Un monstre à deux têtes s’invite à la table des banques
9 avril 2021
Dominique Lemoine
Des banques ont vu débarquer chez elles au printemps 2021 des actionnaires avec des propositions exigeant qu’elles rendent des comptes sur leur responsabilité dans les changements climatiques et sur leurs efforts pour appuyer des projets écoresponsables.
Et puisque les hôtes-administrateurs de ces banques avaient recommandé à tous les actionnaires de voter contre ces propositions, il apparaît que ce sont surtout des actionnaires qui forment l’avant-garde de l’avancement dans les façons de produire des rendements durables et des bénéfices à long terme.
Changement climatique
Par exemple, une proposition des actionnaires Patricia McMaster et Paul Sharkey, représentés par SumOfUs, visant l’adoption par la Banque Royale du Canada de cibles quantitatives et de délais précis de réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à ses activités de prêts, ainsi que sa production d’un rapport annuel au sujet des progrès accomplis dans la réalisation de ces cibles, a été soumise aux détenteurs d’actions. Elle a rallié 31,05 % des votes lors du scrutin de l’assemblée annuelle 2021.
De plus, une proposition de l’actionnaire Harrington Investments demandant la production par la Banque de Montréal d’un rapport de description de son plan et de son processus pour réduire son financement du secteur des combustibles fossiles et pour rendre carboneutre son empreinte de gaz à effet de serre et celle de son portefeuille de prêts a rassemblé 18,53 % des votes.
Économie circulaire
Pour remplacer de vieillissantes manières de faire et des visions individualistes et court-termistes des affaires, des actionnaires ont utilisé leurs droits de vote pour appuyer l’adoption de pratiques alternatives.
Par exemple, la proposition du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) de production par la banque d’un rapport sur ses prêts consentis en appui à des projets d’économie circulaire verte a réuni 22,51 % des votes des actionnaires à la CIBC, 16,23 % à la RBC, 12,34 % à la Laurentienne et 8,5 % à la TD.
Selon le MÉDAC, l’idée maîtresse derrière l’ensemble de ces propositions est d’une part de « pouvoir mesurer en argent le poids de l’implication d’une banque dans les entreprises polluantes par l’entremise de son portefeuille de prêts et d’investissements », et d’autre part, de manière similaire, de « pouvoir mesurer en argent le poids de l’implication d’une banque dans l’économie circulaire verte par l’entremise de son portefeuille de prêts et d’investissements ».
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