Des millions pour les patrons de Bombardier
30 août 2018
Michel Girard, Journal de Montréal
Un profit de 78 millions $ canadiens. Voilà le montant anticipé que les hauts dirigeants de Bombardier devraient bientôt se partager en liquidant une partie de leurs options sur actions.
Grâce à nous qui, par l’entremise du gouvernement Couillard et de la Caisse de dépôt et placement, avons injecté 3,3 milliards de dollars dans la survie de Bombardier, ses hauts dirigeants ont engrangé une fortune avec la tonne d’options qui leur a été octroyée depuis 2015.
Passer à la caisse
Profitant de la forte hausse du cours de l’action (BBD.B : 4,50 $), qui a triplé de valeur, les dirigeants de Bombardier s’apprêtent à passer au cash, alors qu’ils ont transféré à un courtier en valeurs mobilières de Calgary quelque 30 millions d’options immédiatement exerçables dans le but de revendre les actions acquises sur le marché.
C’est la firme Solium Capital qui a reçu le mandat d’effectuer les transactions des dirigeants de Bombardier. Pour ce faire, le conseil d’administration de Bombardier a créé, le 15 août dernier, un « régime d’aliénation de titres automatique », lequel régime (surnommé RATA) permet l’exercice et la vente de titres acquis par les membres de la haute direction de l’entreprise.
Dans le cadre de ce RATA, les dirigeants, tient-on à préciser, donnent leurs instructions à « un moment où ils ne détiennent aucune information importante inconnue » du public. Et ils « n’exerceront, ajoute-t-on, aucun pouvoir discrétionnaire ni influence » sur la façon dont les ventes d’actions seront effectuées.
Cagnotte de 18 M$ au PDG
Si on tient pour acquis que l’action se négociera autour des 4,50 $ lors de la levée des options et de la revente des actions acquises, à lui seul Alain Bellemare, le président et chef de la direction de Bombardier, devrait empocher une cagnotte de 18,3 millions de dollars. Rappelons que M. Bellemare est le PDG le mieux rémunéré au Québec, avec une rémunération annuelle de 13,8 millions (10,63 millions US). Selon le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (Médac), il gagne 134 fois la rémunération moyenne de ses employés.
Depuis l’implantation du vote consultatif chez #Bombardier en 2011, la politique de rémunération des dirigeants a toujours eu l’appui de la très forte majorité des votes exprimés. Or, la famille Bombardier a 53,23 % des droits de vote de toutes les actions en circulation. #qcinc pic.twitter.com/VXKj54l0XG
— Le MÉDAC (@MEDACtionnaires) 31 août 2018
Son prédécesseur à la tête de la multinationale de la famille Bombardier, Pierre Beaudoin, l’actuel président du conseil d’administration, devrait encaisser avec ses options environ 6 millions de dollars de profits. Convenons que c’est un montant appréciable pour un ex-PDG démis de ses fonctions de grand patron de la multinationale.
Pour sa part, le vice-président principal et chef de la direction financière, John Di Bert, empocherait 12,7 millions de dollars avec le bloc d’options mis en vente. Non loin derrière, on retrouve le président Avions-affaires, David Coleal, avec un profit qui friserait les 12 millions.
Les deux autres membres du top 5 de la haute direction de Bombardier, Fred Cromer (président Avions commerciaux) et Laurent Troger (président Transport) devraient récolter respectivement 9,1 millions et 6,5 millions.
Au top 5 de Bombardier qui passe à la caisse, s’ajoutent six autres dirigeants qui veulent eux aussi arrondir leurs fins de mois avec les profits accumulés sur papier avec leurs blocs d’options. Ces six dirigeants devraient se partager plus de 13,5 millions de dollars.
Soulignons que le bloc de 30 millions d’options exerçables que les dirigeants de Bombardier vont liquider représente moins de la moitié de toutes les options reçues.
Après la liquidation de ce bloc de 30 millions, il leur restera encore 46 millions d’options à exercer. Ce qui devrait leur permettre d’encaisser éventuellement 100 millions de dollars de profits supplémentaires si l’action de Bombardier reste au-dessus de 4,50 $.
Titre sous pression
Depuis un mois et demi, le titre de Bombardier traverse une période difficile. Après avoir touché les 5,58 $ le 11 juillet dernier, il a chuté de 20 %.
La chute s’expliquerait par une prise de profits et une hausse marquée des ventes d’actions à découvert (dont le but, faut-il rappeler, est de faire tomber le titre pour réaliser des gains).
Bien entendu, quand tous les hauts dirigeants d’une entreprise cotée en Bourse, comme c’est le cas avec Bombardier, liquident des gros blocs d’actions, ça soulève la méfiance chez nombre d’actionnaires et d’investisseurs.
Profits anticipés
Total : 78,1 M$
Pierre Beaudoin, président du conseil d’administration: 6 M$
Alain Bellemare, Président et chef de la direction: 18,3 M$
John Di Bert, Vice-président principal et chef de la direction financière: 12,7 M$
David Coleal, Président, Avions d’affaires: 12 M$
Fred Cromer, Président, Avions commerciaux: 9,1 M$
Laurent Troger, Président, Transport: 6,5 M$
6 autres dirigeants: 13,5 M$
Sources : TVA Nouvelles ››› Le journal de Montréal ›››