
Thomas Cottendin, lesaffaires.com
La Banque Nationale veut casser le mythe de l’investisseur autonome solitaire. Pour ce faire, l’institution québécoise a ouvert la semaine dernière un Espace qui leur est entièrement dédié, au niveau métro (Square-Victoria) de la Tour Banque Nationale à Montréal, où ils pourront parfaire leur éducation financière.
« L’investisseur autonome, extrêmement actif, seul 30 heures par semaines devant ses trois écrans d’ordinateur, est de l’ancienne époque », soutient Nancy Paquet, présidente de Banque Nationale Courtage Direct (BNCD), en entrevue avec Les Affaires.
Selon un récent sondage, ces investisseurs autonomes très actifs ne représentent qu’un petit segment de la population.
« Il y a de plus en plus de gens qui veulent apprendre à investir par eux-mêmes. Certains vont voir un conseiller pour s’éduquer, mais désirent tout de même gérer leur portefeuille par leur propre moyen », dit Mme Paquet.
Le nouvel investisseur autonome serait donc friand de proximité et de simplicité, les deux objectifs du nouvel Espace.
« Il s’agit d’un lieu de première rencontre et d’échange. Il n’y aura pas de conseil prodigué, mais de la mise à disposition d’information sur le courtage, dans un optique de littératie financière », dit Mme Paquet.
Proximité et simplicité
L’idée de ce nouvel espace a germé dans la tête de Nancy Paquet six mois après son arrivée à la présidence de BNCD il y a deux ans. Lors de ces prises de fonctions, Mme Paquet s’attristait du manque de proximité avec ses clients.
« Nous sommes au septième étage d’un immeuble. Il y a bien le logo de la Banque devant l’édifice, mais celui de BNCD n’est nulle part », dit Mme Paquet. Le siège de BNCD se situe au 1100 rue University, à Montréal.
Dorénavant, la filiale de courtage direct de la Nationale peut compter sur son nouvel Espace pour investisseur autonome afin de rendre sa marque plus visible.
L’espace est ouvert de 7h30 à 18h, au niveau Métro Square-Victoria (Sortie Viger), au 600 rue de la Gauchetière Ouest, à quelques mètres de la Caisse de dépôt et placement du Québec et de la Tour de la Bourse de Montréal.
« Nous comptons sur le visuel et le bouche-à-oreille », explique Nancy Paquet. Il n’y aura pas de campagne de communication à court terme, car pour le moment l’initiative est limitée à Montréal, poursuit Mme Paquet. « Ça ne serait pas pertinent pour nos clients qui ne vivent pas sur l’île ».
Le centre montréalais permettra aux investisseurs de participer à des séminaires tenus par des membres de l’équipe de Mme Paquet ou par des partenaires externes, et d’avoir accès à de nombreux outils informatiques, en plus d’obtenir des informations sur les services de BNCD.
Le fonctionnement du nouvel espace devrait toujours être assuré par 2 ou 3 personnes de BNCD, affirme Mme Paquet. De deux à trois séminaires par semaine, allant de l’introduction aux fonds communs de placement jusqu’aux stratégies sur options, seront proposés aux investisseurs autonomes.
Si l’expérience s’avère concluante, BNCD envisage de la répéter dans la grande région de Québec, ainsi qu’à Toronto et dans l’Ouest canadien, à Calgary.
Argent
Rémunération des patrons
Le MÉDAC veut de nouveaux progrès concernant la rémunération des patrons
9 janvier 2014
Michel Munger, Agence QMI (dans Le Journal de Montréal)
Le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) estime que des progrès ont été enregistrés l’an dernier en ce qui concerne la rémunération des hauts dirigeants d’entreprise et d’autres sont attendus cette année.
Daniel Thouin, président du MÉDAC, se réjouit du fait que Cogeco, un câblodistributeur dont la nature est presque familiale, soit d’accord pour faire voter les actionnaires sur la rémunération en assemblée annuelle le 14 janvier. « C’est une proposition de l’an dernier qui a recueilli des appuis, souligne-t-il. Ils ont accepté de l’adopter. »
Le MÉDAC a l’intention de demander à davantage d’entreprises de suivre cet exemple, qu’il qualifie de progrès concret.
Daniel Thouin se félicite aussi de voir Bombardier dire oui à certaines de ses réclamations. « Nous leur avons demandé de lancer une politique de récupération [des sommes versées] en cas de fraude. Ils l’ont fait. C’est un gros gain. »
Les options
L’organisme veut aussi s’attaquer aux octrois d’options d’achat aux dirigeants. Ces options permettent d’acheter des actions à un prix fixe et de profiter d’une hausse lors de la revente sur le marché.
