The Economist : virage idéologique ou raffinement du message?

11 mars 2016
Dominique Lemoine

De récentes propositions du magazine The Economist trancheraient avec son néolibéralisme et son « conservatisme habituel », selon Louis Gill, économiste et professeur retraité de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Louis Gill laisse entendre dans un texte d’opinion publié par Le Devoir que de récentes propositions de cet hebdomadaire financier, dans un contexte selon Louis Gill de « situation d’impasse dans laquelle se trouve l’économie mondiale », pourraient être basées sur une prise de conscience ou sur une « crainte que les outils d’intervention dont nous disposons pour surmonter la faiblesse de l’économie ne fonctionnent plus ».

Ainsi, rapporte Louis Gill, The Economist serait lui-même parvenu au point de proposer des « voies de rechange » à l’austérité et de « regretter que de nombreux pays disposant encore d’une capacité d’emprunt se soient abstenus de s’endetter davantage, d’autant plus que les coûts d’emprunt sont à leur plus bas niveau », afin de réinvestir dans des infrastructures.

Louis Gill relève que The Economist aurait même aussi évoqué les possibilités « de recourir au financement des dépenses publiques par l’impression pure et simple d’argent » et de créer grâce à des politiques gouvernementales des « spirales inflationnistes » des salaires, des prix et des avantages sociaux, afin de réduire le poids des dettes publiques et privées.

De plus, un texte du Financial Times serait lui aussi allé jusqu’à déconsidérer l’austérité et à estimer que « la seule façon de surmonter le blocage de l’économie est de s’en remettre à un système de déficits budgétaires permanents financés par les banques centrales ».

Toutefois, avant de s’emballer et de lancer des fleurs, rappelons-nous par précaution, que réinvestir dans des infrastructures peut servir des intérêts particuliers à qui on doit des faveurs, et que les États qui s’endettent peuvent devenir soumis aux institutions financières privées et publiques, à leurs intérêts commerciaux et à leurs agendas idéologiques.

« Le financement monétaire [des États] par les banques centrales a été écarté en faveur du financement obligataire depuis la fin des années 1970, sous prétexte de soumettre les États jugés trop dépensiers à la discipline des marchés financiers », rappelle justement Louis Gill.

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