Bannir les pailles de plastique enrichit des patrons
25 février 2022
Dominique Lemoine
Bannir les pailles en plastique et réduire les émissions de méthane a rapporté en 2021 une prime de performance au chef de la direction de Starbucks.
Selon le Financial Times, lier les primes et autres rémunérations de la haute direction à des cibles basées sur des facteurs environnementaux, sociaux et de gouverne d’entreprise est une tendance croissante au sein des entreprises étasuniennes.
Par exemple, Apple et Disney ont précédé Starbucks dans l’ajout de cibles liées au milieu de travail et à l’environnement.
« Les rémunérations liées à la responsabilité sociale des entreprises ont bondi au-delà de 20 % dans les entreprises inscrites à l’indice Russell 3000, contre 7 % en 2018 », selon Institutional Shareholder Services ESG, la division d’investissement responsable du cabinet-conseil en votation ISS.
En ce qui concerne le chef de la direction de Starbucks, Kevin Johnson, 10 % de ses primes annuelles étaient liées à des dispositions environnementales et un autre 10 % était lié à des mesures de diversité et d’intégration sur le lieu de travail.
Comme c’est commode
Cela dit, des gestionnaires d’actifs s’inquiètent que dans certains cas des régimes de rémunération flous, à dessein, puissent prévoir des primes pour des gestes faciles, de manière à remplacer temporairement des primes habituellement obtenues sur la base de cibles de rendement boursier plus difficiles à atteindre dans des contextes de turbulences boursières.
Les entreprises « peuvent anticiper où nous sommes dans le cycle » des valeurs boursières et ajuster les régimes de rémunération en conséquence, « c’est absolument une préoccupation de tous les investisseurs à long terme », laisse entendre John Hoeppner, responsable de l’intendance chez Legal & General Investment Management America.
Les indicateurs ESG utilisés par les entreprises aux États-Unis pour établir les rémunérations des hauts dirigeants sont la plupart du temps fourre-tout, qualitatifs plutôt que quantitatifs, et inclus dans des programmes de rémunération à court terme, selon Caitlin McSherry, vice-présidente et directrice de la gérance et de l’investissement chez Neuberger Berman.
Chez Apple, des primes basées sur des critères ESG avaient été prévues pour 2021, mais n’ont pas été versées parce que les hauts dirigeants ont atteint leurs cibles basées sur les ventes et sur les revenus, toujours selon le Financial Times. Les régimes de primes et de rémunérations sont votés dans le cadre des assemblées annuelles des actionnaires et seront scrutés à la loupe en 2022.
Des investisseurs institutionnels passifs font pression depuis un certain temps pour que les entreprises opèrent des transitions sincères vers l’intégration de considérations ESG et de la prise en compte du bien-être de toutes les parties concernées dans leurs prises de décisions, en particulier par l’entremise de leur appui à des propositions d’actionnaires. Ces investisseurs institutionnels subissent eux-mêmes la pression de certains de leurs clients pour prendre cette direction.
De plus, 48 % des consommateurs et 83 % des personnes de la génération du millénaire se soucient de l’ESG, selon une sondage mené par la firme Nielsen en 2019 et rapporté par Harvard Business Review. Selon un autre sondage rapporté par la Harvard Business Review, neuf employés sur dix affirment qu’ils échangeraient une partie des revenus de leur vie en échange d’un plus grand sens à leur travail.
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