Wilson-Raybould aux premières loges pour voir la vraie nature du régime
1er mars 2019
Dominique Lemoine
L’entreprise SNC-Lavalin a perçu comme étant une simple négociation avec l’État le premier refus de la directrice des poursuites pénales (DPP) et du Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) de lui rendre disponible un accord de réparation ou de poursuite différée.
Dans son témoignage devant le Comité permanent de la justice de la Chambre des communes, l’ancienne ministre de la Justice et procureure générale Jody Wilson-Raybould a notamment affirmé, au sujet d’événements survenus de septembre à décembre 2018, qu’un membre de son personnel au ministère de la Justice, François Giroux, a été informé par le chef de cabinet du ministre des Finances Bill Morneau, Ben Chin, que SNC-Lavalin et son conseiller juridique, Frank Iacobucci, s’étaient préparés à accepter certaines conditions pour sécuriser un accommodement en leur faveur.
Wilson-Raybould a aussi déclaré que SNC-Lavalin, devant l’échec de ses pressions, a éventuellement présenté une requête en cour fédérale pour faire annuler le refus de la DPP, Kathleen Roussel.
Typique chantage de s’en aller pour mieux obtenir
De plus, Wilson-Raybould a aussi mentionné avoir été informée, notamment par le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, que SNC-Lavalin a menacé de déménager son siège social de Montréal au Québec à Londres en Angleterre, de supprimer des emplois, et même de se vendre, si elle n’obtient pas l’annulation de la poursuite qui pourrait lui coûter un bannissement pour dix ans des contrats fédéraux au Canada.
Des menaces qui seraient crues et tolérées, voire colportées, par le ministre des Finances lui-même, Bill Morneau. Selon Wilson-Raybould, ce dernier lui a demandé, en coulisse, de « sauver des emplois ».
« Soit nous avons un système qui est basé sur l’État de droit, sur l’indépendance des fonctions judiciaires et sur le respect de ceux qui sont responsables d’utiliser leur jugement et leurs pouvoirs de manières particulières, soit ce n’est pas ce que nous avons », a aussi déclaré Jody Wilson-Raybould.
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