La course aux profits avec œillères est injuste, même selon Paul Tudor Jones
14 janvier 2022
Dominique Lemoine
Les entreprises qui ne sont motivées que par les profits créent des circonstances organisationnelles propices à l’immoralité de leur prise de décision, selon l’investisseur Paul Tudor Jones.
La chaîne d’information CNBC a rapporté cette semaine des propos du spéculateur milliardaire, selon lesquels les profits ne sont plus la plus importante mesure d’évaluation des actions des entreprises.
Paul Tudor Jones a cofondé la firme de recherche Just Capital au sujet de l’investissement basé sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Sa fortune est évaluée à 7 milliards de dollars américains, selon le magazine Forbes.
À son avis, tel que rapporté par CNBC, les indicateurs les plus importants de la performance des entreprises sont la manière de gérer la base (pocketbook issues) et les enjeux liés au travail, comme la rémunération « juste et décente » des ressources humaines, surtout dans un contexte où les marges de profits ont doublé, tandis que la doctrine de Milton Friedman vieillit mal.
« Si générer un profit est votre seule motivation, cela crée une capacité d’être immoral dans vos décisions », a-t-il déclaré. En guise d’exemple, Jones a mentionné le cas de l’entreprise Purdue Pharma, responsable d’opioïdes qui ont tué 400 000 Américains.
Top 100 des grosses capitalisations soucieuses d’enjeux ESG
Just Capital produit un classement des 100 entreprises à forte capitalisation les plus « justes » sur la base de mesures ESG.
Le classement 2022 publié cette semaine contient dans son top 5 : Alphabet [Google], Intel, Microsoft, Salesforce et Bank of America.
On trouve en milieu de liste Uber (41), Lockheed Martin (44), BlackRock (45) et Johnson & Johnson (49), puis en fin de liste par Exxon Mobil (89) et Best Buy (95).
Selon CNBC, les entreprises qui sont incluses dans ce classement donnent 19 fois plus aux communautés locales, fournissent plus souvent des divulgations de leur ratio de rémunération, paient 20 % plus en dividendes et génèrent 4,5 % de plus que les autres.
Activisme sincère des hauts dirigeants?
Paul Tudor Jones a affirmé que « laisser les travailleurs recevoir une plus grosse part des revenus des entreprises est une bonne chose et que c’est bon pour les affaires aussi ».
Ce dernier a ajouté que « vous ne pouvez pas avoir une proposition de valeur à long terme pour les investisseurs et les actionnaires si vous ne fournissez pas aussi une proposition de valeurs pour les autres parties concernées, comme les employés, les clients, les communautés et la planète ».
Cependant, selon Yahoo! Finance, Jones a aussi parlé des interventions de l’État comme étant une cause de l’agrandissement des inégalités de richesse et s’est opposé à l’élection de candidats démocrates sur la base de leur adhésion à l’idée de taxes et impôts plus élevés.
Ici, le président du conseil d’administration de Cogeco, Louis Audet, qui était en assemblée annuelle des actionnaires aujourd’hui, propose depuis quelques mois que le salaire minimum soit haussé à 20 $ l’heure au nom de la justice sociale et de la réduction des inégalités de revenus.
L’idée a été rejetée par le gouvernement caquiste de François Legault.
Lire aussi :
Cogeco dit oui, Couche-Tard dit oui avec des conditions, Québec dit non de toute façon ›››
Tour d’horizon de la pratique de transformer du salaire en bonis ›››