Non aux patrons qui pillent les subventions
Montréal, le 31 mars 2017 — La hausse des rémunérations des hauts dirigeants de Bombardier l’année même où l’entreprise a obtenu deux aides d’État pour un total de 3,3 milliards de dollars de la part de l’administration publique du Québec et où elle a mis à pied des milliers de personnes est l’occasion de rappeler le pouvoir des actionnaires en matière de responsabilité des entreprises.
Par exemple, les revenus (incluant primes et bonis) du président du conseil d’administration de Bombardier, Pierre Beaudoin, sont passés de 5 millions de dollars en 2015 à 7 millions de dollars en 2016, ce qui représente une hausse de 36,5 %. La rémunération totale des six plus hauts dirigeants de Bombardier est passée à 42,9 millions de dollars en 2016, en hausse de 48 %.
Les actionnaires de Bombardier seront invités par le conseil d’administration à voter sur ces hausses lors de l’assemblée annuelle des actionnaires (AAA) du 11 mai prochain.
Lui-même actionnaire de Bombardier, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) sera sur place comme à chaque année par l’entremise de ses représentants. Il y dénoncera encore cette année des rémunérations excessives, au nom des investisseurs, des employés et de la collectivité dans son ensemble.
Selon le président du MÉDAC, Daniel Thouin, qui a été invité cette semaine sur plusieurs tribunes pour rappeler le pouvoir des actionnaires, « au Québec on n’apprécie pas ce genre de relations avec des hauts dirigeants des sociétés qui s’en mettent plein les poches uniquement en se comparant aux autres [concurrents] sans avoir à répondre de leur rendement et sans équité avec les efforts des employés ». Il ajoute qu’un pouvoir des actionnaires, y compris de la Caisse de dépôt au nom des contribuables, consiste à aller à l’AAA et à « voter avec bon sens sur la politique salariale ».
« L’impuissance ça n’existe pas, il faut mettre ses culottes », a résumé Daniel Thouin. De plus, le MÉDAC rappelle que les actionnaires peuvent aussi désigner par Internet un fondé de pouvoir pour exercer le droit de vote qui est rattaché à leurs actions.
La culture actionnariale responsable pourrait aussi s’inspirer du fait que Barack Obama avait plafonné en 2009 à 500 000 dollars le salaire annuel des patrons dont l’entreprise devait être renflouée par l’entremise d’une subvention de l’État.
L’ancien président des États-Unis avait aussi prévu un droit de regard des actionnaires sur les rémunérations des dirigeants d’entreprises qui bénéficiaient de l’aide de l’État.
« Ce qui dérange les gens - et avec raison - c’est que les dirigeants sont récompensés pour leur échec. Spécialement quand ces récompenses sont financées par les contribuables […] Lorsque les contribuables vous aident, vous avez alors une certaine responsabilité de contrôler votre train de vie », avait expliqué le président d’alors.
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