La Caisse de dépôt a-t-elle assez de votes pour fouetter Bombardier?
Montréal, le 08 mai 2017 — La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) devra recevoir un coup de main d’autres actionnaires pour raisonner le conseil d’administration de Bombardier.
La Presse canadienne (PC) rapportait lundi que la CDPQ s’oppose à l’approche de Bombardier en matière de rémunération de ses patrons et à la réélection de Pierre Beaudoin au conseil d’administration (CA), en plus de favoriser la nomination d’un administrateur indépendant à la tête du CA, mais aussi que la famille Beaudoin-Bombardier contrôle 53,23 % des droits de vote.
En après-midi lundi, selon Radio-Canada, la position de la CDPQ à l’égard de la réélection de Pierre Beaudoin était l’abstention.
Le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) considère important de souligner à l’ensemble des actionnaires de Bombardier que la CDPQ ne possède, grâce aux actions de catégorie A et B de Bombardier qu’elle détient, qu’environ 100 millions de votes sur un total d’environ 5 milliards de votes associés au total des actions de Bombardier, donc 2,08 %. En effet, selon la circulaire de la société, les « actionnaires principaux » (les Bombardier) et les « membres de la famille immédiate des actionnaires principaux » détiennent 13,26 % des actions leur conférant le contrôle de 53,23 % des droits de votes, par le jeu des actions à droit de vote multiple.
D’ailleurs, selon Michel Nadeau, qui est directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP) et dont les propos sont rapportés par la PC, la Caisse de dépôt « veut que les autres actionnaires tiennent compte de son message ».
Selon la PC, ce message est notamment que la CDPQ considère que le CA « a erré en approuvant la politique de rémunération [des dirigeants] qui a suscité un tollé au sein de la population ». Bombardier a d’ailleurs conséquemment repoussé à 2020 des paiements qui devaient être versés à ses six plus hauts dirigeants, rappelle aussi la PC.
Rappelons aussi que l’image de la CDPQ au sein de la population a récemment elle-même été mise à l’épreuve par son refus de s’engager à limiter ou à réduire ses placements dans des entreprises qui utilisent des paradis fiscaux, par la démission de son chef des placements Roland Lescure pour joindre Emmanuel Macron, ainsi que par ses investissements dans l’industrie pétrolière et dans le secteur de l’acquisition de terres agricoles.
En après-midi lundi, Radio-Canada rapportait que Bombardier « prenait note » de la position exprimée par la CDPQ.
À l’assemblée annuelle des actionnaires de Bombardier jeudi, le MÉDAC s’opposera lui à la politique de rémunération des hauts dirigeants qui sera proposée par le conseil d’administration.
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