Étude sur le sexisme des activistes requins
26 janvier 2018
Dominique Lemoine
Les investisseurs activistes requins seraient plus susceptibles de cibler des entreprises dirigées par une femme, selon une étude.
Selon des résultats de recherche rapportés dans Harvard Business Review, les hommes et les femmes qui dirigent des sociétés ouvertes ne seraient pas traités de la même manière par les actionnaires activistes qui font pression pour obtenir des changements (en leur faveur à eux à court terme) aux politiques et aux décisions des entreprises.
Comme exemple d’activisme actionnarial, les chercheurs rappellent la tentative d’actionnaires activistes de Yahoo en 2008 de faire accepter par le reste de l’organisation une offre d’acquisition par Microsoft, même si ce n’était pas cohérent avec la stratégie de la direction.
« Parfois plusieurs actionnaires activistes se lancent dans ce qui est appelé des attaques en meute de loups et ciblent de manière simultanée une entreprise », affirment les chercheurs.
Sur la base d’une analyse de données de 3026 grandes entreprises des États-Unis et de documents réglementaires requis par la Securities and Exchange Commission (SEC), les chercheurs disent avoir démontré, en contrôlant les autres variables et explications potentielles, que 6 % des entreprises dirigées par un homme auraient été ciblées entre 1996 et 2013, contre 9,4 % des entreprises dirigées par une femme.
Des attaques dites de type meute de loups auraient ciblé sur cette même période 1 % des entreprises dirigées par un homme et 1,6 % des entreprises dirigées par une femme.
Puisque l’activisme actionnarial est parfois fortement médiatisé quand il survient, les auteurs soutiennent que ce déséquilibre pose notamment le problème de risquer de contribuer à perpétuer des stéréotypes négatifs sur les capacités de gestion des femmes dirigeantes, auprès de personnes qui perçoivent à tort la présence d’activisme actionnarial autour d’une entreprise comme étant un indicateur de la performance de l’entreprise ou de sa direction.
Au sujet des raisons de ce déséquilibre, les chercheurs mentionnent qu’il semble que les investisseurs activistes perçoivent eux-mêmes les dirigeants à travers des stéréotypes dépassés et des biais inconscients sur les capacités de gestion en fonction des genres. « Ainsi, les investisseurs activistes fournissent aux femmes plus d’instructions non sollicitées sur comment correctement gérer l’entreprise », concluent les chercheurs.
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