Alain Deneault questionne La Presse

25 janvier 2016
Dominique Lemoine

Le traitement médiatique des paradis fiscaux effectué par La Presse pourrait être à géométrie variable, laisse entendre Alain Deneault.

Dans un billet publié sur le site de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), l’auteur de Paradis fiscaux: la filière canadienne (2014) explique que la question des paradis fiscaux semble n’intéresser le quotidien La Presse que lorsqu’elle implique « un ancien concurrent commercial devenu concurrent politique » et qu’elle peut être « instrumentalisée à des fins tactiques ».

L’auteur fait remarquer que le discours de l’Opposition officielle (Parti québécois), malgré un « passé offshore » de sa tête d’affiche Pierre Karl Péladeau que Deneault ne remet pas en question, semble la ranger dans le camp des « partisans d’un mandat d’initiative sur les paradis fiscaux au sein de la Commission des Finances à Québec ». Il suggère que La Presse pourrait vouloir discréditer ce discours.

Par contre, fournissant comme exemple un texte de Francis Vailles qui lui a semblé idéologiquement entretenir la confusion et atténuer le « caractère injustifiable » des paradis fiscaux et les « conséquences délétères » des activités des banques et industries, Deneault soutient que La Presse « s’empresse à minimiser toute prise de conscience publique du problème des paradis fiscaux sur un mode global et systémique ».

Au sujet des « pertes massives que subissent les États » liées à l’évitement fiscal, selon Alain Deneault, « lorsqu’il s’agit d’en faire un enjeu de société large valant comme modèle explicatif de la crise financière et économique contemporaine, des scribes [de La Presse] sont appelés en renfort pour étouffer la question ».

Deneault ajoute que les pratiques d’évitement fiscal permettent à des entreprises, « telles que celle qui détient La Presse [Power Corporation] », de « jouir d’un régime de sur-représentation [politique] sans imposition ».

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