Oser poser les questions qui se posent
6 mars 2020
Dominique Lemoine
Le fonds souverain de la Norvège* a mis du piquant à ses interactions avec les entreprises Amazon, Citigroup et Microsoft en mettant respectivement sur leur table les droits humains, les systèmes de blanchiment, ainsi que la rémunération des hauts dirigeants.
Selon le Financial Times, la stratégie de placement durable de ce fonds l’a aussi incité à questionner les fabricants automobiles Toyota et Volkswagen au sujet de la provenance du cobalt qu’ils utilisent, ainsi que le fabricant de confiseries Hershey au sujet du travail des enfants et de la déforestation à travers sa chaîne d’approvisionnement en cacao.
« Le manière dont ces entreprises approchent ces thèmes [à court terme] aura un impact sur leur création de valeur à long terme », aurait déclaré au Financial Times une dirigeante du fonds, dont les actifs s’élèveraient désormais à 1,1 trillion de dollars. Officiellement, les gros producteurs et utilisateurs de charbon, les producteurs de tabac, de même que les producteurs de pièces d’armes nucléaires, ne font plus partie de son portefeuille.
De manière similaire, les gestionnaires d’actifs Amundi et Jupiter, le Fonds de pension Nest et la division financière de l’Église d’Angleterre ont annoncé leur intention d’appuyer une proposition d’actionnaire exigeant que la banque Barclays cesse de prêter à certaines entreprises de combustibles fossiles, et ce, sur la base d’une vision à long terme de gestion des risques, rapporte The Guardian.
Grandes espérances
Le fonds pétrolier de la Norvège aurait aussi voté contre au moins une recommandation de votation du conseil d’administration aux assemblées annuelles des actionnaires d’Apple, Alphabet, Nestlé, Amazon, Facebook, Tencent et JP Morgan Chase, par exemple en matière de surcharge de travail des administrateurs.
Selon le cabinet-conseil SpencerStuart, « la composition et la qualité des conseils d’administration sont des enjeux de premier plan pour les investisseurs institutionnels, et des facteurs tels que la diversité au conseil, les capacités des administrateurs et les pratiques de revitalisation des conseils sont désormais inspectés et évalués systématiquement par des investisseurs », ainsi que par des cabinets-conseils en vote par procuration.
Des améliorations dans ces matières feraient désormais partie des espérances des gestionnaires d’actifs BlackRock, Vanguard et State Street Global Advisors, notamment, qui se disent prêts à utiliser leur pouvoir de votation aux assemblées annuelles des actionnaires des entreprises dans lesquelles ils investissent, quand le dialogue n’est pas suffisant pour mettre en marche ou accélérer le progrès.
* : Il s’agit du Statens pensjonsfond Utland, soit le Fonds de pension gouvernemental–Étranger, anciennement Statens petroleumsfond, soit le Fonds gouvernemental pour le pétrole. À ne pas confondre avec l’autre fonds souverain de Norvège, le Statens pensjonsfond Norge, soit le Fonds de pension gouvernemental–Norvège.
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