Des fauteuils de moins en moins confortables

9 octobre 2019
Dominique Lemoine

Jusqu’à maintenant en 2019, aux États-Unis, 478 candidats à des sièges de conseil d’administration ont échoué à leur tentative d’obtenir l’appui d’une majorité des droits de vote détenus.

Sur la base d’un rapport produit par PricewaterhouseCoopers et Broadridge, The Wall Street Journal affirme qu’il s’agit d’une hausse de 39 % depuis 2015, et laisse entendre que l’ère des élections ou réélections automatiques serait derrière nous.

Parmi les 500 sociétés ouvertes dont les titres sont les plus largement détenus, 50 candidats-administrateurs auraient échoué à obtenir une majorité en 2019, comparativement à 15 en 2015.

De plus, toujours au sein des 500 plus grosses sociétés ouvertes, 170 candidats à l’élection ou à la réélection au conseil auraient échoué à obtenir la confiance des actionnaires-détenteurs d’au moins 70 % des droits de vote, comparativement à 69 en 2015.

Le niveau moyen d’appui des actionnaires obtenu par les 22 520 candidats à de tels postes administratifs, entre le 1er janvier et le 30 juin 2019, demeure cependant assez élevé à 95 %.

La fin des sinécures

Selon The Wall Street Journal, de plus en plus d’actionnaires exigent des règles pour qu’il soit obligatoire que les candidats obtiennent l’appui d’une majorité pour obtenir ou garder leur place, puisque des sociétés font encore fi de la voix des actionnaires.

De plus, la plupart des actionnaires qui n’accordent pas leur appui à des candidats le feraient par protestation, et non pour proposer à la place leur propre candidat ou pour opérer un changement de régime. Il s’agirait la plupart du temps d’une perte de confiance, par des actionnaires institutionnels qui ne peuvent pas facilement vendre leurs actions détenues, envers certains administrateurs et les pratiques de gouvernement d’entreprise qu’ils mettent de l’avant.

Par exemple, des oppositions ou abstentions surviendraient en particulier à l’égard d’administrateurs impliqués dans les comités de nomination et de gouvernement d’entreprise, ce qui « reflète l’intérêt croissant pour la diversité » des sexes au conseil.

Bisbille et solidarité intestines

Par ailleurs, selon un rapport PwC, environ 49 % des administrateurs admettent en privé qu’un ou plusieurs de leurs collègues de leur propre CA devraient être remplacés.

En public cependant, l’instinct de conservation des CA et de leurs membres impliquerait de faire front commun contre l’imposition d’un agenda par les actionnaires et de ne pas se montrer mutuellement la porte de sortie.

Environ 83 % des administrateurs, incluant plus de 50 % des administratrices qui occupent déjà un fauteuil, seraient contre les lois contraignantes en matière de diversité des sexes au conseil.

Environ 56 % des administrateurs considèreraient que les enjeux de responsabilité sociale et environnementale mis de l’avant par des investisseurs sont exagérés.

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