L’indiscipline des patrons provoque l’intervention de l’État?

12 juin 2018
Dominique Lemoine

Les entreprises avec plus de 250 employés en Angleterre, au pays de Galles, en Écosse et en Irlande du Nord pourraient devoir divulguer et justifier leur écart de rémunération entre le grand patron et le travailleur moyen, ainsi que les effets à long terme de leur politique de rémunération sur leur performance et leur rendement.

Le gouvernement central du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord affirme, dans un communiqué, que ces règles dévoilées lundi au parlement britannique font partie d’un ensemble de réformes qui visent à « exiger des comptes aux grandes entreprises au sujet des salaires qu’elles versent ».

Ainsi, « les entreprises inscrites en Bourse, pour respecter la loi, devront publier et justifier annuellement la différence de rémunération entre leurs hauts dirigeants et leur personnel (travailleur britannique moyen) », ainsi que démontrer que la rémunération du chef est proportionnelle aux rendements obtenus.

Les entreprises devront aussi expliquer comment leurs dirigeants tiennent compte des intérêts des employés, des épargnants et des actionnaires, dans un contexte où plusieurs parmi ces derniers ont récemment voté contre des niveaux de rémunération excessifs dans le cadre de votes consultatifs des actionnaires.

Poudre aux yeux?

Cependant, selon des avis qui sont rapportés par The Guardian, des syndicats et l’opposition travailliste font remarquer que ces règles sont insuffisantes pour résoudre le problème de « l’inégalité enracinée » qui maintient des travailleurs et des travailleuses dans la pauvreté malgré leur emploi, et qu’elles avaient déjà été annoncées une première fois en août 2017.

« Les patrons gros bonnets sont des maîtres en autojustification et pour ignorer l’indignation publique », selon une secrétaire générale de syndicat.

Le gouvernement reçoit par ailleurs le soutien du groupe de pression patronal Confederation of British Industry (CBI), comparable au Conseil du patronat au Québec. Sans surprise, cette organisation ne manque cependant pas de recommander d’éviter d’utiliser le ratio de rémunération pour faire des comparaisons entre les entreprises et les secteurs.

Sujettes à une approbation parlementaire, les règles pourraient entrer en vigueur le 1er janvier 2019, ce qui signifie que les entreprises pourraient commencer à divulguer leur ratio en 2020.

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