Créer ou ne pas créer un autre système « trop gros pour échouer »

21 juin 2019
Dominique Lemoine

Le système privé de monnaie numérique Libra développé par Facebook introduit un risque systémique en reposant sur des obligations et sur des actifs financiers détenus en réserve, donc en croisant son destin avec celui de l’économie globale.

Un texte publié par The New York Times affirme qu’en cas de vol de données ou de pénétration du système, ou de ventes d’unités de devise par plusieurs détenteurs en même temps, l’argent des petits et moyens contribuables pourrait devoir être mobilisé pour renflouer un système privé international de paiement.

« Libra est complètement protégé par une réserve d’actifs réels », sous la forme d’un « panier de dépôts bancaires et de titres garantis par le gouvernement », soutient Facebook, dans le document de présentation de sa monnaie numérique Libra.

Pour rassurer, Facebook mentionne aussi que la gestion de sa monnaie numérique Libra sera confiée à une entité « indépendante », qui sera basée à Genève, et qui sera composée de représentants d’entreprises telles que Visa, Mastercard, PayPal, Stripe, Uber et Lyft.

Selon l’auteur du texte publié dans le NYT, Matt Stoller, auteur et membre de l’Open Markets Institute, un autre risque posé par la création de la monnaie Libra est que des grandes entreprises initiées puissent exploiter leur accès à l’information, des relations d’affaires, ou encore la technologie, pour tirer avantage du système au détriment des utilisateurs ordinaires.

De toute façon, selon Stoller, « toute entreprise assez grosse pour créer sa propre devise est simplement trop grosse », et les régulateurs de systèmes financiers doivent être nommés par des élus, et non pas par de puissants acteurs privés autoproclamés.

Maxine Waters, qui est représentante démocrate de Californie et présidente du Comité sur les services financiers de la Chambre des représentants des États-Unis, a demandé à Facebook de cesser de développer sa monnaie numérique d’ici à ce que les autorités puissent examiner de plus près les risques potentiels associés.

Stoller considère qu’il existe aussi un risque que Facebook puisse ainsi vendre à des commerçants des informations au sujet du pouvoir d’achat des détenteurs d’unités de la devise Libra.

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