L’indépendance de FAIR Canada soumise au test du bourbier SNC-Lavalin
17 mai 2019
Dominique Lemoine
Stephen Jarislowsky, administrateur du groupe de pression pour l’avancement des droits des investisseurs FAIR Canada, s’en est pris à Justin Trudeau et s’est porté à la défense de SNC-Lavalin, depuis la fin du mois d’avril.
Le 21 avril, le Globe and Mail rapportait que FAIR Canada (pour Canadian Foundation for the Advancement of Investor Rights), qui compte le milliardaire Jarislowsky parmi les membres de son conseil d’administration, perd de l’argent, et peine à se financer et à survivre, en plus de chercher un nouveau directeur général.
Selon le Globe and Mail, le groupe de pression fondé en 2008, qui se présente comme étant une « voix nationale pour les investisseurs » (investisseurs et actionnaires individuels) en matière de réglementation des valeurs mobilières, a reçu en 2014 un financement de deux millions de dollars de la part de Stephen Jarislowsky, qui était conditionnel à ce que FAIR réussisse à trouver quatre autres millions de dollars.
Seule la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario aurait jusqu’à maintenant contribué à ce financement conditionnel avec une participation de deux millions de dollars.
Il resterait donc encore à trouver deux millions de dollars, et Jarislowsky, qui est le fondateur de la firme d’investissement Jarislowsky Fraser, et qui a déjà siégé au conseil d’administration de SNC-Lavalin, aurait accordé à FAIR plusieurs délais sur l’échéance initiale pour compléter l’entente. Le plus récente extension accordait à FAIR jusqu’à septembre 2019, plutôt que jusqu’au 31 mars 2019.
« À ce point-ci, ce qui semble avoir du sens est de fermer FAIR, à moins que nous trouvions le financement », par exemple auprès d’autorités réglementaires ou de sources étatiques, avait alors affirmé Jarislowsky, selon des propos rapportés par le Globe.
Selon le directeur général par intérim du groupe de pression, Ermanno Pascutto, lui aussi alors cité par le Globe, en ce moment « la première tâche du directeur général est de sortir dehors et de récolter de l’argent ».
Depuis l’article du Globe and Mail, et à l’approche des élections fédérales d’octobre 2019, FAIR s’est notamment muni d’une directrice de la recherche sur les politiques, Vanisha Sukdeo, qui détient en particulier un baccalauréat en sciences politiques de l’Université York.
Le 2 mai, Jarislowsky, qui détiendrait encore des parts dans SNC-Lavalin, selon lui-même, a fustigé dans les médias le premier ministre Justin Trudeau pour le « désordre » qui règne dans l’affaire SNC-Lavalin et pour sa gestion du dossier, en plus d’affirmer espérer que Trudeau « pourra trouver un moyen » pour que SNC-Lavalin puisse éviter la poursuite criminelle qui l’attend.
Durant la même semaine, Jarislowsky s’est aussi publiquement déclaré contre la vente par SNC-Lavalin de la majeure portion de sa participation dans l’autoroute payante 407 en Ontario. Il s’est aussi dit en faveur d’un vote des actionnaires sur la question.
Le 17 mai, SNC-Lavalin a annoncé avoir mis fin à l’opération de vente de 10,01 % de ses actions dans l’Autoroute 407 ETR au gestionnaire des pensions des employés municipaux de l’Ontario (OMERS), en raison de l’exercice d’un droit de premier refus par les deux autres actionnaires de l’autoroute (Cintra Global et l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada) pour pouvoir acheter eux-mêmes les actions visées aux mêmes conditions. La vente est donc pour l’instant en attente d’une décision du tribunal.
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