Des cadeaux de la Défense de Paris pour séduire la City de Londres

21 septembre 2018
Dominique Lemoine

La France de Macron espère attirer l’industrie financière étatsunienne installée à la City de Londres en supprimant la tranche supérieure de la taxe sur les hauts salaires et en excluant les bonus des négociateurs du calcul des indemnités patronales qui doivent leur être versées en cas de licenciement.

Selon Olivier Petitjean, notamment responsable de l’Observatoire des multinationales en matière d’impact écologique et social, dans un texte publié par le site d’informations Basta!, le gouvernement d’Emmanuel Macron a entrepris une campagne de séduction des entreprises financières et des grandes banques qui sont basées à Londres, en particulier grâce à des gestes fiscaux et à des amendements à la loi française sur le travail.

Les institutions financières qui partent en voyage apportent avec elles des avocats d’affaires et des négociateurs hauts salariés. Les bonus de ces derniers peuvent représenter la moitié de leur rémunération, précise Petitjean, donc ces bonus impliquent une charge financière plus élevée à débourser par les employeurs en cas de licenciement d’effectifs.

Déréglementation financière pour plaire aux groupes de pression

Un autre moyen choisi par les autorités politiques françaises inclurait la définition d’un cadre juridique pour permettre la création en France de produits dérivés. La création en Europe de ces produits relevait avant le Brexit de la loi britannique, mais les établissements londoniens pourraient perdre leur « passeport financier » vers l’Union européenne.

Selon Petitjean, les produits dérivés sont considérés par certains comme étant ceux « qui avaient provoqué l’effondrement financier puis économique de 2008 », alors que même Nicolas Sarkozy avait dû parler à Toulon de réglementer davantage le secteur financier.

Désormais, les autorités politiques françaises auraient plutôt « entrepris de geler, voire de revenir sur certaines régulations financières » contraignantes, par exemple en abandonnant une taxe sur les transactions qui vise à décourager la spéculation.

Selon le service public de nouvelles allemand Deutsche Welle (DW), un tiers des transactions financières qui passent pas Londres impliquent des clients de l’Union européenne.

De plus, aussi selon DW, Benoît de Juvigny, secrétaire général de l’Autorité des marchés financiers (AMF) en France, a récemment affirmé à l’occasion du Forum économique de Krynica en Pologne que le président Macron « veut réorganiser le secteur financier français » et s’attendre à ce que « ce soit très délicat ».

Assez de pouvoir pour mettre les gouvernements en concurrence

Petitjean laisse entendre que ces mesures pourraient ne profiter en bout de ligne qu’aux nantis et aux employeurs locaux si peu d’établissements de la City finissent par quitter Londres ou s'ils se répartissent aussi dans d’autres villes d’Europe rendues rivales par l’industrie, comme Francfort ou Amsterdam.

« Des dirigeants de Goldman Sachs, de JP Morgan ou du fonds d’investissement BlackRock – l’un des plus puissants du monde avec 6000 milliards de dollars d’encours (plus de deux fois le PIB de la France) parcourent les capitales du vieux continent en promettant des emplois et en encourageant les gouvernements européens à améliorer leur "attractivité" », a-t-il ajouté.

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