Les Québécois s’y connaissent peu en finances personnelles

9 novembre 2012
Stéphanie Grammond, La Presse

Montréal — Les Québécois sont moins calés en finances personnelles que leurs voisins des autres provinces. La majorité des Québécois avouent ne pas connaître plusieurs notions de base en finances, selon un sondage Pollara publié aujourd’hui (vendredi) par la Banque de Montréal.

La plupart des Québécois savent de quoi l’on parle quand il est question de régime enregistré d’épargne-retraite (74 %). Mais ils sont beaucoup moins nombreux à s’y retrouver lorsqu’il est question d’intérêts composés (46 %) ou de fonds d’investissement (43 %). Pourtant, plus de 70 % des Ontariens maîtrisent ces deux concepts.

« Historiquement, les Québécois avaient une aversion pour l’économie. C’est peut-être ce qui explique cette carence-là », avance Jacques Ménard, président de BMO Groupe financier au Québec et vice-président du Groupe de travail sur la littératie financière mis sur pied par Ottawa.

Le sondage révèle un écart de connaissances considérable entre les Québécois et les Ontariens et les habitants des provinces de l’Ouest (voir tableau) quant aux connaissances sur l’amortissement, la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV), le fonds enregistré de revenu de retraite (FERR), le régime enregistré d’épargne-études (REEE)…

Par contre, l’ensemble des Canadiens est peu informé sur certains sujets plus pointus. Par exemple, à peine le quart des Canadiens sont au courant des fonds négociés en Bourse (FNB), une option d’investissement à frais modiques, ou encore du régime enregistré d’épargne invalidité (REEI), un programme qui permet de recevoir de généreuses subventions gouvernementales.

Confiance excessive

Le sondage démontre aussi que les Canadiens souffrent de confiance excessive. Plus de quatre personnes sur cinq s’accordent la note de passage en matière de littératie financière. Pourtant, moins de la moitié (45 %) sont capables de répondre correctement à trois questions financières de base.

Par exemple, le tiers de ceux qui disent connaître les intérêts composés n’ont pas su répondre correctement à une question à choix multiples mettant leurs connaissances en pratique.

Et parmi les gens qui s’accordent la note « A » en littératie financière, près du quart ne savent pas qu’il faut payer de l’impôt quand on retire de l’argent de son REER ou qu’on peut rembourser son hypothèque plus vite en payant chaque semaine, plutôt que chaque mois.

Vivement un cours!

Beaucoup de Canadiens aimeraient parfaire leurs connaissances financières. C’est encore plus vrai pour les jeunes de moins de 30 ans qui ont les connaissances les plus déficientes en finances personnelles. Neuf jeunes sur dix pensent qu’un cours d’initiation aux finances personnelles les aiderait.

Au Québec, le cours d’économie en 5e secondaire a été éliminé en 2009. Mais dans son dernier budget, Québec a pris des mesures pour mettre au point un nouveau cursus scolaire en finance et en économie, avec un budget de 900 000 $ assumé à parts égales entre le privé et le public.

« L’objectif est de permettre aux jeunes de mieux comprendre le monde économique, de savoir pourquoi ce qui se passe en Grèce a un impact chez nous », dit M. Ménard.

Le projet pilote est mené par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (Cirano), en collaboration avec le ministère de l’Éducation, l’Autorité des marchés financiers (AMF) et Finance Montréal.

« On va non seulement toucher des sujets qui intéressent les jeunes, mais on va le faire avec une approche expérimentale, où le jeu et la simulation sont mis de l’avant avec des outils web très stimulants », expose Camille Beaudoin, directeur de l’éducation financière à l’AMF.

Le projet-pilote devrait être implanté dans quelques écoles en septembre 2013.

Les Québécois connaissent moins les grands concepts de finances personnelles que leurs voisins ontariens

[Québec/Ontario]

Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) : 74 % 86 %

Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) : 61 %/79 %

Certificat de placement garanti (CPG) : 56 %/70 %

Intérêt composé : 46 %/71 %

Fonds d’investissement : 43 %/70 %

Régime enregistré d’épargne-études (REEE) : 47 %/61 %

Sécurité de la vieillesse (SV) : 46 %/61 %

Amortissement : 39 %/62 %

Fonds enregistré de revenu de retraite (FERR) : 42 %/61 %

Régime de réinvestissement des dividendes (RRD) : 22 %/31 %

Fonds négociable en Bourse (FNB) : 22 %/30 %

Régime enregistré d’épargne invalidité (REEI) : 23 %/26 %

Source : Sondage Pollara réalisé auprès de 1000 Canadiens entre le 25 et le 29 octobre 2012 pour le compte de la Banque de Montréal. Pour un échantillon de cette taille, la marge d’erreur est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20, mais elle atteint 6,9 points pour les résultats régionaux.

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