Où vont les votes des gens?
Montréal, le 28 avril 2025 — Comment expliquer le grand écart observé entre l’opinion publique d’une part et celle des actionnaires — notamment des banques — d’autre part, actionnaires dont fait pourtant partie une portion significative de la population[1], par le truchement de leur épargne, de leurs investissements, de leurs placements en Bourse, de leurs fonds communs de placements et de leurs caisses de retraite, voire des régimes publics?
La saison des assemblées annuelles des actionnaires des 7 plus grandes banques est maintenant terminée et l’on remarque, entre autres faits saillants, le très faible niveau d’appui à une proposition d’actionnaire — du MÉDAC — réclamant la divulgation des langues dont la maîtrise est exigée, par les banques, de leurs employés.
Or, selon un sondage Léger mené en 2025, une forte majorité de la population est en faveur de cette divulgation. Aussi, pourquoi ce grand écart?
Si la population appuie la mesure, cet appui devrait théoriquement se traduire par un pourcentage d’appui significatif au moment du vote sur la mesure. Or, il n’en est rien.
Il faut donc en déduire que les mécanismes permettant aux gens, dans la population en général, d’exercer les droits de votes attachés aux actions — dont ils sont propriétaires — des compagnies cotées en Bourse sont juchés d’embûches.
Parmi ces entraves à l’exercice de leurs droits de vote par les gens de la population, il y a l’hypothèse de l’inefficacité des moyens pour les informer de ce qu’il détiennent effectivement des droits de vote; l’absence de moyens spécifiques pour les informer des enjeux qui les concernent et les intéressent dans les sujets soumis au vote; l’impossibilité d’exercer leur vote quand les actions sont détenue par une caisse de retraite; l’impossibilité, dans la plupart des cas, de communiquer leurs préférences de vote quand leurs actions sont détenues par le truchement d’un fonds commun de placement ou un fonds indiciels; l’absence d’information dans les médias sur le véritable exercice du pouvoir que permettent ces droits de vote; etc.
Il est grand temps que l’État se penche sur ce déficit démocratique et le règle, en changeant notamment les obligations juridiques des intermédiaires quant aux droits de vote et à leur exercice par les gens.
[1] Estimation de l’extrémité supérieure de la distribution du patrimoine familial au Canada : mises à jour et tendances, Bureau du directeur parlementaire du budget, Ottawa, 2021 https://www.pbo-dpb.ca/fr/publications/RP-2122-023-M--estimating-top-tail-family-wealth-distribution-in-canada-updates-trends--estimation-extremite-superieure-distribution-patrimoine-familial-canada-mises-jour-tendances
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Source : Le MÉDAC