Le MÉDAC cible SNC-Lavalin et Rona

Autrefois axé sur le secteur financier, le groupe de défense des actionnaires élargit encore son champ d’action

5 mars 2014
François Desjardins, Le Devoir


Le groupe de démocratie actionnariale, qui s’est fait connaître notamment pour ses interventions lors des assemblées des grandes banques, vient d’acheter les titres de ces entreprises en suivant des critères comme la protection des sièges sociaux et la diversification de ses secteurs. Photo : Jacques Nadeau

Les assemblées annuelles de Saputo, de SNC-Lavalin, de Cascades, de CGI, de Transat et de Rona accueilleront tôt ou tard un nouveau participant : le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC).

Le groupe de démocratie actionnariale, qui s’est fait connaître notamment pour ses interventions lors des assemblées des grandes banques, vient d’acheter les titres de ces entreprises en suivant des critères comme la protection des sièges sociaux et la diversification de ses secteurs.

Fondé par Yves Michaud en 1995, le MÉDAC possédait jusqu’ici des actions de la Banque Royale, de la Banque TD, de la Scotia, de la Banque CIBC, de la Banque Laurentienne, de Cogeco, des supermarchés Metro, de Bombardier, de l’Industrielle-Alliance, de Jean Coutu, de Power, de Québecor et de Couche-Tard.

« Notre portefeuille d’actions datait de 2010 et certains titres avaient connu un accroissement de valeur », a dit lors d’un entretien au Devoir le président du conseil d’administration du MÉDAC, Daniel Thouin. Le groupe en a profité pour rééquilibrer le portefeuille et « préparer le MÉDAC à d’autres actions auprès de sociétés qui sont présentes au Québec, en particulier celles qui ont un siège social ici et ont un impact important sur l’économie ». (Le portefeuille contient un nombre suffisant d’actions pour avoir le droit de soumettre des propositions.)

Contexte de protection

Le geste du MÉDAC survient dans un contexte où les autorités réglementaires au Québec et ailleurs au Canada se penchent sur les façons d’outiller les conseils d’administration des sociétés pour mieux combattre les offres d’achat hostiles. « C’est un des éléments auxquels nous avons réfléchi », a dit M. Thouin.

« Nous allons prendre le temps d’analyser ces entreprises et lancer un appel à nos membres qui seraient intéressés à faire un suivi pointu afin de nous donner des orientations qui pourront mener à des propositions », a dit M. Thouin.

Baptisé « Association pour la protection des épargnants et investisseurs du Québec » lors de sa création dans les années 90, le mouvement a changé de nom, mais le modus operandi est demeuré le même : soumettre des propositions liées à des enjeux comme la rémunération des dirigeants, la gouvernance des entreprises, l’éthique, la présence féminine aux conseils d’administration, etc.

Le MÉDAC se finance à partir de son bassin de membres, d’activités de formation tarifées et de l’appui financier de certains établissements, comme l’Autorité des marchés financiers (AMF) et le Fonds FTQ. L’AMF verse encore 25 000 $ par année pour le budget de fonctionnement, a dit M. Thouin, mais à ce montant se greffaient autrefois 100 000 $ pour l’activité de formation appelée « Passeport MÉDAC ». Depuis 2011, l’AMF ne verse plus cette somme, qui était puisée dans son Fonds d’éducation et de saine gouvernance.

Le MÉDAC a rappelé la semaine dernière que la saison des assemblées des grandes banques est de retour et qu’il y assisterait pour faire valoir les propositions du groupe. Souvent, ces propositions reçoivent un accueil plutôt froid de la part des directions d’entreprise, qu’elles soient des banques ou non.

Par exemple, une proposition portant sur la possibilité de s’exprimer sur les politiques de rémunération des dirigeants de Couche-Tard a recueilli 14,5 % des votes en 2013. La compagnie avait répondu à la proposition en affirmant qu’elle « restreindrait sa flexibilité et sa capacité de fournir des programmes de rémunération concurrentiels ».

M. Thouin s’est d’ailleurs rendu à Toronto la semaine dernière pour l’assemblée de la Banque Royale. Le groupe souhaite cette année faire adopter une proposition portant sur l’« abandon progressif des options d’achat d’actions comme forme de rémunération ».

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