Réformisme c. conservatisme

15 janvier 2020
Dominique Lemoine

Le premier camp considère l’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance aux décisions des entreprises comme étant un mal nécessaire pour maintenir des rendements durables. Le deuxième camp contre-argumente que ces critères et le rendement sont incompatibles.

Déploiements stratégiques et opportunistes

Dans sa lettre de début d’année destinée aux chefs de la direction, le président et chef de la direction de la firme de gestion d’actifs BlackRock, Larry Fink, affirme qu’une entreprise « ne peut pas atteindre la profitabilité à long terme sans tenir compte des besoins d’un large éventail de parties prenantes ».

Fink y soutient que BlackRock atténuera les risques liés à ses placements à long terme notamment en votant contre les conseils d’administration et les hautes directions des entreprises qui ne font pas assez de progrès en divulgations, pratiques et planifications concernant la durabilité de leurs activités.

L’investisseur Warren Buffett, dont les propos étaient rapportés par le Financial Times à la fin du mois de décembre 2019, aurait quant à lui admis que sa firme Berkshire Hathaway a investi dans des entreprises éoliennes uniquement parce qu’elle était payée pour le faire, par l’État avec des crédits d’impôt. 

Selon lui, absorber le coût de modifier le système de marché et faire progresser la société sont des responsabilités des États.

Relations publiques

Le Financial Times laisse entendre que les entreprises ne sont pas toujours sincères dans les déclarations de bonnes intentions environnementales et sociales qu’elles mettent de l’avant dans leurs rapports annuels et publicités, et que leur comportement ne correspond pas toujours à leurs prétentions.

Contrôle et surveillance

Dans les rangs des forces du statu quo, certains s’opposent à toute surveillance des entreprises sur la base de critères ESG tant par les États que par les firmes de placement et de gestion d’actifs comme BlackRock, dont Robert Shillman, président de l’entreprise de capteurs Cognex, aussi cité par le Times .

À son avis, « les gestionnaires d’actifs ont dépassé les bornes en utilisant leur pouvoir de votation par procuration confié par des investisseurs pour mettre de la pression sur les entreprises afin qu’elles incluent des critères ESG à leurs décisions », parce que le temps et l’énergie consacrés à ces critères, selon lui, sont du temps et de l'énergie qui ne sont pas consacrés au rendement.

Lire aussi :

Les conseils d’administration sous la loupe des observateurs ›››

Réformer le capitalisme pour lui éviter la guillotine ›››

Des fauteuils de moins en moins confortables ›››

Partenaires :