Alain Bellemare, le PDG de Bombardier… (Photo Archives La Presse canadienne)
Rémunération : pas question de rouvrir l’entente avec Bombardier, dit Anglade
10 avril 2017
Julien Arsenault, La Presse Canadienne
Aussitôt remise, la pétition signée par quelque 34 000 personnes demandant à Québec de revoir les modalités de l’investissement de 1,3 milliard de dollars de l’État québécois dans la CSeries de Bombardier a reçu une fin de non-recevoir par la ministre de l’Économie, Dominique Anglade.
« Ce n’est pas du tout dans les plans », a-t-elle affirmé, lundi, de passage au Palais des congrès de Montréal pour une annonce à caractère économique, après qu’Amir Khadir, de Québec solidaire, lui ait remis en mains propres la pétition.
Initialement, le député de Mercier s’était rendu au bureau de circonscription de la ministre, mais puisque celle-ci n’y était pas, il a décidé de se rendre au Palais des congrès.
Reconnaissant que des gens étaient toujours « indignés », Mme Anglade a affirmé qu’il ne fallait pas étirer davantage cette affaire.
« Les Québécois ne verseront pas de primes aux dirigeants de Bombardier tant et aussi longtemps qu’ils ne feront pas d’argent [avec la CSeries] », a-t-elle dit au cours d’une mêlée de presse.
Plusieurs ont jugé que le montant global de 32,6 millions de dollars US octroyé aux six plus hauts dirigeants de Bombardier était indécent, alors que Québec a investi dans la CSeries et que le gouvernement Trudeau vient de consentir un prêt de 372,5 millions.
Le tollé avait d’abord incité le président directeur du conseil, Pierre Beaudoin, à renoncer à son augmentation. Puis, dans la tourmente, Bombardier avait décidé de reporter d’un an le versement des paiements aux dirigeants en les rendant conditionnels à l’atteinte des objectifs du plan de redressement de la compagnie dont la réalisation est prévue pour 2020.
Pour sa part, M. Khadir a dit avoir senti « une écoute » de la part de Mme Anglade, estimant que la ministre avait été initialement plus critique à l’égard de la multinationale par rapport au premier ministre Philippe Couillard.
« Elle n’a pas refusé de me parler même si elle savait de quoi il en retournait, a affirmé le député de Québec solidaire. Je crois qu’il y a un élément sur lequel il faut miser. »
Même si le gouvernement ne compte pas rouvrir son entente avec Bombardier afin d’encadrer la rémunération des patrons de la société, M. Khadir a dit croire que la pression populaire pourrait finir par avoir raison.
« Ça été très long avant de convaincre M. [Jean] Charest de déclencher une commission d’enquête sur [les malversations dans l’industrie de] la construction, a-t-il rappelé. Il a fallu revenir à la charge, mais nous avons fini par réussir. »
Par ailleurs, après la fermeture des marchés, Bombardier a déposé un document auprès des autorités réglementaires afin de confirmer à ses actionnaires les changements préalablement annoncés à la rémunération de ses hauts dirigeants.
En vue de l’assemblée annuelle du 11 mai, la multinationale a fait savoir que chaque proposition avait été « acceptée et approuvée » par son conseil d’administration.
À la Bourse de Toronto, l’action de Bombardier a terminé la séance à 2,22 $, en hausse de 10 cents, ou 4,72 %
Annexe 51-102A3 Déclaration de changement important (source)
Bombardier demande d’ajuster la rémunération [Communiqué] (source)
Beaudoin renonce à son augmentation [Communiqué] (source)