Grande noirceur en financement de la défense des épargnants

29 octobre 2019
Dominique Lemoine

L’industrie financière maintient les épargnants dans l’ignorance et les gouvernements se satisfont d’une apparence de protection des épargnants, selon l’investisseur Stephen Jarislowsky.

Le groupe de défense des investisseurs individuels FAIR Canada, dont les activités subsistent présentement grâce au travail de quatre personnes, pourra subvenir à ses besoins jusqu’à la fin de 2020, mais sa durabilité au-delà de 2020 ne tient plus qu’à un fil.

FAIR a récemment renvoyé à la Fondation Jarislowsky son don de 2,4 millions de dollars qui était conditionnel à ce que FAIR obtienne quatre millions de dollars d’autres commanditaires. Jarislowsky a aussi quitté son poste d’administrateur au CA de FAIR.

L’organisation Canadian Foundation for the Advancement of Investor Rights (FAIR) a été créée en 2008. Elle avait reçu en 2012 le financement par fonds de dotation de la part de la Fondation Jarislowsky.

Depuis, FAIR a réussi à obtenir en 2014 un financement de 2,5 millions de dollars de l’Ontario Securities Commission, mais elle n’est parvenue qu’à obtenir 250 000 dollars de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières, un organisme consolidé d’autoréglementation industrielle dont les prédécesseurs (Investment Dealers Association et Market Regulation Services) avaient fourni à FAIR 3,75 millions en financement de départ.

Séparation de l’industrie et de l’État

Dans un communiqué, FAIR soutient que la voix des industries bancaires, du placement et de l’assurance est véhiculée par au moins seize groupes organisés de pression et de défense de leurs intérêts, dont la mission inclut d’influencer les autorités de réglementation des pratiques de vente de produits financiers, et qui lui confèrent un force disproportionnée par rapport à celle des consommateurs.

Selon Jarislowsky, financer une organisation professionnelle durable qui porte avec force la voix et les intérêts des consommateurs de produits financiers auprès des autorités législatives, et qui dispose des ressouces nécessaires pour exposer les excès de l’industrie, est la responsabilité collective des États et des autorités de réglementation.

« Le peu d’épargne que le consommateur moyen [canadien] possède finit par se retrouver dans quelques-uns des produits de fonds d’investissement dont les frais sont les plus élevés au monde », soutient FAIR.

Cependant, selon FAIR, « les gouvernements, les autorités en valeurs mobilières et les organisations d’autoréglementation ont généralement été réticentes à fournir le soutien adéquat ». Selon Jarislowsky, ces derniers se satisfont que l’espace des organisations de défense des investisseurs individuels soit limité à quelques groupes qui vivotent sans ressources ni personnel, à part quelques aînés comme lui.

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