« Ça ne fait pas augmenter le rendement des actionnaires, dénonce le patron du MÉDAC. La rémunération des patrons augmente plus vite que celle des travailleurs. Ils gagnaient 105 fois le salaire des employés en 1998, mais 14 ans plus tard, le multiple a monté à 171 fois. Ça n’a pas de sens ou de logique de marché. »
La divulgation du salaire médian au sein d’une entreprise, comparativement à la direction, est un autre cheval de bataille du mouvement pour accroître la transparence. Il a signé une lettre d’appui à la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis, qui effectue une consultation.
Selon Daniel Thouin, les entreprises qui ne feront pas preuve d’une plus grande discipline se feront tordre le bras.
« Certains pays européens ont mis en vigueur des réductions salariales pour les entreprises publiques, rappelle-t-il. C’est arrivé en mars 2013 en France. La Suisse a accepté de mettre fin aux parachutes dorés lors des départs. L’Europe est en train de donner l’exemple. Si le marché ne peut pas se réglementer, les gouvernements vont s’en mêler. »
Les exigences du MÉDAC ne sont pas formulées pour rien, assure M. Thouin. Il n’aime pas les résultats du récent sondage Manuvie, qui relève un pessimisme aussi important au Québec que pendant la crise financière. « Nous voulons redonner confiance aux investisseurs. Les gens ne veulent plus vivre une crise comme celle de 2008. »
Dave, le banquier populaire
6 janvier 2014
Marion Van Renterghem (Burnley [Royaume-Uni] Envoyée spéciale), Le Monde
Burnley, décembre 2013, Dave Fishwick, le fondateur de la « Bank of Dave » avec on équipe.
Avez-vous remarqué ce petit homme en jean qui trottine d’un pas pressé sous la pluie du Lancashire? Non. Il n’a l’air de rien dans les rues de Burnley, une ville ouvrière sans histoire à mi-chemin entre Leeds et Manchester, plantée au milieu de cette Angleterre du nord que la reprise économique a oubliée une fois de plus et que le Parti conservateur a renoncé à séduire. Cet homme-là, pourtant, est déjà une légende. Avec l’équipe locale de football, il est la fierté de Burnley, le Zorro des petites gens. Ce qu’il a en tête est moins modeste encore : David Fishwick, au nom sorti de chez Dickens, veut en toute simplicité révolutionner le système bancaire.
Voilà Dave. « Dave, de Burnley », comme il se présente toujours. Il marche vite, salue tout le monde, ponctue ses phrases par un grand rire sonore en vous fixant de ses yeux bleus d’un air décidé. Il pousse la porte de sa minuscule boutique, une vitrine toute bête au pied d’un bâtiment de briques, avec les mots « Bank on Dave! » sur la façade. Tout est dans le « on » et dans le point d’exclamation, on le comprendra plus tard. Il a aussi accroché plus haut une grande banderole publicitaire qui occupe la largeur du bâtiment : « La banque dont la Grande-Bretagne a besoin » (« Better banking for Britain »). Ce ne sont pas Goliath et la Banque d’Angleterre qui vont intimider David.
Dave rêvait d’avoir une Ferrari. C’était mal parti. Quand il naît en 1971 à l’hôpital public de Burnley, la ville est encore celle des usines de charbon et de textile. Le bon vieux crachin de l’Angleterre du nord diffuse une humidité propice au coton, un peu moins à l’allégresse. Ses parents sont ouvriers à l’usine, sa mère tisse le coton, son père entretient des machines et travaille aussi à la ferme, le matin, pour améliorer les fins de mois. Les parents et les deux enfants ont la vie dure, juste un toit et de quoi manger à leur faim.
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Le père de Dave veut faire de lui un maçon. L’école n’est pas faite pour ce gringalet qui se fait chambrer par ses camarades et n’arrive à rien. Le jeune homme n’est pas plus doué pour la maçonnerie, mais se retrouve dès ses 16 ans sur des chantiers, payé 27 livres sterling par semaine. Il rêve donc de Ferrari, traîne ses guêtres dans les garages du coin. À l’un d’eux, il propose un deal : les voitures d’occasion remises à la vente, il se charge d’en négocier le prix, de les bricoler, de les astiquer, de les revendre en prenant une commission. Tope là. Il commence avec une camionnette commerciale, puis une autre. « Au bout de quelques mois, se souvient-il, j’avais assez pour leur acheter une voiture. Avec un peu d’argent, tu es en meilleure position pour négocier, c’est une leçon très importante dans la vie. D’une voiture, je suis passé à deux, puis à une camionnette. »
En ces années 1980, le commerce des camionnettes n’est pas répandu. Entrepreneurs et fermiers se les revendent sans passer par des concessionnaires. Dave a une idée : le vendeur de minibus, ce sera lui. Il démarche les agences de tourisme, les collectivités locales, les entreprises chargées d’emmener les enfants à l’école ou à la mer le week-end. Le créneau est bon. Dave Fishwick prospère et devient le plus grand vendeur de minibus du Lancashire. Il a des clients partout au Royaume-Uni et ailleurs en Europe. Jusqu’à la crise financière de 2008. Les banques ne prêtent plus, les entrepreneurs n’investissent plus, les particuliers épargnent, l’économie se fige.
