Les riches craignent les fourches caudines

22 janvier 2020
Dominique Lemoine

Craignant le sort que leur réserve la plèbe, 121 millionnaires ou milliardaires ont signé une lettre conjointe dans laquelle ils implorent leurs semblables à travers le monde d’accepter de payer plus de taxes et d’impôts afin de réduire les inégalités galopantes.

Le groupe nommé Patriotic Millionnaires affirme dans sa lettre intitulée Millionnaires Against Pitchforks (pour millionnaires contre les fourches, en référence à cet outil paysan accessible utilisé comme arme de fortune lors des révoltes de défavorisés), que deux catégories de gens riches existent sur la Terre, « ceux qui préfèrent les taxes et ceux qui préfèrent les fourches ».

Le groupe de nantis, qui se réclame de la première catégorie et qui profite de la tenue du Forum économique mondial à Davos pour partager ses inquiétudes, soutient que des études montrent qu’un minimum de huit billions de dollars et 10 % du produit intérieur brut (PIB) mondial sont accumulés dans des paradis fiscaux.

Selon les membres du regroupement, qui disent faire partie de la « classe la plus privilégiée d’êtres humains » de l’histoire, la planète compte plus de milliardaires que jamais, tandis que les revenus de la moitié la plus pauvre de l’humanité restent inchangés.

Avant qu’il ne soit trop tard pour se déculpabiliser

Les signataires de la lettre prient leurs homologues de demander à leurs gouvernements des taxes et des impôts « plus élevés et plus justes », ainsi que « d’aider à empêcher l’évasion fiscale par les entreprises et les individus » en appuyant des réformes fiscales nationales et internationales.

Autrement, le groupe laisse entendre que le scénario sera « désastreux pour tout le monde, incluant les millionnaires et milliardaires », en particulier pour ceux qui seront blâmés.

« Une inégalité extrême déstabilisatrice est en croissance sur la planète » et dans plusieurs pays des « tensions causées par l’inégalité ont atteint des niveaux de crise », a écrit le groupe.

Ce dernier se montre craintif d’une « faible confiance sociale » et d’un « sentiment généralisé d’injustice » qui affaiblissent la « cohésion sociale » à l’intérieur des pays, ainsi que d’une dynamique globale qui « exacerbe les tensions entre les pays » et qui « garantit l’échec de la réaction de la communauté internationale à la catastrophe climatique qui se dessine ».

À son avis, les taxes et les impôts, et non pas la philanthropie, sont « la meilleure et la seule manière appropriée d’assurer l’investissement adéquat dans ce que la société a besoin ».

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