100 000 façons de faire meilleure figure
5 mars 2021
Dominique Lemoine
Sur les 100 000 façons de mystifier un investisseur voici certaines des plus efficaces : faire passer des difficultés fondamentales pour des difficultés pandémiques, et brandir des valeurs pour gagner du temps à pouvoir faire le strict minimum.
Des investisseurs exigent plus de transparence de la part des entreprises Ă©mettrices, afin de leur permettre de prendre des dĂ©cisions de placements plus Ă©clairĂ©es, mais des intĂ©rĂȘts des dirigeants peuvent les inciter Ă plutĂŽt tendre vers le flou artistique.
Selon le Wall Street Journal, une « bĂȘte noire » des autoritĂ©s rĂ©glementaires et des investisseurs par les temps qui courent est une tendance des entreprises à « exclure trimestre aprĂšs trimestre des coĂ»ts exceptionnels liĂ©s au coronavirus ».
Une autre est la tentation « dâutiliser la pandĂ©mie en tant que camouflage pour ne pas inclure des dĂ©penses rĂ©guliĂšres dans des mesures comptables non gĂ©nĂ©ralement reconnues », affirme le WSJ dans son article intitulĂ© « Companies Put the Best Face on Covid-19âs Financial Impact ».
« Les entreprises devraient ĂȘtre habituĂ©es de fonctionner sous le coup de la Covid-19 Ă ce point-ci », selon le vice-prĂ©sident du groupe Credit Roundtable, qui reprĂ©sente des investisseurs institutionnels, et dont les propos sont rapportĂ©s par le WSJ.
Ă son avis, « une fraction des entreprises sâaccrochera Ă cette excuse » pour un certain temps, et « plus la pandĂ©mie continue, plus il devient difficile pour les entreprises [et donc pour les actionnaires et investisseurs] de distinguer les coĂ»ts non-rĂ©currents et les effets causĂ©s par la Covid-19 » de ceux qui ne le sont pas.
Poudre aux yeux en diversité
Dans un communiquĂ© de presse, le gouvernement britannique recommande aux entreprises de « se mettre au dĂ©fi », et de « pousser afin dâaller au-delĂ de la poudre aux yeux pour faire en sorte que plus de femmes atteignent les plus hauts rangs dĂ©cisionnels ».
« Il y a eu un lent progrĂšs dans les postes les plus importants. Je refuse de croire que 85 % des meilleurs dirigeants sont mĂąles », a dĂ©clarĂ© Sir Philip Hampton, prĂ©sident de la Hampton-Alexander Review, une enquĂȘte sur cinq ans sur le dĂ©sĂ©quilibre entre les sexes.
Poudre aux yeux en environnement
Par ailleurs, selon le fondateur de Science Based Targets, une initiative de surveillance des plans de rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre, des entreprises ont un site internet et des rapports de durabilitĂ© qui « paraissent bien », mais « il nây a pas beaucoup de substance derriĂšre leurs engagements ».
Par exemple, selon le New York Times, des entreprises prĂ©tendent vouloir rĂ©duire leur impact climatique sans fournir de cibles de rĂ©duction de leurs Ă©missions (Costco et Netflix), dâautres prennent des engagements sans faire de progrĂšs (Cargill et Levi Strauss), et dâautres brandissent des objectifs qui reposent sur lâutilisation de technologies qui nâexistent pas encore (Google et Microsoft).
Grands parleurs et petits faiseurs
En rĂ©ponse Ă des allĂ©gations, rapportĂ©es dans les mĂ©dias, de harcĂšlement sexuel gĂ©nĂ©ralisĂ© contre des employĂ©es dans des restaurants de la chaĂźne McDonaldâs, son chef de la direction a lui-mĂȘme Ă©voquĂ© la possibilitĂ© que les actions de lâentreprise puissent ne pas avoir Ă©tĂ© Ă la hauteur de ses valeurs affichĂ©es en matiĂšre de mesures de sĂ©curitĂ© sur ses lieux de travail.
« Si jamais nous dĂ©couvrons que nous nâavons pas Ă©tĂ© Ă la hauteur de nos valeurs, nous devrons admettre nos erreurs et rectifier le tir », a affirmĂ© Chris Kempczinski par communiquĂ©. Le chef de la direction a ajoutĂ© que lâentreprise a l'intention de sâinspirer des « meilleures pratiques actuelles », laissant ainsi entendre que le maximum nâavait pas dĂ©jĂ Ă©tĂ© fait pour protĂ©ger les employĂ©es.
Lire aussi :
Des actions sincĂšres devront suivre les campagnes dâimage âșâșâș
Des entreprises enfouissent lâinformation en annexe âșâșâș