Maladie généralisée dont Bombardier n’est qu’un symptôme
Montréal, le 13 avril 2017 — La presse québécoise prend consicence que les revenus des dirigeants de Bombardier ne sont pas un cas isolé de rémunérations excessives.
Par exemple, le site d’actualités économiques et financières Argent affirme que « des dizaines de PDG parmi les mieux rémunérés au pays empochent de généreuses primes en plus de leur salaire, malgré des performances décevantes », dans un contexte où les dirigeants de sociétés cotées en bourse exigeraient de plus en plus et où les conseils d’administration craindraient de plus en plus de les contrarier.
Autrement dit, le gros bout du bâton serait entre les mains des dirigeants plutôt que des conseils d’administration, les premiers réussissant à ce négocier des primes, bonis et autres incitatifs, notamment sous forme d’options d’achat d’actions, qui ne sont pas toujours cohérents avec les résultats financiers.
Selon Michel Nadeau, ancien haut dirigeant de la Caisse de dépôt et placement du Québec et directeur de l’Institut sur le gouvernance, dont les propos sont rapportés par Argent, les bonis devraient être réservés « pour un effort exceptionnel » en lien avec la réalisation de profits et ne « jamais être automatiques », mais les objectifs à atteindre pour obtenir ces bonis sont trop souvent « trop faciles à atteindre ».
Comme exemple de meilleures correspondances entre les rémunérations des hauts dirigeants et les profits de leur entreprise, Le Soleil mentionne une baisse de 23 % de la rémunération des cinq plus hauts dirigeants de l’entreprise Canam en 2016, après qu’ils aient obtenus une perte nette annuelle de 13,3 millions de dollars par rapport à 2015. Leur rémunération totale avait cependant grimpée de 28 % en 2015.
Dans un autre article, Le Soleil affirme que le scénario de cadres supérieurs et d’un conseil d’administration craintif de tenir tête à des gestionnaires « vedettes » qui ensemble « se votent des primes de performance » après avoir reçu une aide du gouvernement et tandis que leur entreprise « perd beaucoup d’argent et vient de couper des postes à la tonne » n’est pas unique à Bombardier. Il évoque aussi les possibilités d’un rapport de force à l’avantage des dirigeants par rapport aux administrateurs et de l’atténuation des repères moraux avec l’accroissement de la richesse individuelle.
Conséquence : le 1 % des PDG les mieux payés aux États-Unis auraient reçu en 2014 environ 300 fois plus que la moyenne des travailleurs, comparativement à 60 fois plus en 1989, selon l’Economic Policy Institute.
Au sujet de la déconnexion entre les revenus des dirigeants et le monde des travailleurs, l’administratrice de profession Louise Champoux-Paillé lance justement une étude sur l’historique et l’orientation stratégique du ratio d’équité en tant qu’indicateur et remède potentiel contre ces déséquilibres.
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