Le fonds souverain de la Norvège se fait entendre
14 février 2018
Dominique Lemoine
Gestionnaire de 1000 milliards de dollars en actifs, le fonds souverain de Norvège aurait exigé mardi de 9150 entreprises, dans lesquelles il a investi, qu’elles luttent contre la corruption.
Selon l’Agence France-Presse (AFP), le fonds souverain de Norvège aurait demandé, dans un communiqué, que toutes les entreprises dans lesquelles il détient des investissements « aient en place des mesures anticorruption efficaces ».
Par exemple, de telles mesures pourraient inclure « que les conseils d’administration de chaque entreprise s’assurent de l’existence de politiques anticorruption et que celles-ci soient clairement communiquées aux employés », ainsi que de « mettre en place des formations adaptées et un mécanisme pour les lanceurs d’alerte garantissant un cheminement confidentiel ».
Ce fonds « obéit à des règles éthiques qui lui interdisent notamment d’investir dans les sociétés qui fabriquent des armes nucléaires, dans le charbon ou encore dans le tabac ». Il se serait « désengagé » en 2017 de dix entreprises « trop impliquées dans le charbon ». Sa liste noire inclurait les entreprises Rio Tinto, Boeing, Airbus, Wal-Mart et Philip Morris. Néanmoins, il possèderait encore 1,4 % de la capitalisation boursière mondiale.
Selon ce fonds, les effets néfastes des activités des entreprises sur l’environnement (p. ex. déforestation et pollution de l’eau) seraient de facteurs de risques pour la rentabilité financière à long terme. L’AFP ajoute que « les décisions du fonds sont souvent imitées par d’autres investisseurs ».
Et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ)?
Dans son code d’éthique et de déontologie à l’intention des dirigeants et des employés, la CDPQ, dont l’actif s’élève désormais à environ 286 milliards de dollars, affirme qu’il leur « est interdit de participer, directement ou indirectement, à des opérations frauduleuses ou à des activités illicites ou susceptibles d’être perçues comme telles ».
De plus, ce code mentionne que les dirigeants et les employés doivent « prendre connaissance et appliquer la Directive sur la prévention et la détection de la fraude et de la corruption ».
Dans son rapport annuel 2015, la Caisse mentionnait appuyer l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), un « organisme qui lutte contre la corruption » liée à la « divulgation des revenus tirés des ressources naturelles ».
En octobre 2017, la CDPQ a annoncé que l’enjeu des changements climatiques fera partie de toutes ses décisions d’investissement et qu’elle ciblera des secteurs « propres » comme l’éolien, le solaire, les transports en commun et l’efficacité énergétique.
La CDPQ a aussi signé, toujours en octobre 2017, une déclaration d’investisseurs institutionnels demandant aux entreprises inscrites en bourse au Canada de s’engager à divulguer davantage d’informations au sujet des risques auxquels elles sont exposées en matière de changements climatiques et des mesures prises.
Par contre, en mai 2017, le président et chef de la direction de la CDPQ, Michael Sabia, aurait « refusé de s’engager à cesser d’investir dans des entreprises qui ont recours » aux paradis fiscaux.
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