Le PDG de Desjardins révèle son propre ratio de rémunération

Montréal, le 20 septembre 2017 — La rémunération totale du président-directeur général du Mouvement Desjardins serait environ 28 fois plus élevée que le salaire moyen des employés du Mouvement Desjardins.

Guy Cormier, président du Mouvement Desjardins, en entrevue avec Gérald Fillion (source ›››).

En comparaison, la rémunération totale des PDG des banques pouvait être en 2016 de 34 à 151 fois plus élevée que le salaire moyen des employés de la même institution financière.

Confronté par Gérard Fillion à une étude de l’IRÉC qui affirme qu’en dollars constants de 2015 la rémunération à la présidence de Desjardins avait augmentée de 147 % de 2001 à 2015, tandis que le salaire moyen des employés de Desjardins n’avait augmenté que de 46 %, Guy Cormier a répondu, en soulignant son arrivée comme PDG en 2016, que sa rémunération à lui est aujourd’hui environ 28 fois plus élevée que le salaire moyen des employés de Desjardins, ce qu’il dit considérer comme étant inférieur « à plusieurs comparables » de l’industrie financière, dont des coopératives.

Cependant, en réponse à une relance du journaliste, le PDG n’a pas été en mesure de garantir que son niveau de rémunération ne rejoindra jamais celui de son prédécesseur Monique Leroux.

Réaction du MÉDAC

Selon le président du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), Daniel Thouin, que le dirigeant d’une institution financière révèle son propre ratio d’équité en matière de rémunérations est un pas dans la bonne direction qui devrait faire réagir et inspirer les autres institutions de l’industrie financière, qu’elles soient ou non des coopératives.

Cependant, le MÉDAC considère depuis longtemps qu’il faut dépasser le commode critère de la comparaison avec les semblables pour déterminer des niveaux de rémunération responsables qui contribueront à des rendements et à des ristournes durables pour les épargnants, d’autant plus quand on cherche à se positionner comme étant un leader en responsabilité sociale des organisations.

De plus, rien ne semble effectivement empêcher que le ratio d’équité qui a été révélé cette année par Guy Cormier puisse s’accroître au cours des prochaines années en fonction de son nombre d’années de service.

Cormier sur les limites du capitalisme à outrance

Dans le cadre d’un discours prononcé à Québec, Cormier aurait « appelé à un développement économique responsable, durable et humain pour l’avenir », ainsi qu’affirmé que « le capitalisme doit évoluer vers quelque chose de plus respectueux des humains et de la nature, de plus inclusif et qui offre plus d’espoir ».

En entrevue avec Gérald Fillion, le PDG a répété que le problème du capitalisme en 2017 est que, du point de vue des populations sur le terrain, le rythme des changements technologiques et de l’introduction de l’intelligence artificielle, ainsi qu’entendre parler de profits records et si peu en voir la couleur, a quelque chose de préoccupant et de frustant.

Selon lui, « les gens s’attendent à un développement économique qui inclut les dimensions sociales et environnementales », ainsi que « le respect des personnes », moins d’inégalités et moins de frustrations économiques, notamment chez ceux qui travaillent 40 heures et plus par semaine malgré leurs obligations familiales, chez les plus démunis, ainsi que dans les régions.

« Il faut que les entreprises se prennent en main là-dessus. On s’attend à ce qu’elles ne soient pas juste là pour faire des profits », a-t-il ajouté, disant parler au nom de gens rencontrés. À noter qu’il s’agit d’un autre message que le MÉDAC porte depuis le début de son existence.

Guy Cormier soutient que Desjardins est en mesure de donner l’exemple en « travaillant toujours dans l’intérêt » de ses membres et clients.

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