Le CA de Twitter a choisi le camp de la spéculation
29 avril 2022
Dominique Lemoine
La tentative d’acquisition de Twitter par Elon Musk braque les projecteurs sur les devoirs et les rôles du conseil d’administration des entreprises cotées en bourse à l’égard des actionnaires et de la société dans son ensemble.
L’investisseur Elon Musk est en voie d’acquérir le réseau social Twitter et d’en faire une entreprise non cotée en bourse en échange de 44 milliards de dollars, sur la base d’un accord rendu public lundi qui a été conclu avec le conseil d’administration de Twitter, qui avait d’abord tenté de s’opposer à une telle acquisition avec une dragée toxique ou pilule empoisonnée.
Dans le cadre de cet accord, s’il est approuvé par les actionnaires lors d’un vote dont le moment n’a pas encore été déterminé, ainsi que par les autorités réglementaires, les actionnaires de Twitter recevront 54,20 dollars par action détenue. L’assemblée annuelle des actionnaires de Twitter doit avoir lieu le 25 mai 2022.
Par communiqué, le président du conseil d’administration de Twitter a affirmé que l’entreprise a effectué un processus d’évaluation de la proposition de Musk en concentrant son attention « sur la valeur, la certitude et le financement », de même que sur la prime de 38 % pour les actionnaires par rapport à la valeur de l’action de Twitter au 1er avril 2022.
« Nous croyons qu’il s’agit de la meilleure voie à suivre pour les actionnaires de Twitter », a-t-il ajouté.
Des actionnaires, autorités, observateurs et utilisateurs laissés en plan
Tous les actionnaires n’ont cependant pas les mêmes attentes en termes de prime, en fonction de leur stratégie d’investissement, selon des sources dont les propos ont été rapportés par le Wall Street Journal et le Daily Mail.
« Des actionnaires actifs à long terme, dont les fonds indiciels, ont des attentes plus élevées en termes de prix, dans les 60 dollars par action pour certains », tandis que « des investisseurs qui s’intéressent au court terme, comme des fonds spéculatifs, veulent que Twitter accepte l’offre de Musk ou demande juste sa légère bonification », selon ces sources.
Selon Radio-Canada, des autorités réglementaires comme la Securities and Exchange Commission (SEC) et des parties concernées comme des utilisateurs de Twitter se préoccupent notamment de la possibilité que Musk puisse utiliser ses propres micromessages sur sur son propre réseau social pour favoriser sa propre bonne fortune dans ses propres activités et projets parallèles, le tout sous le couvert de la « liberté d’expression » et avec des risques de délits d’initiés et de manipulation des cours boursiers.
Selon un juge du tribunal des États-Unis pour le district sud de New York, la liberté d’expression « ne lui permet pas [à Musk] d’émettre des commentaires qui sont ou pourraient être considérés comme frauduleux ou contraires aux lois boursières ».
De plus, des actionnaires de Tesla ne verraient pas d’un bon oeil des risques de répercussions sur Tesla de l’acquisition de Twitter par Musk, par exemple dans le cas où Musk aurait utilisé des actions de Tesla comme garantie de prêts bancaires.
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