Des actions sincères devront suivre les campagnes d’image
10 avril 2020
Dominique Lemoine
Des actionnaires et autres parties intéressées surveilleront de près en 2020 et 2021 la cohérence des actions des entreprises qui auront mis à pied des travailleurs ou qui en auront réduit la rémunération dans le contexte de la pandémie de COVID-19, et ce, tout en implorant leurs États pour obtenir de l’aide.
Selon un dirigeant du cabinet-conseil en administration Hermes EOS, dont les propos sont rapportés par le Financial Times (FT), les entreprises qui décideront donc de mettre à pied des travailleurs ou de réduire des salaires de travailleurs seront « sages de s’assurer que le fardeau soit aussi porté par le conseil d’administration et par la haute direction ».
Par exemple, l’entreprise d’équipements de formation au transport aérien CAE a déjà annoncé une mise à pied « temporaire » de 2600 employés et une réduction des heures de travail de 900 autres employés, ainsi qu’une réduction salariale de 50 % pour son chef de la direction. Elle ajoute « tenter d’accéder aux mesures » publiques d’urgence.
Pression des pairs
Selon le FT, alors que les entreprises prennent des mesures pour réduire leurs dépenses d’exploitation, « les hauts dirigeants font face à des demandes pour faire eux aussi des sacrifices », par exemple en consentant à des ajustements à leur rémunération globale.
Des entreprises en profitent, par exemple, pour se vanter que leur plus haut dirigeant donnera une partie de son salaire à des oeuvres de charité ou qu’il y renoncera en totalité.
Derrière les belles paroles
Cependant, au-delà des opérations de relations publiques, des cabinets-conseils mettent en garde leurs clients-investisseurs au sujet de « dirigeants qui consentent seulement à des baisses symboliques de leur salaire tout en conservant leur rémunération en primes, en actions et en avantages de retraite ».
« Les primes représentent souvent la plus grosse portion de la rémunération globale », tandis que l’octroi d’options et de parts en contexte de plancher boursier peut se transformer en « manne financière considérable », mentionne aussi le FT.
Un autre texte du FT laisse entendre que « les comités de rémunération [au sein du conseil d’administration] auront un rôle important pour modérer les rentrées d’argent indues », en particulier en matière de rémunération sous forme d’incitatifs à long terme.
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