Des espérances de plus en plus grandes

26 février 2021
Dominique Lemoine

Chaque membre du conseil d’administration (CA) des entreprises dont BlackRock détient des actions devra avoir des connaissances suffisantes en risque climatique et en transition énergétique pour que l’ensemble du CA, plutôt qu’un unique administrateur-expert, surveille le plan et les cibles de l’entreprise en ces matières.

Il s’agit de l’une des attentes 2021 du gestionnaire d’actifs BlackRock, présentées par l’entremise de la lettre annuelle de son chef de la direction, Larry Fink, d’une note de suivi de BlackRock Investment Stewardship (BIS) et d’une présentation à l’occasion du plus récent IIF Climate Finance Summit.

Une deuxième attente concrète de cet investisseur institutionnel est que les politiques et les stratégies à long terme des entreprises dont il détient des parts, ainsi que leurs actions à court terme, s’alignent avec les efforts globaux pour atteindre le niveau zéro d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

Par ailleurs, « BlackRock Investment Stewardship (BIS) s’attend à ce que les entreprises divulguent un plan au sujet de comment leur modèle d’affaires sera compatible avec une économie à faible émission de carbone, où le réchauffement est limité à moins de 2˚C ».

Des entreprises administrées par des fantômes

Les compétences des membres des CA sont aussi l’objet d’un récent article du Globe and Mail intitulé « Canada’s corporate boards are trapped in the past, must be revamped for ESG Era », lui-même basé sur un rapport de la Rotman School for Management (RSM) de l’Université de Toronto.

Selon les auteurs du rapport, « la plupart des CA sont au courant des nombreuses nouvelles demandes auxquelles font face les entreprises, mais la vaste majorité ne comprennent pas ce que ces défis impliquent et sont incertains par rapport à comment y répondre ». Selon eux, « les critères de gouverne de qualité du 20e siècle ne sont pas adéquats pour s’occuper des défis du 21e siècle ».

À leur avis, « contrairement aux dirigeants et aux investisseurs institutionnels, les administrateurs reconnaissent rarement la nécessité du changement », et « les fantômes de la primauté des actionnaires hantent encore les salles de CA au Canada ».

Rappelons qu’en novembre 2020, les chefs de la direction de huit grands investisseurs institutionnels au Canada, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec, écrivaient dans une lettre commune que « la capacité [des entreprises] d’intervenir à l’égard des risques et occasions d’affaires propres au 21e siècle » nécessitera « une plus grande ambition que par le passé » et des « divulgations éclairées ».

Quand même Bill Ackman s’y met

Selon l’investisseur-activiste, fondateur et chef de direction du fonds spéculatif Pershing Square Capital Management, même la sacro-sainte philanthropie et des approches sans buts lucratifs auraient montré les limites de leur capacité à faire le bien, et il faudrait se tourner vers le capitalisme de parties intéressées.

« Vous ne pouvez pas avoir assez d’influence, que vous soyez Bill Gates ou Jeff Bezos, juste avec la philanthropie. Si vous voulez résoudre un problème, le capitalisme est une meilleure solution qu’une approche sans but lucratif », a-t-il affirmé, dans le cadre d’une entrevue récemment publiée sur le forum de l’école de droit de l’Université Harvard en matière de gouverne.

À son avis, les préoccupations des plus jeunes générations à l’égard du changement climatique et des situations d’inégalités, les montants désinvestis d’entreprises énergétiques polluantes, ainsi que des « encouragements » des États, sont des forces qui inciteront les entreprises à prendre des bonnes décisions à la fois pour la planète, pour la société et pour leur rentabilité.

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