Il existe une avant-garde et une arrière-garde en responsabilité sociale des entreprises

26 novembre 2021
Dominique Lemoine

Les dirigeants de certaines entreprises à l’avant-garde des questions environnementales et sociales sont prêts à les inclure à la mission formelle de ces compagnies, tandis que ceux de l’arrière-garde se cantonnent dans les comportements du passé.

L’organisme non gouvernemental Canada Global, basé à Montréal, a rendu public un rapport appuyé sur une série d’entrevues avec 60 dirigeants et administrateurs, notamment Louis Audet (Cogeco), Suzanne Bergeron (Sodexo), Marc-André Blanchard (CDPQ), Sophie Brochu (Hydro-Québec), Guy Cormier (Desjardins), Michael Denham (Banque Nationale), Monique Leroux (BCE, Couche-Tard, etc.), ainsi que Michael Sabia (anciennement CDPQ).

« Les chefs d’entreprise ressentent la pression de faire plus que simplement générer des profits », soutient Canada Global, sur la base du rapport et des entrevues qui ont été menées.

Par exemple, « de plus en plus de gens, surtout les jeunes générations, appliquent leurs valeurs à tous leurs choix, notamment la question de savoir pour qui travailler et de qui acheter ».

De plus, selon des propos d’une administratrice américaine cités par Fortune, des employés et des consommateurs, en particulier de la génération Z, font aussi pression sur des chefs de direction, qui ne peuvent plus se permettre de les ignorer.

Ainsi, toujours selon Canada Global, les dirigeants « comprennent que les gens veulent que les entreprises en fassent plus pour contribuer aux efforts collectifs pour relever les défis comme les inégalités, les changements climatiques et les iniquités ».

Capitalisme modernisable?

Cependant, des administrateurs de la vieille école n’y croient pas, ne sont pas équipés ou ne sont pas prêts pour y faire face.

« Ça va vite. Quand il y a du changement de cette ampleur, plus gros que la révolution industrielle, des CA ont du mal. Ils ne sont pas équipés pour faire face aux défis d’aujourd’hui et ne reflètent plus le monde. Des administrateurs ont grandi à une époque différente, mais le monde est passé à autre chose. Plusieurs CA ne sont pas passés à autre chose et pourraient enrayer des actions urgentes à prendre », selon un ancien dirigeant d’Unilever cité par Fortune.

Les auteurs du rapport de Canada Global, Brian Gallant et Robert Greenhill, ont émis 5 recommandations à l’attention des dirigeants, pour savoir par où commencer:

  1. Toutes les entreprises devraient avoir une finalité claire au-delà de celle de faire de l’argent.
  2. Les entreprises devraient aligner leurs principaux critères d’évaluation sur les objectifs de développement durable des Nations Unies.
  3. La communauté des affaires devrait collectivement se lever pour prendre des engagements concrets et assortis d’échéanciers, à affiner tous les trois ans.
  4. Les chef-fes d’entreprises devraient contribuer à développer une coopération et une collaboration structurées et y participer activement.
  5. Les entreprises devraient exercer un plus grand leadership dans des initiatives et des organisations internationales liant le profit à la finalité.

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