Un prix pour le privé et un autre pour l’État
2 novembre 2015
Dominique Lemoine
Bien qu’elle n’inclut pas d’actions de Bombardier, l’entente entre Bombardier et le gouvernement du Québec prévoirait que Québec reçoive 200 millions de bons de souscription d’actions qui lui permettraient d’acheter, s’il le voulait, des actions de catégorie B de Bombardier à 2,21 dollars par action.
Michel Girard rapporte dans le Journal de Montréal qu’à « 2,21 dollars l’action, les actionnaires de contrôle de Bombardier donnent ainsi la "chance" au gouvernement du Québec de mettre le grappin sur des actions de Bombardier en lui versant une prime de 55 % par rapport au cours actuel de Bombardier en bourse (1,41 dollars l’après-midi du 29 octobre, jour de l’annonce de l’entente) ».
Ainsi, l’assistance économique fournie par le gouvernement du Québec à Bombardier s’élèverait à 1,3 milliard de dollars et il n’aurait reçu en retour aucune action de la société Bombardier, dont la valeur en bourse serait de trois milliards de dollars, mais il pourrait acheter, s’il le voulait, des actions de Bombardier à un prix plus élevé que celui qui est déterminé par le marché boursier.
Pour illustrer l’idéologie et la mentalité d’instrumentalisation de l’État par le grand capital derrière la négociation ou absence de négociation de cette entente par Québec, rappelons que le gouvernement des États-Unis, lui, avait mis la main sur 500 millions d’actions de General Motors en 2010 après avoir renfloué de 49,5 milliards de dollars ce fabricant automobile « trop important » pour faire faillite.
Au-delà de l’idéologie et tel que souligné par Michel Girard, obtenir des actions aurait permis à Québec de « diminuer le risque de son placement », grâce à la diversification des deux grandes divisions de Bombardier, aéronautique et transport. Par contre, dans la situation actuelle, Québec pourrait perdre sa mise de fonds en fonction du succès ou non du programme du CSeries, comme si l’investissement du gouvernement américain dans General Motors avait été dépendant du succès ou non d’un programme quelconque de camionettes.
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