Les actionnaires américains touchent le jackpot
1er décembre 2012
Agence France-Presse (AFP), Le Devoir
Washington — Les entreprises américaines s’empressent de reverser des dividendes spéciaux considérables à leurs actionnaires, pour leur permettre d’échapper à des hausses d’impôts anticipées pour l’année prochaine, dans le cadre de négociations en cours pour réduire les déficits du pays.
Les supermarchés à bas prix Costco ont annoncé mercredi un dividende spécial de sept dollars par action, soit une enveloppe totale de trois milliards. Avant eux, Brown-Forman, le fabricant du whisky Jack Daniel, a promis quatre dollars de bonus par action, les grands magasins Dillard’s, cinq dollars et l’opérateur de casinos Las Vegas Sands, 2,75 dollars.
La date de paiement tombe à chaque fois avant le 31 décembre. D’autres groupes, comme le numéro un mondial de la distribution Wal-Mart, ont pour leur part avancé le paiement de leur dividende trimestriel de janvier à décembre.
L’opérateur de téléphonie mobile Verizon Wireless compte aussi reverser à ses deux actionnaires, Verizon et Vodafone, leurs 8,5 milliards de dollars de dividendes avant le 31 décembre. Pour l’exercice 2011, ils ne les avaient touchés qu’en janvier.
Le cabinet de conseil Markit dit s’attendre à plus de 120 dividendes spéciaux ce trimestre, contre 31 en moyenne d’ordinaire. Mais il souligne que ce type d’inflation n’est pas inédit : les versements aux actionnaires avaient déjà bondi en décembre 2010, à cause de craintes d’une augmentation des taxes au début de l’année suivante. Elle n’avait finalement pas eu lieu. Cette fois encore, les entreprises anticipent un durcissement début 2013 de la taxation des dividendes et revenus du capital.
Les États-Unis, obligés de réduire leurs déficits, sont sous la menace d’une entrée en vigueur le 2 janvier d’importantes hausses d’impôts automatiques, qui toucheraient tous les ménages même modestes.
Démocrates et républicains tentent toutefois de trouver un compromis plus équilibré pour réduire les déficits.
Et la taxe sur les dividendes, qui avait été réduite en 2003 à 15 % contre un taux maximal jusque là de 39,6 %, est devenue le symbole d’un système fiscal accusé de favoriser les mieux nantis.
Durant la campagne présidentielle, Barack Obama avait attaqué son opposant multimillionnaire Mitt Romney sur le fait qu’il ne payait qu’un taux minimal d’impôts, car beaucoup de ses revenus étaient des dividendes.