Un de ses clients pousse la porte. Il avait passé commande d’un minibus à 18 000 livres. Sa banque venait de lui refuser le crédit. « Il n’était pas le seul, raconte Dave. Cette situation était devenue la norme de l’époque. On ne m’achetait plus rien. Il a fallu prendre rapidement une décision. »
DAVE LE BANQUIER
Comment vendre des camionnettes quand les clients n’ont plus les moyens? En avançant la somme nécessaire à l’achat. Une sorte de leasing, à la différence que Dave a consenti des prêts sur sa propre fortune, sans l’intermédiaire d’un organisme de financement. Il s’est posé des questions simples. « Je me suis dit : si les banques ne leur prêtent plus, est-ce parce que ces clients ont été pris en défaut de paiement? J’ai tout vérifié. Ils n’avaient rien à se reprocher. Il suffisait de leur dire : “Je te prête, tu me rends.” En fait, ce n’est pas très difficile d’être une banque. » C’est ainsi que David Fishwick, en cette turbulente année 2008, est devenu Dave le banquier.
Dave, le fondateur de la « Bank of Dave » à la boutique d’une de ses clientes en décembre à Burnley.
La vendeuse de robes de mariées, à Burnley, n’oublie pas ce qu’elle lui doit. Quand Sarah Mottershead s’est installée, en 2012, elle avait dépensé toutes ses économies pour constituer son stock de robes. La boutique, elle, restait sinistre. Il lui fallait 5 000 livres pour la rendre attrayante. La banque n’a rien voulu entendre, Dave si. « Sans lui, je n’aurais pas ce beau magasin avec des fleurs et des bonbons dans les vases, et pas de clientes, fait valoir Sarah. Il nous faut plus de Daves! » Rachel Garland et son mari, fleuristes à Accrington depuis dix ans, ont pu, grâce à Dave, offrir à leur boutique un fronton vert flambant neuf. « Notre banque nous a refusé le prêt qu’elle avait préalablement accepté, alors qu’on avait déjà payé le fronton, 10 000 livres. Dave nous a sauvés. Rencontrer quelqu’un qui croit en vous, ça change tout. Dans le Lancashire, quelques milliers de livres suffisent à changer votre vie. »
UN BUSINESSMAN PROSPÈRE
L’histoire de David Fishwick aurait pu s’arrêter là. « Dave de Burnley », héros des entrepreneurs sans le sou, a déjà la gloire. Des mugs et des tee-shirts sont fabriqués à l’effigie de « la banque de Dave ». Il s’est acheté une Ferrari rouge pétant, qu’il gare dans les rues de la ville en laissant les enfants s’asseoir dedans. Il a « plein de très beaux jouets », comme il dit, dont un hélicoptère qu’il pilote à ses heures perdues. Il est un businessman prospère, vend des camionnettes, investit dans l’immobilier, produit des émissions de télévision sur Channel 4, sponsorise l’équipe de foot de Burnley. Il a même créé des job centers pour enfants désavantagés. « Je sais ce qu’est ne rien avoir et avoir beaucoup, dit-il. Je peux avoir une autre voiture si je veux. Mais ça me servirait à quoi de conduire deux Ferrari, d’avoir un hélicoptère plus grand ou une deuxième maison? Je n’ai pas besoin de plus. Je suis riche. Il est temps d’aider les autres. »
Burnley, décembre 2013. Dave Fishwick, le fondateur de la « Bank of Dave » en réunion avec son équipe.
Pour aider vraiment les autres, il lui faut se transformer en vraie banque. Se lancer dans une activité de gestion de dépôts sans se limiter à celle du prêt à partir de ses fonds propres. La Banque d’Angleterre, comme toutes les banques centrales depuis la crise financière, a durci les réglementations prudentielles dont les petits entrepreneurs pâtissent. La « banque » de Dave a six employés et a déjà concédé à des centaines de personnes des millions de livres de prêts (entre 150 et 75 000 livres chacun), sans aucun défaut de remboursement. Mais l’appellation « banque » tout comme les dépôts lui sont refusés. Voilà pourquoi, obéissant, mais têtu, M. Fishwick a subtilement changé le « of » en « on » : The Bank of Dave (« la banque de Dave ») s’appelle pour l’instant Bank on Dave! (« comptez sur Dave! »), en attendant l’agrément de la banque centrale ou une loi qui autoriserait les banques communautaires, comme en Allemagne ou aux États-Unis.
