Le Club 30 % plus complaisant que le MÉDAC avec les retardataires
Montréal, le 12 septembre 2017 — Dans une déclaration d’intention de langue anglaise, le Club 30 % demande aux entreprises de l’indice boursier S&P/TSX qui ne l’ont pas encore fait d’atteindre un minimum de 30 % de femmes à leur conseil d’administration et à leur direction d’ici 2022.
À titre comparatif, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) fixe la barre acceptable de représentation à un minimum de 40 % de femmes au conseil d’administration et à la direction des sociétés ouvertes desquelles il détient des parts d’ici 2020.
Le Club 30 % regroupe des investisseurs, des propriétaires et des gestionnaires institutionnels d’actifs du monde entier. Il inclut notamment la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et Desjardins.
Comme le MÉDAC, le Club 30 % considère que « la diversité des genres est un élément critique d’un bon gouvernement d’entreprise ». Il affirme que ses membres considèrent comme étant un « devoir », ainsi qu’une « responsabilité », au nom de leurs clients et bénéficiaires, « d’évaluer » sur cet enjeu le CA et la direction des entreprises dans lesquelles ils investissent.
Ainsi, les membres du Club 30 % « s’engagent à exercer leurs droits de propriété pour encourager l’augmentation de la représentation des femmes sur les CA et dans les postes de direction au Canada ».
Le regroupement justifie son niveau minimum de 30 % en affirmant qu’il s’agit du niveau à partir duquel « une masse critique est obtenue et les contributions d’un groupe minoritaire cessent d’être perçues comme étant celles de ce groupe et commencent à être jugées sur la base de leur mérite ».
Le MÉDAC continuera cependant quant à lui d’exiger, par l’entremise de propositions d’actionnaires, un minimum de 40 % de femmes au CA et à la direction, ainsi que la divulgation des mesures prises pour y parvenir.
« Il n’y a aucune raison d’accepter moins que les meilleures pratiques utilisées dans le monde pour nos sociétés ouvertes, à moins que l’on condamne nos administratrices et nos femmes d’affaires d’attendre jusqu’en 2050 pour occuper la place qui leur revient », affirme le président du MÉDAC, Daniel Thouin.
Daniel Thouin ajoute que le « 40 % minimum des deux sexes a été accepté par la majorité des pays européens » et que « tout en s’approchant de la parité absolue il laisse une marge de manoeuvre de 20 % pour faire valoir d’autres considérations de recrutement ».
Il reste à voir si les membres du Club 30 % appuieront le MÉDAC sur cet enjeu malgré cet écart de 10 %. La CDPQ avait appuyé une des nombreuses propositions d’actionnaires du MÉDAC à ce sujet, celle-là sans cible, à l’assemblée annuelle des actionnaires 2016 de Power Corporation du Canada. Par contre, en 2015 chez Transat, BCE, SNC-Lavalin et Couche-Tard, la CDPQ n’avait pas appuyé le MÉDAC, prétextant notamment des « contraintes pouvant nuire à la compétitivité de l’entreprise ».
À noter que le Club 30 % ne met pas de côté la notion rétrograde de « mérite », qui est mise de l’avant par des défenseurs du statu quo et qui laisse entendre que des sociétés ouvertes pourraient être privées d’hommes méritants, donc être prises avec des femmes pas autant méritantes, si des minimums trop élevés étaient imposés.
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