Les « propriétaires ultimes » des entreprises

2017-04-29
Émission Vocation : leader, Radio-Canada
Extrait

Gérald Fillion — Qu’est-ce qui vous indigne, M. Lassonde, dans la vie?

Pierre Lassonde — Ce qui m’indigne le plus, c’est de voir des gérants de compagnies abuser des actionnaires. Ça, ça m’indigne au plus haut, au plus haut…

GF — Qu’est-ce que vous voulez dire par là?

PL — De voir ce qu’on voit trop fréquemment. Un peu la polémique, maintenant, qu’on a avec Bombardier, vous savez, les salaires. C’est de voir les gérants d’entreprises se payer des millions et des millions de dollars aux dépends des actionnaires. Ils ont pas regard (sic) qui est l’ultime propriétaire de ces compagnies-là. Et ça, ça m’indigne. Vous savez, je vais vous conter une petite histoire. En 1998 — après chaque réunion annuelle de Franco Nevada, on tenait toujours un dîner — et juste avant le dîner, une des serveuses vient me voir et puis elle dit : « M. Lassonde, elle dit, je voudrais vous remercier. » Et, elle avait un accent européen très très fort. Or moi, je pensais qu’elle me disait merci parce qu’elle travaillait ce soir-là. Elle dit, elle dit : « M. Lassonde, elle dit, en 1985, j’ai lu un article dans le Sun… » Vous savez, le tabloid le Sun. « … où ils recommandaient Franco Nevada et j’ai mis toutes mes économies dans le titre. » Ah, mais là, j’avais eu peur. J’ai eu froid, pratiquement. Et puis elle me dit, elle dit : « Le mois passé, grâce à ça, j’ai été capable de m’acheter une maison. »

GF — Wow.

PL — Incroyable.

GF — Hum.

PL — Et ça, c’est les gens pour lesquels vous travaillez. Il faut jamais, jamais l’oublier. Il y a encore trop de chefs d’entreprises qui oublient qui sont les propriétaires ultimes de leurs entreprises.

GF — Les petits actionnaires.

PL — Oui. Oui. Absolument.

***

GF — C’est quoi votre prochaine réalisation.

PL — Bien là, je suis à monter une nouvelle compagnie aurifère. Alors, j’ai parti ça il y a deux ans. Et puis j’ai beaucoup de plaisir à faire ça. Je veux bâtir une autre compagnie. Ensuite, du côté philanthropique, je suis maintenant le président du Conseil national des Arts du Canada. Alors ça, ça me tient occupé un peu. Et avec ça, je suis aussi sur, je siège aussi sur l’Ordre du Canada. Et ça, c’est probablement la plus belle job qu’il y a pas au Canada. C’est de donner, c’est… L’Ordre du Canada c’est tellement extraordinaire. Vous savez, il y a tellement de monde extraordinaire au Canada. C’est probablement la plus belle job qu’il y a pas.

GF — Donc, la retraite pour vous, eh…

PL — Non.

GF — Pas de retraite pour vous?

PL — Non. Non. Ça arrivera pas. J’ai trois seaux. Mon premier seau, c’est les affaires. Alors, un tiers de mon temps. Le deuxième, c’est la philanthropie, un tiers de mon temps. Et le troisième, c’est la famille et les amis, et un tiers de mon temps. Et j’essaie d’avoir une vie balancée. Mais la retraite, d’aller, aller en Floride jouer au golf pendant trois mois. C’est plate.

GF — Avec Donald Trump.

PL — Ah.

GF — Il joue beaucoup au golf depuis qu’il est président.

PL — Oui. Oui oui oui. Bien. Enfin. J’ai des amis qui sont membres de ce club-là, et puis j’y ai été à Noël, et puis il faut passer au travers la sécurité, comme dans les avions et tout. Alors…

GF — Vous aimez votre vie.

PL — Oui.

GF — Vous êtes heureux.

PL — Très. Très.

GF — Parfait.

PL — Sinon, je la changerais.

GF — M. Lassonde, merci beaucoup.

PL — Mais c’est moi qui vous remercie, Gérald. Merci infiniment.

GF — C’était Vocation leader, avec Pierre Lassonde, mécène, philanthrope, entrepreneur. Merci d’avoir été là et à la prochaine.

Source vidéo ››› (Entrevue complète.)

Émission Vocation : leader dans Tou.tv ›››

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