Pour tenter d’accélérer les choses, Dave s’est planté, il y a quelques mois, devant la Banque d’Angleterre, à Londres, sur le toit de sa camionnette, avec un haut-parleur et les caméras de Channel 4. « Hi, je suis Dave de Burnley! », a-t-il tonné, avant de réclamer, devant les passants amusés, le droit de créer, officiellement, sa banque. « Je sais, je ne suis qu’un gars de Burnley qui vend des bus. Mais je veux créer une banque, une toute, toute petite banque! », répète-t-il inlassablement.
DAVE S’EN FICHE
Des banquiers lui ont ri au nez, des avocats ont tenté de le décourager. « Enfin, Dave, c’est impossible, aucune banque ne s’est ouverte en Grande-Bretagne depuis un siècle! » Dave s’en fiche : « Rien n’est impossible dans la vie si tu crois à ce que tu fais et que tu agis pour de bonnes raisons. La banque de Dave n’a que des bonnes raisons. J’investis pour des entrepreneurs locaux qui n’ont pas accès aux banques établies. Je leur propose un taux d’intérêt avantageux au regard du risque. C’est sans but lucratif et les bénéfices sont distribués aux œuvres caritatives. Pourquoi n’aurais-je pas le droit de faire tout ça légalement? C’est ça qui est anormal! »
Des politiques de tous bords se mobilisent pour lui. Notamment le jeune député conservateur Steve Baker, convaincu que l’instauration réglementée de banques communautaires pourrait considérablement améliorer l’économie du Royaume-Uni. « Dave prouve concrètement l’injustice du système bancaire actuel, observe-t-il. La banque est la seule industrie qui ne coûte rien à ceux qui la produisent. Dave, lui, prend des risques personnels avec son argent, ce qui est crucial pour crédibiliser une banque. Si mille villes britanniques avaient une banque locale qui profite à la communauté, le pays sortirait de la crise. »
Le député libéral-démocrate de Burnley, Gordon Birtwistle, a attiré l’attention du ministre de l’innovation, Vince Cable. Quant à l’ancien spin doctor de Tony Blair, Alastair Campbell, supporteur acharné de l’équipe de foot de Burnley, il a présenté Dave aux figures du Labour comme Ed Balls et Chuka Umunna : « Dave a une personnalité si forte qu’on veut se battre pour lui », assure-t-il. Leur protégé commun a été reçu au Parlement et l’idée des banques communautaires fait son chemin à Westminster.
Dave de Burnley en est sûr : il révolutionnera le système bancaire. En attendant, il s’est fixé son règlement à lui :
1) Ne jamais perdre d’argent.
2) Ne jamais oublier le point 1.
3) Ne jamais abandonner.
4) Ne jamais, jamais, abandonner.
« Ça, ce sont les quatre règles de Dave », dit-il
Le 9 janvier 2014 à 14h25
Michel Munger, Argent
Des progrès ont été enregistrés l’an dernier en ce qui concerne la rémunération des hauts dirigeants d’entreprise. D’autres sont attendus cette année.
Ce point de vue positive ressort d’une entrevue accordée à Argent par Daniel Thouin, président du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC).
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L’Office d’investissement du régime de pension du Canada (OIRPC) @cppinvestments abandonne son objectif d’atteinte de la carboneutralité en 2050 (net zero), après seulement 3 ans, en l’annonçant dans la section FAQ de son site web. https://t.co/lxMT6ssnF1 https://t.co/1B2LZyT93y pic.twitter.com/ctU3MAF2rW
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 30, 2025
Des investisseurs institutionnels d’importance (950 milliard$ sous gestion) demandent que Musk travaille 40 h/sem. pour Tesla. Ils détiennent 0,25 % des actions de Tesla. https://t.co/ag87Tgkp7I
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
BlackRock parie sur l’intérêt des investisseurs pour le secteur de la défense (en Europe…) en constituant un FNB indiciel. https://t.co/QNey6GoRs2
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
« retirer des sommes de ses comptes de courtage imposables vers des [CELI] en générant ainsi artificiellement des pertes dans les premiers et des gains dans les seconds » — @lautorite https://t.co/gpPQdhi39s
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 29, 2025
« Le remplacement de Bruce Guerriero et de Daniel Rabinowicz est réclamé […] La suppression de la structure à deux catégories d’actions est aussi revendiquée » https://t.co/2C4FI4U2RX
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 23, 2025
Le nombre de propositions d’actionnaire concernant la gouvernance a diminué moins vite que les propositions d’actionnaire sur l’environnement, de 2018 à 2025, aux É.-U.-d’A., selon ISS. Dans l’ensemble, c’est un creux sur 8 ans. https://t.co/dAucnupAPw
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) May 23, 2025