La Banque laurentienne négocie avec ses employés

16 février 2018
Dominique Lemoine

Après avoir déclaré une augmentation de 36 % de ses bénéfices annuels pour son exercice financier 2017, qui ont atteint 151,9 millions de dollars, la Banque laurentienne fait les manchettes pour son rapport au syndicat.

Selon la version du Syndicat des employées et des employés professionnels-les et de bureau (SEPB) de la Banque laurentienne rapportée par l’Agence QMI, la banque chercherait « à se débarrasser du syndicat pour procéder à une transformation visant à réduire le service bancaire au comptoir, abolir la sécurité d’emploi et avoir la mainmise sur les salaires et le bonus aux employés ».

QMI rapporte qu’une requête de révocation du syndicat avait été déposée en novembre 2017 par la banque. Pas de quoi entretenir son image de proximité des épargnants par rapport aux six plus grandes banques du Canada, une image qui avait été récemment renforcée grâce à la publication d’un ratio de rémunération plus équitable que celui de ses pairs.

Les six plus grandes banques du Canada ont d’ailleurs récemment augmenté leurs taux d’intérêt hypothécaires en même temps, fait remarquer Léo-Paul Lauzon, comptable et militant en redevabilité sociale des entreprises.

À son avis, ces hausses n’ont « vraiment aucun motif valable sinon celui de doper encore plus leurs profits records [...] année après année », aux dépens de petits emprunteurs et épargnants qui sont systémiquement asservis au remboursement de leurs dettes et qui sont affectés par des hausses constantes de frais bancaires.

De plus, selon Le Devoir, des emprunteurs se tourneraient de plus en plus vers des « prêteurs hypothécaires alternatifs », dans le contexte d’une réglementation fédérale qui aurait « resseré les règles à l’intention des acheteurs [emprunteurs] qui n’ont pas besoin d’une assurance hypothécaire » ou dont l’acception d’emprunt via un prêteur fédéral dépend d’une « simulation de crise » supplémentaire de capacité de « remboursement de prêt hypothécaire ».

« Notre mandat est de veiller à la sécurité et à la soliditié des institutions réglementées par le fédéral », aurait affirmé le surintendant du Bureau du surintendant des institutions financières (BSF), Jeremy Rudlin.

En jouant ainsi aux durs sur le plan socioéconomique, la Banque laurentienne passe peut-être à côté d’une occasion de se distinguer de ses pairs sur le plan de la solidarité.

Les actionnaires à long terme de cette institution bancaire de Montréal devraient se sentir préoccupés par la concurrence des prêteurs alternatifs, par exemple des coopératives d’épargne et de crédit, et ainsi craindre de se retrouver du mauvais côté de l’histoire des peuples.

[Mise à jour 15 h 16]

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