Donner à l’injustice quelques complications
Montréal, le 10 août 2015 — L’éventuelle obligation pour les sociétés ouvertes de divulguer un ratio de rémunération n’aidera pas à réduire les salaires démesurés des hauts dirigeants, selon des textes publiés par l’opportuniste The Economist et le cynique The Independant.
Selon le premier, dont le discours habituel fait écho à celui de chambres de commerce qui sont la plupart du temps contre ce genre de règles, le règlement adopté par la Securities and Exchange Commission (SEC) aux États-Unis ne fonctionnera pas, puisque des entreprises pourraient décider de manipuler le calcul du ratio en convertissant des emplois permanents à temps plein en contrats précaires de sous-traitance.
De plus, selon The Economist, puisque la règle prévoit que le calcul du revenu du travailleur médian puisse exclure jusqu’à 5 % du nombre de travailleurs à l’étranger, les entreprises pourraient aussi décider de délocaliser plus de travail à l’extérieur de leur pays d’origine. Enfin, The Economist ajoute que le règlement fait injustement bien paraître les banques, dont le salaire médian est par exemple supérieur à celui des chaînes de restauration.
Selon le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), que The Economist soit inhabituellement prêt à présenter la sous-traitance et la délocalisation comme des éléments négatifs, ainsi qu’à s’en prendre aux banques, dans le cadre d’une campagne de peur auprès des travailleurs pour décrédibiliser la décision de la SEC, montre à quel point cette règle embarrasse les dirigeants et qu’elle est très importante pour réduire les inégalités.
Le MÉDAC considère que la SEC ne devrait pas restreindre ses luttes et outils de réformes en fonction des menaces de contournement de ces outils par une classe accumulatrice qui se dit persécutée et qu'elle doit continuer à fournir quelques complications même imparfaites aux défenseurs de l'iniquité.
Bien qu’il se présente comme étant plus conscient de la nécessité de réformer le monde des affaires, le texte publié par The Independant affirme que le règlement ne changera rien en raison d’un dit manque d’intérêt envers ce ratio de la part d’une majorité de principaux concernés, soit les travailleurs qui n’auraient pas le temps de se battre pour améliorer leurs conditions et dont la préoccupation serait la réception du prochain chèque de paye quel qu’il soit.
Il s’agirait là d’une bien triste situation d’asservissement et le MÉDAC propose de la combattre grâce à son programme de formation financière pour les travailleurs et les épargnants investisseurs. Car comme le mentionne le texte publié par The Independant, « à long terme, la rémunération excessive des directions aux dépens de tout le monde est contre-productive pour la société ».
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