Uber se transporte en bourse sans actions à droit de vote multiple
10 mai 2019
Dominique Lemoine
Uber Technologies entre en bourse aujourd’hui en s’enorgueillissant de ne pas avoir d’actions à vote multiple, mais contrairement à certaines entreprises d’ici, elle n’est plus dirigée par ses fondateurs, et son groupe d’actionnaires principaux détiendra néanmoins encore la majorité des actions et du pouvoir de votation.
Selon le média économique Quartz, l’entreprise Uber va ainsi à l’encontre de la tendance de la dernière décennie en matière de premiers appels publics à l’épargne d’entreprises technologiques en démarrage, qui se dotent de structures d’actionnariat dont les droits de votation peuvent aller jusqu’à dix votes pour une action.
« L’objectif de ces arrangements est de garder le contrôle entre les fondateurs et les actionnaires d’avant le premier appel public l’épargne (PAPE) », et de prendre des décisions en fonction d’une « vision à long terme », rappelle Quartz, qui mentionne les exemples des PAPE de Google (2004), Facebook (2012) et Dropbox (2018).
Cependant, fait remarquer le New York Times (NYT), « Uber n’est plus dirigée par ses fondateurs, et ses hauts dirigeants ne détiennent pas beaucoup d’actions ». Selon le NYT, le premier actionnaire de Uber est Softbank, le deuxième est Benchmark, le troisième est le cofondateur Travis Kalanick, le quatrième est le cofondateur Garret Camp, puis viennent Alphabet et un fonds d’investissement public saoudien.
Ainsi, ensemble, selon le NYT, même sans votes multiples, « les dirigeants, administrateurs et premiers investisseurs de Uber détiendront un peu plus de 50 % des actions en circulation de Uber après son PAPE », ce qui rendrait de toute façon inutile une structure à droits multiples, pour l’entreprise dont le siège social est situé à San Francisco, en Californie, mais qui est enregistrée au Delaware.
Lyft de l’autre côté de la rue
À l’opposé, ayant effectué son PAPE en mars avec une structure d’actionnariat qui inclut des droits de votation de vingt votes pour une action détenue pour ses deux cofondateurs, Logan Green et John Zimmer, la rivale de Uber, Lyft, est maintenue sous pression par des actionnaires institutionnels.
Ces derniers exigeaient avant même le PAPE que les administrateurs de Lyft ajoutent à cette structure double une clause de limitation dans le temps, c’est-à-dire de trois, cinq ou sept ans, à défaut d’adopter tout de suite une structure d’un seul vote par action pour tous les actionnaires.
Selon ces actionnaires institutionnels, en raison de la structure actuelle, les deux cofondateurs détiendront à eux seuls 60 % du pouvoir de votation tout en ne détenant qu’environ 7 % des actions en circulation, en deçà du seuil minimal acceptable, selon eux, de 10 % des actions pour détenir en majorité le pouvoir de votation.
« Cet arrangement impose un écart considérable entre ceux qui exercent le contrôle sur l’entreprise et ceux qui sont exposés aux conséquences de ce contrôle », soutiennent ces investisseurs institutionnels à long terme, dont des fonds publics des villes de New York, Chicago et Los Angeles.
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