Le marché boursier du Canada sous l’effet du cannabis

16 octobre 2018
Dominique Lemoine

Les volumes de transactions des actions des producteurs et distributeurs de cannabis figurent parmi les plus élevés à l’approche de la légalisation de ce produit le 17 octobre.

Les trois titres inscrits aux indices TSX, TSXV ou Alpha qui étaient les plus transigés le mardi 16 octobre 2018 à 16h étaient ceux d’Aurora Cannabis (70,7 millions d’actions), Aphria (15,5 millions d’actions) et Hexo (13,0 millions d’actions).

Aux rangs six et sept on retrouvait les titres de Canopy Growth (8,7 millions d’actions) et Cronos Group (7,3 millions d’actions), tandis que les rangs douze et treize étaient occupés par The Green Organic Dutchman Holdings (4,1 millions d’actions) et CannTrust Holdings (3,9 millions d’actions).

Les titres de trois entreprises (Royal Nickel, NextSource Materials et Cequence Energy) qui sont liées aux ressources naturelles (mines, gaz et pétrole), ainsi que de Bombardier (classe B) et Manulife, complétaient le top 10.

Effet du hasard libéral et paradis artificiels

Le producteur de cannabis Canopy Growth a été fondé par Chuck Rifici, qui a été responsable des finances au Parti libéral du Canada (PLC) de septembre 2011 à juin 2016, selon sa page LinkedIn.

Le chroniqueur Michel Girard relève que la valeur boursière des 14 sociétés liées au cannabis qui sont inscrites à la Bourse de Toronto atteint désormais 47 milliards de dollars, comparativement à 3 milliards de dollars au moment de l’élection du PLC en octobre 2015.

Les valeurs boursières de Canopy (17 milliards comparativement à 501 millions de dollars en octobre 2015 alors qu’il ne détenait qu’une licence de production de cannabis médical) et d’Aurora (14,4 milliards) seraient désormais plus élevées que celles de Saputo (11,5 milliards), Power Corporation (11,3 milliards), Metro (10,4 milliards) et Bombardier (9,5 milliards).

La « présence très controversée de nombreux ex-ministres et députés influents du PLC au sein de plusieurs entreprises du secteur » avait aussi été relevée par La Presse en février 2018.

De plus, selon le Journal de Montréal et La Presse, des producteurs de cannabis autorisés auraient reçu du financement extraterritorial en provenance de paradis fiscaux, par exemple, dans le cas de Cannabis Wheaton Income, d’un « fonds alternatif (hedge fund) canadien géré à partir du paradis fiscal des îles Caïmans ».

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