Des actionnaires jugent débridés certains émoluments
28 mai 2021
Dominique Lemoine
Des refontes pendant la pandémie de régimes de rémunérations de chefs de direction pour faciliter leur accès à une rémunération dans les 10 millions de dollars ont soulevé et intensifié l’ire de certains actionnaires et investisseurs individuels et institutionnels.
Selon FT et Reuters, des actionnaires et des investisseurs « mécontents » se sont ainsi « révoltés » durant la saison 2021 des assemblées annuelles des actionnaires (AAA) contre des bonis et des décisions de réécrire des incitatifs à court et à long terme, de manière à rendre des cibles de performance plus faciles à atteindre.
Selon une source citée par FT, « alors que des entreprises cessaient des activités et mettaient des travailleurs au chômage en 2020, des centaines de conseils d’administration ont réinitialisé leur régime de bonis pour exclure les pires mois des critères, ou pour ajouter des indicateurs ».
Selon une analyse rapportée par Reuters, des investisseurs pensent que modifier les cibles de performance « est indu et démoralise les employés qui ne sont pas blindés ainsi », et ils rejettent ce qui « déconnecte le lien entre rémunération et performance ».
En plus de rémunérations exorbitantes qui sautent aux yeux, il existe, selon une opinion publiée par FT, des rémunérations aux alentours d’un million de dollars juste assez basses pour passer inaperçues, mais excessives par rapport à la performance « médiocre » de leur bénéficiaire.
Vague de mauvaises notes aux votes consultatifs
En conséquence, selon FT, les sociétés ouvertes des États-Unis ont obtenu leurs plus bas niveaux d’approbation des régimes de rémunération depuis que les votes consultatifs sont devenus obligatoires il y a dix ans, dans le contexte de la réforme financière Dodd-Frank.
Par exemple, selon le cabinet-conseil Farient, en date du 26 mai 2021, 25 entreprises inscrites à l’indice boursier S&P 500 ont obtenu auprès de leurs actionnaires des consentements de moins de 75 % à l’égard du régime de rémunération proposé, contre 16 en 2020.
Selon le cabinet-conseil en votation Institutional Shareholder Services (ISS), la note de passage en matière de rémunération de la direction est de plus 70 %. Glass Lewis considère plutôt que 80 % est le seuil au-dessus duquel les entreprises doivent se maintenir.
Les régimes de rémunération de la haute direction qui ont été soumis au vote non contraignant des actionnaires des entreprises Intel, Halliburton, Starbucks, AT&T, General Electric et Rio Tinto, entre autres, sont considérés comme ayant été rejetés.
Lire aussi :
Aux grands maux certains refusent jusques aux petits remèdes ›››
Réduire le salaire d’un PDG et accroître sa rémunération en même temps ›››