Chantage et menaces de répercussions sur la population
Montréal, le 24 mars 2017 — La possibilité d’une interdiction des commissions qui sont versées aux conseillers financiers incite certaines parties prenantes de ces industries à recourir à la bonne vieille manipulation émotive.
Selon la compagnie d’assurance privée The Edge Benefits, si on empêche les fournisseurs de produits d’assurance de verser des commissions à des conseillers en assurance et si on empêche les fournisseurs de véhicules de placement de verser des commissions à des conseillers financiers, les conseillers refileront des factures d’honoraires de 100 à 300 dollars à ceux de leurs clients qui veulent obtenir des conseils en assurance ou en placement.
Ce refrain connu rappelle celui des entreprises de télécommunications qui menacent de refiler aux consommateurs la facture de toute réglementation ou contrainte envisagée, ou encore celui de regroupements de médecins ou de minières qui menacent de partir si jamais leurs désirs ne sont pas comblés.
Le site d’information Conseiller mentionne que la prise de position de The Edge Benefits s’inscrit dans le contexte d’une « campagne grand public » pour contrer la possibilité que les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) interdisent les commissions versées aux conseillers financiers.
Toujours selon le magazine Conseiller, l’Association professionnelle des conseillers en services financiers « s’est […] déclarée hostile à une éventuelle disparition des commissions » de suivi et le Conseil des professionnels en services financiers « a […] décidé de prendre les grands moyens pour mobiliser le public et ses membres en lançant un appel à la mobilisation afin de contrer la future décision des ACVM ».
De plus, Conseiller rapporte qu’une présidente et directrice en gestion d’actifs pour Bridgehouse aurait aussi laissé entendre, en mai 2016, que l’abolition des commissions « dissuaderait » des moins nantis d’obtenir des conseils financiers.
Le président du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), Daniel Thouin, rappelle que les petits salariés et les moins bien nantis « bénéficient déjà de conseils gratuits des employés des caisses ou banques avec qui ils font affaire ».
À son avis, cette campagne de lobbyisme en cours est « un cri d’alarme concerté qui vient des conseillers qui reçoivent en commission beaucoup plus que ce qu’ils accordent en service ».
« En se prétendant du côté des petits détenteurs de portefeuille, des petits épargnants et de l’éthique, une industrie à but lucratif veut maintenir son privilège de soutirer des revenus sans égard au rendement des placements qu’elle conseille », explique Daniel Thouin.
Daniel Thouin fait remarquer que ce discours de l’industrie financière ne mentionne pas le nombre de petits épargnants et investisseurs qui seraient supposément affectés ou dissuadés de rechercher des conseils financiers, et que malheureusement les petits salariés n’ont souvent de toute façon pas la marge de manoeuvre nécessaire pour placer des montants substantiels qui requièrent des conseils financiers plus avancés.
Résolument du côté de l’abolition des commissions de suivi, le MÉDAC considère davantage inadmissible que des conseils reçus et des résultats de placements de petits épargnants puissent varier, ainsi qu’être biaisés et être en apparence de conflits d’intérêts, en fonction des formes de rémunération de leurs conseillers par les fournisseurs de produits financiers.
Lire aussi :
Abattre les conflits d’intérêts les uns après les autres ›››
Moins d’un épargnant sur 50 aborderait le sujet de la rémunération de son conseiller ›››