Privilèges un jour, privilèges toujours?
25 mars 2020
Dominique Lemoine
Des hauts dirigeants qui égouttent la richesse en temps normal demandent la plus grosse part de l’aide publique en temps de crise.
De grandes entreprises demandent l’aide de l’État, après avoir dépensé leur surplus en rémunération des hauts dirigeants ou en rachats de leurs propres actions, plutôt qu’avoir épargné ou avoir investi dans leurs moyens de production.
Selon un texte publié par Harvard Business Review (HBR), des entreprises mal dirigées et mal gérées empruntent même parfois pour racheter leurs propres actions, et ce, sans même investir dans des capacités qui permettraient de générer des revenus et de rembourser la nouvelle dette, et les premiers bénéficiaires en sont les hauts dirigeants dont la rémunération est liée au prix de l’action.
Dans le contexte actuel, les banques d’importance systémique en particulier doivent cesser les rachats d’actions, les dividendes et les bonus aux dirigeants, afin de garder de l’argent de côté, de réduire leur risques de devoir être sauvées par le public et de contribuer à solidifier la base du système bancaire, soit leur capacité à prêter et les épargnants, selon une ancienne présidente de la US Federal Deposit Insurance Corporation.
« Les critiques [des rachats d’actions] disent que l’utilisation de liquidités pour de telles transactions laisse les entreprises mal préparées pour faire face à des urgences comme une pandémie. Cela expose les entreprises à la critique de privilégier le prix de l’action et les récompenses aux dirigeants plutôt que la prudence, ainsi qu’à devoir être renflouées », mentionne un article du Wall Street Journal.
Le tout alors que des milliers de travailleuses et travailleurs qui vivent d’un chèque de paie à l’autre et qui financent à travers leur impôt l’aide publique pour les entreprises sont en arrêts forcés de travail et que les ressources financières demeurent limitées.
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