Vers une bénéfique montée en puissance des femmes
2012-12-04
Olivier Schmouker, Les Affaires
L’avenir semble sourire aux femmes…
D’ici cinq ans, le revenu des femmes à l’échelle mondiale passera de 13 mille milliards à 18 mille milliards de dollars américains. Cette augmentation de 5 mille milliards représentera près de deux fois la croissance du produit intérieur brut (PIB) prévue de la Chine et l’Inde combinées. Du coup, les femmes peuvent d’ores et déjà être considérées comme « le plus grand marché émergent du monde », à l’image de ce qu’indique une étude d’Ernst & Young intitulée High achievers : Recognizing the power of women to spur business and economic growth.
Autrement dit, l’influence des femmes est appelée à connaître un essor sans précédent dans les années à venir, et ce, à l’échelle de la planète. Un autre chiffre économique est révélateur : en 2028, l’étude s’attend à ce que les femmes aient le contrôle d’en moyenne 75 % des dépenses discrétionnaires, c’est-à-dire des dépenses effectuées par les ménages. Idem, les femmes sont aujourd’hui même à la tête du tiers des entreprises du monde entier, et de la moitié de celles qui sont établies dans des pays aux économies émergentes.
Cela étant, les femmes sont encore tenues loin des leviers de pouvoir. Dans le milieu des affaires, le nombre de femmes qui sont PDG de compagnies figurant dans le palmarès Fortune 500 a certes doublé durant la dernière décennie, mais celles-ci ne représentent en 2012 que 4 % de l’ensemble de ces PDG. Par ailleurs, les femmes n’occupent aujourd’hui que 11,1 % des sièges des conseils d’administration des entreprises établies dans les pays industrialisés, et que 7,2 % de ceux des pays émergents.
Or, cet éloignement du pouvoir est nuisible pour la performance des entreprises. En effet, plusieurs études relevées par Ernst & Young montrent sans ambiguïté tout ce que les entreprises auraient à gagner à confier davantage de responsabilités aux femmes :
• Excellence organisationnelle. Une étude menée auprès de 101 grandes entreprises a montré que celles qui comptaient au moins trois femmes à des postes de haute direction fonctionnaient mieux sur le plan organisationnel que les autres, en particulier en matière de leadership, de comptabilité et d’innovation.
• Profitabilité. Une autre étude menée auprès de 8 compagnies figurant dans le palmarès Fortune 100 a indiqué que plus le conseil d’administration était diversifié (sexe, etc.), plus l’entreprise engrangeait de profits.
• Rendements. Au sein des compagnies apparaissant dans le palmarès Fortune 500, celles qui comptent le plus de femmes au sein du conseil d’administration surclassent celles qui en comptent le moins, si l’on considère le rendement des capitaux propres, le rendement des ventes, ou encore le rendement des investissements.
• Investissement. Il existe une forte corrélation entre le nombre de femmes aux postes de haute direction d’une entreprise et le Q de Tobin de cette dernière, en ce qui concerne quelque 1 500 entreprises américaines étudiées entre 1992 et 2006. Le Q de Tobin? Il s’agit d’une théorie de l’économiste James Tobin, qui définit le ration Q tel que Q est égal à la valeur boursière de l’entreprise sur la valeur de remplacement du capital fixe. Un Q supérieur à 1 signifie que l’entreprise a tout intérêt à investir, car la hausse de la valeur boursière qui s’ensuivra sera supérieure au montant investi.
• Innovation. L’étude d’un millier d’équipes de travail en charge d’innover a montré que celles qui avaient à peu près autant d’hommes que de femmes innovaient plus et mieux que celles qui présentaient un déséquilibre dans le nombre d’hommes et de femmes.