La neutralité ne change pas le monde
7 novembre 2020
Dominique Lemoine
Un total de 21 propositions d’actionnaires concernant des enjeux sociaux et environnementaux auraient reçu l’appui d’au moins la majorité des actionnaires d’une entreprise, à travers le monde en 2020.
Selon le Financial Times (FT), sur la base d'informations produites par Proxy Insight (un fournisseur de données au sujet des votes des actionnaires à travers le monde), ce total représente un record par rapport aux 13 propositions majoritairement soutenues en 2019 et 2018, ainsi qu’aux 5 propositions majoritairement soutenues en 2017.
Sur un total de 233 propositions d’actionnaires soumises au vote des actionnaires au sujet d’enjeux sociaux et environnementaux, environ la moitié auraient reçu au moins 20 % des appuis.
« Nous voyons le passage de la parole aux actes, les politiques des gestionnaires d’actifs sur ces enjeux correspondent à leurs décisions de votation », en particulier en matière de diversité, selon une conseillère en investissement sur la base de critères ESG, dont les propos sont rapportés par FT.
Cette dernière soutient que les votes des gestionnaires d’actifs aux AAA sont habituellement alignés avec les recommandations de la direction de l’entreprise, donc rarement alignés avec les « rébellions d’actionnaires », mais que leur engagement croissant augmente désormais la pression sur les entreprises pour qu’elles s’occupent des préoccupations des investisseurs avant les votes.
Front commun : clients, public et gestionnaires d’actifs?
Ce renversement s’explique à son avis en partie par les demandes des clients, de même que par la surveillance, par le public, des historiques de votation des gestionnaires d’actifs aux assemblées annuelles des actionnaires (AAA) des entreprises.
De plus, selon un directeur du placement pour le gestionnaire d’actifs anglais Aviva Investors, lui aussi cité par FT, l’AAA est devenu un outil qui permet aux actionnaires de s’assurer que les entreprises dont ils détiennent des actions ont un plan pour faire face au changement climatique.
« Nous préférons demeurer engagés et partenaires des entreprises pendant qu’elles développent leur stratégie, mais l’action punitive à l’assemblée générale est un levier accentué pour faire face aux entreprises traînardes avant la sanction ultime du désinvestissement », précise-t-il au sujet de l’approche de son organisation.
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